L'oeuvre d'art a-t-elle quelque chose à nous dire ?
Extrait du document
«
L'oeuvre d'art a-t-elle quelque chose à nous dire ?
L'art désignait autrefois aussi bien le travail de l'artisan que la création de l'artiste.
Depuis, ils se sont différenciés par leur fonction : l'artisan produit
un objet d'une utilité définie, tandis que l'artiste crée un objet beau, une œuvre d'art.
La beauté et la contemplation de cette beauté sont donc les finalités de
l'œuvre d'art, mais sont-elles les seules ? Si oui, nous serions en droit d'affirmer qu'une œuvre d'art ne nous apprend rien et n'apporte aucune connaissance,
puisque seule la beauté y est recherchée.
Pourtant, nous savons que cette production est un témoignage conscient, intentionnel de l'artiste.
Son œuvre ne porte-t-elle pas les traces de sa vie et de
son époque, de son âme et de ses aspirations ? En ce sens, une création artistique nous apprend son histoire.
En outre, l'œuvre incite l'homme à la
contemplation, et donc lui apprend à voir le monde différemment et à s'interroger.
Etudions alors la fonction, l'utilité, le but de l'art avant de montrer comment une œuvre témoigne de son histoire et de l'Histoire.
Nous verrons ensuite en
quoi elle peut être un enseignement pour l'homme.
L'art de l'artiste appelé aujourd'hui « beaux-arts », est d'après LA L A NDE « toute production de la beauté par un être conscient ».
L'artiste vise donc
le beau et non pas l'utile.
Son intention semble être la production d'un objet inutile au sens pratique, mais caractéristique du beau, c'est-à-dire reconnu par
tous comme beau.
Le désir d'atteindre ce rang artistique est expliqué son universalité.
Une belle œuvre d'art est universellement belle.
La finalité de l'art
est donc cette beauté artistique universelle, reconnue et indéniable.
Or si la beauté est observable et remarquable, elle n'a pas fonction d'enseignement.
La
beauté d'une œuvre ne nous apprend rien.
Par ailleurs, KA NT considère qu'une œuvre d'art n'a pas de fonction assignable, puisque la beauté ne se base sur aucun concept : « Est beau, ce qui plaît
universellement et sans concept ».
On comprend ainsi que l'œuvre n'aurait pas qu'une unique fonction, celle de plaire, ce qui exclut l'hypothèse qu'un
quelconque enseignement.
Et l'art même ne sert à rien, sinon à plaire.
M algré sa place importante dans toutes cultures, on peut légitimement penser qu'il
n'est pas indispensable ou nécessaire.
Nous pouvons enfin citer l'avis de PLA TON, qui considérait les artistes comme des marchands d'illusions et des imitateurs.
D'après lui, l'art ne serait
qu'une copie de la réalité.
C e point de vue exclut totalement une dimension instructive à l'art, une copie ne pouvant rien apprendre de plus que le modèle
original.
C ependant, le point de vue d e P L A T O N e s t critiquable de part l'incompréhension dont nous faisons preuve face à la création artistique.
Le
processus de création demeure effectivement inexplicable car il nécessite plus que de la technique.
En cela, l'art ne peut être une simple copie.
Il représente de plus un véritable témoignage, largement considérable comme enseignement et non comme illusion.
L'artiste, en tant qu'être de conscience, produit des œuvres avec une intention ou un but plus ou moins conscient.
C e but peut -être exclusivement la
recherche du beau, ou alors tendre vers un désir plus pratique comme témoigner de son temps par exemple.
En d'autres termes, l'artiste peut tenter de faire
passer un message ou de laisser une trace à travers ses créations.
Et bien que le beau soit la finalité principale et dominante d'une œuvre d'art, ce genre
d'intention artistique est non moins fréquent.
M arquer son époque et traverser le temps par ses œuvres est synonyme de postérité.
D'où cette volonté de
faire de ses créations des témoins.
C e témoignage conscient nous renseigne sur l'époque, les mœurs, les évènements.
Notons que l'Histoire s'est construite et est aujourd'hui connue en
partie grâce à l'art et aux œuvres qui ont perduré.
