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L'injustice provient-elle de la nature humaine ?

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« Vous pouvez partir ici d'un constat simple : toutes les sociétés humaines ont vu fleurir des inégalités et donc ce qui ne peut manquer d'apparaître comme des injustices comme si celles-ci étaient nécessaires.

Si on voit l'instauration d'un tiers comme un Etat par exemple, comme nécessaire pour traiter l'injustice c'est bien, semble-t-il, parce que spontanément les hommes ne sont pas justes.

En effet, toute justice semble supposer l'existence d'un tiers, d'une troisième personne, d'un juge impartial pour régler les oppositions.

Si les hommes sont livrés à eux-mêmes, ils ne recherchent que leurs propres intérêts.

Il s'agirait donc de montrer que par nature, les hommes sont animés par des intérêts propres qui peuvent les conduire à user de leurs forces pour obtenir ce qu'ils souhaitent.

C'est ce que montre Hobbes lorsqu'il décrit l'état de nature comme un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun.

Vous pouvez également penser au texte de l'anneau de Gygès au livre 1 de la République de Platon.

Ce mythe qui raconte que chacun commettrait des injustice s'il pouvait le faire impunément tend ainsi à montrer que personne n'est juste volontairement.

Vous pouvez lire attentivement les réponses de Socrate qui va reconnaître que la justice passe par l'éducation des citoyens et l'organisation de la cité.

A l'idée selon laquelle les hommes sont naturellement injustes, vous pouvez opposer les thèses de Rousseau qui montre comment à l'état de nature, l'homme n'est pas encore perverti par la société.

S'opposent alors deux thèses, l'une qui tend à penser que l'homme est naturellement injuste et l'autre qu'il est naturellement juste.

Toutefois, quel sens y a-t-il de parler de justice ou d'injustice en dehors de la vie en société ? En effet, se demander si c'est dans la nature humaine qu'il faut rechercher l'origine de l'injustice, c'est se demander si l'homme est naturellement juste ou injuste.

Comment trancher ? Peut-être faut-il se demander si la question de la justice ne se pose pas quand les hommes ne sont plus déjà à l'état de nature et qu'ils vivent en commun ? A quelles conditions peut-on alors parler de justice et d'injustice ? [Les hommes sont, par nature, injustes car naturellement égoïstes.

L'injustice est inhérente à la nature humaine.] L'homme est un loup pour l'homme "Premièrement si nous considérons combien il y a peu de différence entre la force et la sagesse des hommes faits et avec quelle facilité le moindre, soit qu'il le soit en esprit ou en force, ou en toutes ces deux choses, peut entièrement abattre et détruire les puissants, puisqu'il ne faut pas beaucoup de force pour ôter la vie à un homme: de là nous pouvons conclure que les hommes, considérés dans l'état de nature, doivent s'estimer égaux et quiconque ne demande point davantage que cette égalité doit passer pour un homme modéré [...] D'ailleurs, puisque nous voyons que les hommes sont portés par leurs passions naturelles à se choquer les uns les autres, chacun ayant bonne opinion de soi, et ne voulant pas voir ce qu'un autre a de bon, il s'ensuit de toute nécessité qu'ils doivent s'attaquer les uns les autres par des paroles injurieuses ou par quelque autre signe de mépris et de haine, laquelle est inséparable de toute comparaison, jusqu'à ce qu'à la fin ils en viennent aux mains pour terminer leur différend, et savoir qui sera le maître par les forces du corps. Davantage, considérant que les appétits et les désirs de plusieurs hommes les portent tous à vouloir et à souhaiter une même fin, laquelle quelquefois ne peut être ni possédée en commun ni divisée, il s'ensuit que le plus fort en jouira tout seul, et qu'il faudra décider par le combat qui sera le plus fort.

Ainsi la plus grande partie des hommes, sans aucune assurance d'avoir le dessus, néanmoins soit par vanité, soit par des comparaisons, soit par passion, attaque ceux qui sans cela seraient contents d'être dans l'égalité de nature [...] Nous voyons donc qu'à cette inclination naturelle qu'un chacun a d'offenser un autre, on doit encore ajouter le droit d'un chacun sur toutes choses, lequel fait qu'un homme attaque avec le même droit avec lequel un autre lui résiste, et que par ce moyen les hommes vivent dans une perpétuelle méfiance, tâchant de se prévenir et de se surprendre.

L'état des hommes dans cette liberté naturelle est l'état de guerre: car la guerre n'est autre chose que le temps dans lequel la volonté et l'effort d'attaquer et de résister par force est par paroles ou par actions suffisamment déclaré.

Le temps qui n'est pas la guerre, c'est ce qu'on appelle la paix.” Hobbes, "Du corps politique”. Ce texte se situe à l'opposé, par exemple, de la thèse des stoïciens.

En effet, pour Cicéron, les conflits interindividuels exigeaient le retour aux principes d'une concorde inscrite dans la nature des choses.

En revanche, pour Hobbes, la guerre des hommes à l'état de nature provoque le recours à cet artifice pacifiant qu'est L'Etat.

Dans un premier temps, Hobbes mous montre comment, dans l'état de nature où les hommes. »

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