L'infinie liberté
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
Infini:
Du latin infinitus, « sans limites », « indéterminé » (de finis, « borne », « limite », «terme»).
a) Adjectif : caractère de ce qui est sans limites.
b) Nom : ce qui est ou paraît être sans bornes, sans limites.
c) En
métaphysique (avec une majuscule), Dieu.
Bergson : l'acte libre, expression de la totalité de la vie
• Bergson, dans son Essai sur les données immédiates de la conscience,
définissait ainsi la liberté du sujet : « Nous sommes libres quand nos actes
émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec
elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et
l'artiste » (Cf.
commentaire ci-joint).
• L'acte libre, chez Bergson n'est donc pas un acte lucidement délibéré, une
rationalisation délibérative : c'est plutôt celui qui jaillit des « profondeurs » de
l'être, du "moi profond" ; c'est celui où, cherchant à savoir après coup pourquoi
nous nous sommes décidés, «nous trouvons que nous nous sommes décidés
sans raison, peut-être même contre toute raison ».
• Une telle liberté s'apparente à la pulsion vitale, au pur être, à la force qui va,
sans savoir où.
« Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité
entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable
ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste.
En vain on
alléguera que nous cédons alors à l'influence toute-puissante de notre
caractère.
Notre caractère, c'est encore nous ; et parce qu'on s'est plu à scinder la personne en deux
parties pour considérer tour à tour, par un effort d'abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il
y aurait quelque puérilité à conclure que l'un des deux moi pèse sur l'autre.
Le même reproche s'adressera
à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère.
Certes, notre caractère se
modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient
se greffer sur notre moi et non pas se fondre sur lui.
Mais dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que
le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre et que nous nous le sommes approprié.
En un
mot, si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l'acte qui porte la
marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendique la paternité.»
BERGSON.
[Introduction]
La liberté est certainement l'un des concepts sur lesquels les philosophes ont élaboré le plus grand nombre de
thèses, car le terme évoque des domaines différents (liberté individuelle, politique, morale, métaphysique), dans
lesquels des interprétations multiples ont pu être proposées.
Dans ce texte, Bergson propose une approche qui
pourrait être, en un sens, la plus simple : il y a liberté lorsqu'il y a, dans le comportement, expression de la
personnalité entière d'un sujet.
[I – La liberté comme expression de la personnalité]
Cette définition est affirmée au début du texte, et elle est précisée par le biais d'une comparaison comme les
affectionne Bergson : évocation dont il n'est pas certain qu'elle clarifie les choses, mais qui donne au concept un
certain tremblé et une résonance particulière.
Considérer en effet que nos actes sont libres lorsqu'ils ont avec notre
personnalité « cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste », c'est signaler
l'existence d'un phénomène en lui-même bien énigmatique, dès lors que la ressemblance est qualifiée d'indéfinissable
!
Ce caractère indéfinissable n'est pas cependant un défaut : il correspond au contraire à ce qu'il peut y avoir de
mystérieux en effet dans le sentiment que nous avons de notre propre liberté.
Sentiment qui en lui-même est
toujours imprécis, diffus, et qui ne peut aboutir qu'à un repérage dont la conceptualité n'est pas la qualité principale
: que signifient exactement des actes « émanant » de la personnalité ou l'" exprimant » ? Comment la personnalité
est-elle ainsi « traduite » en acte ? On a du mal à le savoir..
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