LOCKE
Extrait du document
«
Bien compris, le droit consiste moins à restreindre un agent libre et intelligent
qu'à le guider au mieux de ses intérêts et il ne commande qu'en vue du bien
commun de ceux qui lui sont soumis.
S'ils pouvaient vivre plus heureux sans
lui, le droit disparaîtrait de lui-même, comme objet inutile; ce n'est pas
séquestrer quelqu'un que de lui rendre inaccessible les marécages et les
précipices.
Quoiqu'on s'y trompe souvent, le droit n'a pas pour fin d'abolir la
liberté ni de l'entraver, mais de la conserver et de l'accroître.
Les créatures
capables de vie juridique, quelle que soit leur condition, ne sont jamais libres
sans lois.
La liberté consiste à ne subir ni contrainte ni violence, par le fait
d'autrui, ce qui est impossible sans lois; mais elle ne se définit pas, comme on
le prétend, par la liberté pour chacun d'agir à sa guise.
Comment être libre,
alors que n'importe qui peut vous imposer ses caprices? Elle se définit comme
la liberté, pour chacun, de régler et d'ordonner à son idée sa personne, ses
actes, ses possessions et tout ce qui lui appartient, dans le cadre des lois auxquelles il est soumis,
donc, de ne pas dépendre du vouloir arbitraire d'un autre, mais de suivre librement le sien propre.
Introduction
– Le Code de la route interdit un certain nombre de pratiques et d'excès ; pourtant, on ne peut pas véritablement
dire qu'il limite notre liberté de mouvements.
– Toute règle de droit, au moins en théorie, est faite pour régler notre usage de la liberté au niveau collectif, et
non pour la limiter.
– C'est la perspective de Locke dans ce texte, extrait du Traité du gouvernement civil.
I.
L'instauration du droit favorise l'intérêt bien compris
1.
Il indique la voie de la raison
– Expliquer « guider au mieux de ses intérêts » en rapport avec « marécages et précipices »: un enfant ne sait
pas ce qui est bon pour lui, de même que certains adultes déraisonnables; la loi constitue un point de repère,
quelque chose de « droit » dont on tend parfois à s'écarter.
– Donner des exemples: l'alcool, la vitesse, le harcèlement moral ou sexuel, etc.
; suggérer cependant que la loi
elle-même doit être conforme à la raison (légitime), « droite » pour tout jugement rationnel bien conduit, ce qui
n'est pas toujours le cas.
2.
Il ouvre à la perspective du « bien commun »
– Commenter « il ne commande qu'en vue du bien commun de ceux qui lui sont soumis »: il ne s'agit pas en effet
d'obéir aux lois parce qu'elles bénéficieraient à quelqu'un d'autre, fût-il roi ou président de la République – elles
seraient alors une simple contrainte extérieure sans justification rationnelle – ; nous y obéissons parce qu'elles
commandent à tous et permet par là l'exercice de la liberté de chacun, dont tout le monde tire avantage.
– Exemples: l'obligation d'aller à l'école jusqu'à 16 ans, les lois sur la Sécurité sociale, les garanties sur la liberté
d'ex-pression.
– C'est en obéissant d'abord aux lois sans forcément avoir conscience de leur intérêt qu'on s'ouvre ensuite à
l'intérêt commun et à une certaine conception de l'intérêt général, qui dépasse notre intérêt particulier.
3.
II rend possible la recherche du bonheur
– Le droit ne nous rend pas heureux, au sens où il ne fait pas notre bonheur à notre place.
– De plus, toute loi est universelle (elle s'applique à tous) et reste donc générale, alors que le bonheur est une
recherche individuelle, particulière, qu'aucune loi ne peut définir ni prescrire (sauf dans un État totalitaire, où le
parti unique entend décréter ce que doit être le bonheur pour tous).
– Cependant, il nous donne un cadre d'exercice de notre liberté, qui nous permet de rechercher le bonheur dans
un espace public politiquement garanti, équitable et pacifique, contrairement aux périodes de guerre ou de
dictature.
– C'est pourquoi on ne peut pas « vivre plus heureux sans lui ».
II.
Le droit ne limite pas la liberté mais l'accroît, en nous protégeant de l'arbitraire
1.
L'absurdité d'une vie humaine sans lois
– L'absence de toute loi conduit à la multiplication des conflits violents (cf.
Hobbes: « L'homme est un loup pour
l'homme dans l'état de nature », c'est-à-dire abstraction faite des lois et de la société, Du citoyen).
– De plus, cette absence ne permet pas de fournir des règles de conduite à des êtres qui, n'étant pas guidés par
leur instinct, contrairement aux animaux, ont du mal à savoir où est leur intérêt et comment les intérêts
particuliers peuvent se coordonner dans un tout qui est l'État, à vocation universelle.
– Donc aucun équilibre, aucune entente n'est concevable sans lois humaines instituées et le plus raisonnables.
»
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