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Linguistique et sémiotique

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« La naissance de la linguistique • À partir du XIXe siècle, plutôt que de s'interroger sur l'origine du langage, on se demande comment fonctionnent les langues : ainsi naît la linguistique qui se cantonne dans le seul champ des expressions linguistiques existantes.

Pour elle, la première fonction du langage est sociale et concerne la communication entre les individus. • Pour Saussure, le langage est un système de signes exprimant des idées et dont on doit analyser les relations.

Un signe, association d'un signifiant et d'un signifié, est arbitraire (rien, dans la nature du signifiant, ne commande son lien avec le signifié) et conventionnel (le signe n'a rien de naturel). La double articulation du langage • – – • Martinet met en évidence une double articulation du langage qui s'analyse : en monèmes, « unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique ».

A insi, dans la phrase : j '/ai/ mal/ à/ la/ tête/, il y a six monèmes ; en phonèmes, unités strictement phoniques constituant l'articulation des monèmes.

A insi, dans le mot: m/a/l/, il y a trois phonèmes. Le langage s'articule grâce à la superposition des monèmes et des phonèmes. C 'est Saussure qui le premier définit rigoureusement le concept de langue dans ses « Cours de linguistique générale ».

A près avoir indiqué que la langue est à la fois le résultat de l'aptitude au langage et « un ensemble de conventions nécessaires, adaptées par le corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les individus », Saussure le définit comme un système de signes.

Et il définit, à son tour, le signe comme « le total résultant de l'association d'un signifiant et d'un signifié », c'est-à-dire d'une « image acoustique » et d'un « concept ».

Par exemple : le mot « soeur » est un signe appartenant à la langue dite le « français ».

Lorsque ce signe est prononcé devant un sujet parlant le français, ce dernier perçoit la succession de sons « sô-R », c'est-à-dire un ensemble sonore, et à cette perception s'associe immédiatement un concept l'idée de soeur. L'ensemble sonore ou « image acoustique » constitue le signifiant, le concept lié nécessairement à un signifiant constitue le signifié.

Le signe unit donc non pas une chose et un nom mais un concept et une image acoustique.

Il va de soi que le lien unissant le signifiant au signifié est « arbitraire « .

A preuve, nous dit Saussure, « les différences entre les langues et l'existence même de langues différentes : le signifié « boeuf » a pour signifiant « b-ô-f » d'un côté de la frontière et « o-k-s » (ochs) de l'autre ». Mais si la langue est un système de signes exprimant des idées, « elle est, par là, comparable à l'écriture, à l'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc.

», donc à n'importe quel autre système de signes ou de signaux. « Le rôle caractéristique de la langue vis-à-vis de la pensée n'est pas de créer un moyen phonique matériel pour l'expression des idées, mais de servir d'intermédiaire entre la pensée et le son, dans des conditions telles que leur union aboutit nécessairement à des délimitations réciproques d'unités. La pensée, chaotique de sa nature, est forcée de se préciser en se décomposant.

Il n'y a donc ni matérialisation des pensées, ni spiritualisation des sons, mais il s'agit de ce fait en quelque sorte mystérieux, que la « pensée-son » implique des divisions et que la langue élabore ses unités en se constituant entre deux masses amorphes.

Qu'on se représente l'air en contact avec une nappe d'eau: si la pression atmosphérique change, la surface de l'eau se décompose en une série de divisions, c'est-à-dire de vagues ; ce sont ces ondulations qui donneront une idées de l'union, et pour ainsi dire de l'accouplement de la pensée avec la matière phonique [...] La langue est encore comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso ; on ne peut découper le recto sans découper en même temps le verso ; de même dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son ; on n'y arriverait que par une abstraction dont le résultat serait de faire de la psychologie pure ou de la phonologie pure.

» Saussure, « Cours de linguistique ». L'analyse de Saussure s'inscrit en droite ligne dans la tradition inaugurée par Hegel (« V ouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée [...] Le mot donne à la pensée son existence la plus haute est la plus vraie »). Dans la forme, on notera le recours à des métaphores éclairantes : une masse d'eau et sa surface sont rigoureusement inséparables, comme le recto et le verso d'une feuille de papier.

Il s'agit de mettre en évidente le caractère tout aussi indissociable des deux composantes du langage oral articulé ; l'ordre des sons (ou du « signifiant ») et celui des idées véhiculées par les mots (ou du « signifié »). C 'est le constat, de l'impossible séparation entre les mots et les idées, qui conduit Saussure à décrire la langue comme une réalité dans laquelle « on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son ».

Une langue n'est donc pas une collection d'étiquettes sonores ou graphiques servant à la désignation des choses, mais un système de signes « à deux faces ».

Pour bien marquer l'absolue complémentarité de ces deux faces, Saussure proposa de nommer signifié la représentation mentale à laquelle renvoie le signe, et signifiant l'image phonique ou graphique associée à chacune de ces représentations (ou concepts).

P ar exemple lorsque nous prononçons, entendons, lisons ou écrivons le mot « chien », nous faisons en quelque sorte deux choses à la fois : nous pensons à son « signifié » (mammifères quadrupèdes, couvert de poil, qui aboie, etc.), et nous lui adjoignons immédiatement le « signifiant » qui donne à cette représentation une existence matérielle (les sons ou syllabe « ch-i-en »). Il revient à Martinet d'avoir introduit un critère supplémentaire permettant de distinguer la langue des autres systèmes de signes ou signaux.

C e critères est celui de la double articulation : la langue est un système de signes doublement articulés en unités significatives (les « monèmes ») et en unités distinctives (les « phonèmes »).

A insi, la phrase : « Pierre boit de la bière » comprend cinq monèmes que la graphie se trouve ici parfaitement isoler par des espaces.

« Pierre » & « Bière » se différencient par les phonèmes « p » (son sourd et « b » (son sonore).

Cette double articulation permet une économie et une faculté d'adaptation à chaque situation. C haque langue dispose d'un système propre de monèmes et de phonèmes.

P ar exemple, dans la langue française, nous avons sept mots ou monèmes pour désigner les sept couleur du spectre solaire.

Le gallois n'a qu'un seul monèmes ou mot pour toute la portion du spectre comprenant le bleu, le vert et le jaune.

Le gallois n'a donc qu'un seul monème là où le français en a trois.

Ces diversités linguistiques sont conventionnelles et il n'y a pas, pour chaque langue, autant de monèmes que d' « objets » distincts. La naissance de la sémiotique • Saussure, au départ, considérait que la linguistique serait la partie privilégiée d'une «science qui étudierait la vie des signes au sein de la vie sociale » et qu'il appellerait la sémiologie. • Peirce reprend cette démarche mais l'appelle la sémiotique, science de tous les signes non linguistiques : rituels, codes de politesse, modes vestimentaires, types d'habitats, symbolique des échanges...

La sémiotique cherche à comprendre en quoi consistent ces signes et quelles lois les régissent.. »

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