Locke: «L'expérience, c'est là le fondement de toutes nos connaissances...»
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Thème 391
Locke: «L'expérience, c'est là le fondement de toutes nos connaissances...»
PRESENTATION DE L'OUVRAGE "ESSAI SUR L'ENTENDEMENT HUMAIN" DE LOCKE
Avec l'Essai, John Locke (1632-1704) s'impose comme une figure majeure de l'empirisme anglo-saxon.
Loin de se réduire à la
doctrine de la « table rase », cette oeuvre inaugure surtout ce que Kant appellera plus tard le projet critique : réfléchir sur
notre pouvoir de connaître et ses limites pour fixer les conditions de son bon usage.
Car la cible de Locke est moins le
rationalisme que le dogmatisme sous toutes ses formes.
L'Essai invente aussi une nouvelle méthode pour aborder le
problème de la connaissance, en rupture avec l'esprit de système : l'enquête, basée sur la recherche et l'observation.
Aussi
l'oeuvre a-t-elle exercé une énorme influence sur les penseurs des Lumières, qui y trouveront à la fois une défense de la
liberté de penser et une nouvelle manière de philosopher.
Toute connaissance passe d'abord par les sens.
«L'expérience, c'est là le fondement de toutes nos connaissances.» Locke, Essai sur l'entendement humain (1690).
• La théorie empiriste, dont Locke est un des représentants, fait dépendre toute connaissance de l'expérience.
Il n'y a pas,
pour elle, d'idées innées: toutes les idées sont acquises, y compris celles des nombres, à travers des processus plus ou
moins complexes selon qu'il s'agit d'idées simples qui viennent directement des sens, ou d'idées complexes qui nécessitent
une élaboration.
• L'induction est le processus mental qui permet de former une idée générale à partir des multiples données des sens.
Aristote parlait à son sujet d'un regroupement progressif, comme des troupes qui battent en retraite.
• L'empirisme philosophique et scientifique de Locke ne méconnaît pas le rôle de la réflexion rationnelle dans la formation des
idées et des théories, mais il le place en second (ce qui ne veut pas dire qu'il soit secondaire).
Indications générales
John Locke (1632-1704), philosophe anglais, est à la fois un philosophe politique (Traités sur le gouvernement civil (1690), où
Locke défend la tolérance et le libéralisme politique contre les conceptions de Hobbes*), mais aussi un théoricien de la
connaissance (Essai sur l'entendement humain (1690).
Critique de Descartes*, qui défendait l'idée que l'homme a des idées
innées, Locke affirme fortement son empirisme: toute connaissance doit venir de l'expérience du monde extérieur.
Citation
«Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une «table rase», vide de tout caractère, sans aucune
idée quelle qu'elle soit.
Comment vient-elle à recevoir des idées? [...] D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le
fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances? A cela je réponds en un mot, de l'expérience: c'est là le
fondement de toutes nos connaissances et c'est de là qu'elles tirent leur première origine.
» (Essai sur l'entendement
humain, 1690, livre II, § 2.)
Explication
Il n'y a pas pour Locke d'idées innées, qui seraient inscrites dans l'esprit humain à la naissance et qui seraient communes à
tous les hommes.
Les idées simples viennent de l'expérience, et elles sont ensuite comparées et combinées par
l'entendement, qui produit à partir de là des idées complexes.
Par exemple, une idée qui paraît simple, comme la notion de
«substance» (innée pour Descartes), vient en fait de ce que nous percevons des qualités souvent réunies, et que nous
croyons pouvoir en déduire un support commun à ces qualités.
Exemple d'utilisation
Une fois de plus [voir Pascal, Spinoza], Locke est un auteur qui permet de critiquer Descartes, ici sur la question de l'origine
de nos connaissances.
Là où Descartes pose comme un fait l'existence en nous de certaines idées, Locke montre qu'il y a des
processus de formation des idées.
Cela a aussi des conséquences politiques: car, puisque la diversité des cultures nous montre bien, d'après Locke, que les
opinions ne sont pas universelles et qu'elles varient lorsque l'expérience varie, les hommes pourront vivre ensemble, non pas
s'ils partagent tous les mêmes idées, mais à condition que la tolérance leur soit une valeur commune.
SUJET TYPE: Toute idée vient-elle des sens ?
Contresens à ne pas commettre
Il faut bien remarquer que, tout en étant empiriste, Locke ne considère pas l'homme comme une éponge qui absorberait
indifféremment toutes les données qui lui viennent de l'extérieur: la sensation est la première source, qui fournit des idées
simples, mais la réflexion est une seconde source de connaissance à part entière: c'est l'entendement qui produit les idées
complexes de substance, de qualité, de relation de cause à effet, etc.
En ce sens, l'empirisme n'est pas l'opposé du
rationalisme: il en est seulement une autre modalité, qui prête plus d'attention au rôle de l'expérience, mais n'y réduit pas
toute connaissance..
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