Outre ce témoignage conscient, l'étude d'œuvres peut révéler des informations qui ont échappé à la
conscience de l'artiste : sans en avoir l'intention, il a créé une œuvre portant des traces intéressantes de son temps.
A insi, toute œuvre d'art peut être vue
comme un témoignage et donc avoir une visée instructive, quelque soit sa finalité première.
Nous pouvons également nous pencher sur un témoignage autre qu'historique, le témoignage humain porté par chaque œuvre.
L'art est en effet la
« matérialisation de l'esprit », la manifestation sous forme sensible d'une intention spirituelle.
Pour HEGEL par exemple, l'esprit n'existe que s'il peut
s'exprimer hors de la conscience en s'inscrivant dans un matériau.
C haque œuvre devient alors l'expression sensible de l'esprit de l'artiste, de ce que sa
raison ne parvient pas à exprimer.
De manière analogue, FREUD voit l'art comme la manifestation plus ou moins consciente de préoccupations intimes, et
de ce fait entre dans le principe de sublimation de sa théorie psychanalytique.
L'œuvre d'art est donc marqué par l'histoire, par le temps, mais aussi par
l'esprit de son créateur dont les aspirations se retrouvent dans ses productions.
De tels témoignages font des œuvres des objets instructifs, mais l'enseignement qu'elles offrent est bien plus large.
En effet une création artistique nous apprend à voir le monde autrement.
Car l'art, loin de la vision platonicienne, réinvente et recrée la réalité.
On
pose ici le problème de la représentation : l'art figuratif cherche à représenter le réel.
Mais l'art abstrait, c'est-à-dire non-figuratif, a pourtant le même but,
celui de proposer une autre vision du monde.
D'après BERGSO N, « l'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité ».
Ainsi, toute œuvre invite
l'homme à voir le mode différemment, même lorsque cette œuvre n'est pas une représentation concrète de la réalité.
Inévitablement, cela conduit à se
questionner sur la vérité : ces autres visions du réel représentent-elles la vérité ? Qu'elles soient vraies ou non, ces versions différentes se basent pourtant
sur une réalité identique commune.
L'art nous apprend donc à élargir notre vision des choses.
En nous ouvrant sur le monde, les œuvres d'art nous incitent à réfléchir.
Tout d'abord sur l'absolu, l'universalité, le jugement, la norme.
Ces interrogations
sont principalement amenées par le problème du beau.
Effectivement, l'universalité du beau artistique s'oppose au relativisme de l'agréable.
Le goût est un
jugement associé à la raison, qui est théoriquement universel.
En revanche la sensibilité liée à la perception individuelle de chacun, détermine ce qui nous
plaît personnellement.
L'existence d'une norme du goût paraît indispensable pour assurer l'absolu et l'universalité du jugement.
D'autres réflexions peuvent concerner l'opposition de la nature et de l'art, élément de la culture humaine.
« La beauté naturelle est une chose belle ; la
beauté artistique est une belle représentation d'une chose ».
C ette phrase de KANT introduit cette idée d'opposition entre la nature et la culture, opposition
à laquelle l'art participe en cherchant à représenter la nature.
En outre, l'incompréhensible création artistique est également source de questionnement,
notamment à cause du génie de l'artiste, don divin pour PLA TON et inspiration de la nature pour KANT.
Ce génie s'oppose au rationalisme de la technique,
demeurant mystérieux et inexplicable pour notre raison.
Mais c'est finalement cet aspect attirant de l'art qui en fonde toute son originalité.
Si l'œuvre d'art cherche avant tout à attendre une beauté universelle, elle n'en est pas moins instructive.
Témoin du temps et de l'espace, elle
apprend aux hommes à observer le monde et à s'interroger.
En ce sens l'art a une utilité et est le symbole de la recherche du beau et de la recherche de la
sagesse.
L'œuvre d'art nous apprend donc beaucoup de choses, en nous guidant au-delà de la réalité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'oeuvre d'art nous apporte-t-elle quelque chose ?
- L'oeuvre d'art nous apprend elle quelque chose sur le réel?
- L'oeuvre d'art peut-elle nous apprendre quelque chose ?
- L'oeuvre d'art nous apprend-elle quelque chose ?
- Méthodologie : Exemples d’introduction Une oeuvre d’art dépend-elle de son temps ?