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L'INNÉ ET L'ACQUIS ?

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« Interaction de l'inné et de l'acquis Si l'homme en naissant est comme une « cire vierge », tout vient de la culture qui informe et imprime cette cire vierge.

Les différences entre les hommes sont dues uniquement au milieu dans lequel chacun baigne.

Tout est acquis.

En revanche, si tout est déjà inscrit dans les gènes, les différences sont innées (nées avec l'individu), inhérentes à l'être.

Il faut les accepter comme telles — (le nazisme a justifié de cette façon le culte aryen de « l'Übermensch »). Les structures nerveuses Si ces deux positions extrêmes sont insoutenables, on ne peut nier aujourd'hui l'interaction des deux : les structures nerveuses soustendent les performances mentales. « Ce qui paraît le plus vraisemblable c'est que, pour toute une série d'aptitudes mentales, le programme génétique met en place ce qu'on pourrait appeler des structures d'accueil qui permettent à l'enfant de réagir à son milieu, de repérer des régularités, de les mémoriser, puis de combiner les éléments en assemblages nouveaux.

» « Attribuer une fraction des structures finales à l'hérédité et le reste au milieu n'a pas de sens.

Pas plus que de demander si le goût de Roméo pour Juliette est d'origine génétique ou culturelle » (F.

Jacob, Sexualité et diversité humaine). L'inné et l'acquis sont inséparables et se combinent pour former l'homme. Le primat de la Société Pourquoi a-t-on jusqu'à présent séparé nature et culture? Pour deux raisons dit S.

Moscovici : « Définir l'autre comme objet, conserve le primat de l'individu.

D'une part, pour une collectivité particulière ceci revient à justifier la soumission, l'exclusion, voire la destruction d'une collectivité différente.

(..) D'autre part, aux yeux des savants, la séparation permet de concevoir la société comme une réalité seconde, dérivée, propre à pallier la rareté et les déficiences de la nature, ou à canaliser son énergie débordante à travers les pulsions et les instincts.

» En ce dernier point, Freud, dans Malaise dans la civilisation, démontre bien le conflit insoluble de l'homme — être de désir, être de plaisir — et de la société où règne nécessairement le principe de réalité. Si la civilisation impose d'aussi lourds sacrifices, non seulement à la sexualité mais encore à l'agressivité, nous comprenons mieux qu'il soit si difficile à l'homme d'y trouver son bonheur.

En ce sens, l'homme primitif avait en fait la part belle puisqu'il ne connaissait aucune restriction à ses instincts.

En revanche, sa certitude de jouir longtemps d'un tel bonheur était très minime.

L'homme civilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible contre une part de sécurité.

[...] Si nous reprochons à juste titre à notre civilisation actuelle de réaliser aussi insuffisamment un ordre vital propre à nous rendre heureux, [...] nous nous familiariserons peut-être avec cette idée que certaines difficultés existantes sont intimement liées à son essence et ne sauraient céder à aucune tentative de réforme. Dans notre civilisation, la sociabilité exige que chacun s'efforce de limiter ses pulsions, notamment sexuelles et agressives, pour que la sécurité de tous soit garantie.

Dans les sociétés primitives au contraire, certains individus, les chefs, jouissaient d'une liberté pulsionnelle sans limites, et par conséquent de moins de sécurité. Problématique La vie dans nos sociétés modernes place l'individu dans une situation contradictoire.

D'un côté elle lui promet la satisfaction de ses besoins, grâce à la production de biens de consommation, grâce aux techniques, mais de l'autre elle impose des limitations à ses pulsions.

Dans cette perspective, l'exigence de bonheur paraît impossible à satisfaire. Enjeux L'homme a-t-il perdu la possibilité de vivre selon ses pulsions primitives en quittant l'état de nature ? La société moderne offre de nombreuses occasions ou de nombreux dérivatifs à la sexualité, à l'agressivité.

On peut cependant se demander si la société est bien faite pour l'homme, pour le libre déploiement de l'individu.

Freud condamne-t-il alors toutes les utopies ? L'individu face au collectif est toujours perdant. Donc la société n'est pas une réalité seconde, tombée du ciel, mais bien « une réalité positive et primaire, analogue à la matière, à l'atome, etc.

» (S.

Moscovici, Pour une anthropologie fondamentale). Mais attention Comprendre qu'il n'y a pas de coupure radicale entre la nature et la culture n'est pas confondre nature et culture. Comprendre signifie que l'homme tient une place dans l'univers mais qu'il n'est pas le seul.

Il doit prendre conscience des autres espèces et les respecter. Confondre implique l'ethnocentrisme, donc le racisme.

Confondre nature et culture c'est cautionner la violence. La séparation illusoire « Nous étions heureux : il y avait d'un côté l'animal et la nature, de l'autre côté l'homme et la société, » écrit Serge Moscovici.

Mais si la société se définit par l'organisation, n'y a-t-il pas aussi organisation chez les animaux? Ne parle-t-on pas de sociétés animales, donc d'organisation? Les grands singes, les dauphins, apprennent, inventent. « La coupure effective de la société vis-à-vis de la nature est une illusion.

(..) Toutes les fois que l'on est allé regarder de plus près ces "natures", on a découvert une société.

». »

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