L'obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ? Spinoza
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Introduction
- La liberté constitue la faculté de déterminer sa volonté indépendamment de toute influence extérieure, notamment
celle venant des sens.
- L'obéissance constitue la soumission à une règle donnée, à partir de laquelle seulement notre action doit trouver
sa norme.
-Il y a ainsi toutes les apparences qu'obéir revient à renoncer à sa liberté, puisqu'ils s'agit alors de soumettre son
action à une règle qui lui est extérieure.
- Or, n'y a-t-il pas certaines modalités de l'obéissance qui, non seulement ne nous font pas renoncer à notre liberté,
mais au contraire la conditionnent ? Et, plus profondément encore, toute obéissance ne s'inscrit-elle pas elle-même
sur un horizon irréductible de la condition libre de l'homme ?
I.
L'obéissance constitue le moyen essentiel d'atteindre à l'autonomie, tant à l'échelle de l'individu qu'à
celle de la cité (Platon).
- Théorie de l'âme, livre IV de la République : le tout de l'âme peut atteindre son autonomie si les parties inférieures
qui la constituent acceptent de se soumettre à la partie supérieure, à savoir à la partie intellective ou rationnelle.
Par exemple, la partie appétitive doit se soumettre à la partie intellective de l'âme, pour que soit possible une action
harmonieuse de l'individu.
A : Depuis l'Antiquité les passions ont fait l'objet de multiples réflexions.
Platon considère dans le Timéé 69c-71e que
les passions sont des phénomènes psychiques puisqu'elles sont issues de la partie inférieure de l'âme que Platon
appelle l'épithumia.
Selon Platon, l'âme est divisée trois parties : la partie rationnelle qui contrôle les autres s'appelle
le noûs, la partie irascible s'appelle le thumos, et enfin la partie désirante s'appelle l'épithumia.
Ce que montre le
Timée, c'est que les passions appartiennent à la partie désirante de l'âme et qu'elles sont par conséquent en leur
essence irrationnelles.
Or l'irrationalité chez Platon est synonyme de désordre, de dysharmonie, de vice.
Par
conséquent les passions ne doivent pas être au fondement de notre conduite sous peine de nous procurer les pires
maux.
B : Dans la République IX 572a-575d, Platon montre les conséquences désastreuses d'une conduite passionnel.
Le
modèle de cette conduite est incarné par le tyran qui ordonne la totalité de son existence à la satisfaction de tous
ses désirs.
Le tyran est celui qui fait valoir la puissance du désir mais aussi le désir de puissance.
Une telle conduite
est néfaste pour toute cité car elle entraîne le désordre, le mépris et la haine.
En effet, le tyran n'hésitera pas à
piller ses semblables pour parvenir à ses fins.
La conduite passionnel est contraire à toute politique dont le but est
d'instaurer l'ordre, l'harmonie au sein d'une cité par l'intermédiaire des lois , afin de réaliser la cité juste.
-Livre IX des Lois : les lois de la cité instaurent une hiérarchie entre ce qui est favorable à l'intérêt commun, et ce
qui est favorable aux intérêts personnels.
Ces derniers constituent un élément de désunion sociale (c'est la le
danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément unificateur.
Obéir aux lois, c'est donc obéir à ce qui est favorable à la communauté, c'est donc contribuer à faire de la cité un
organisme politique autonome, donc libre.
II.
L'obéissance est liberté, s'il s'agit d'obéir à sa propre loi morale (Kant).
- L'homme est un être libre en ce qu'il obéit à ses propres lois : c'est l'autonomie.
La liberté, c'est ainsi la
détermination de la volonté par la forme de la loi morale, celle de l'impératif catégorique, qui constitue la forme pure
du devoir.
Etre libre, c'est obéir à la loi donnée par la forme de la raison pure (en tant que non dérivée de
l'expérience) pratique (en tant qu'elle sert ici à un usage moral, et non théorique).
Etre libre, c'est obéir à la forme
légale de sa raison pure pratique..
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