L'inconscient permet-il, autant que la conscience, de définir l'homme ?
Extrait du document
«
Problématique:
Ce sujet vous interroge sur la possibilité de délimiter et caractériser la nature humaine, possibilité qui constitue
le véritable problème soulevé par la question posée.
L'ensemble, en partie au moins inconnaissable, des faits
psychiques qui échappent à la conscience (l'inconscient) permet-il d'atteindre les caractères essentiels de la
nature humaine, et ce de manière aussi efficace et complète que peut le faire la capacité que possède l'homme
de se connaître lui-même, de saisir intuitivement, de façon plus ou moins claire, ses états psychiques (la
conscience) ?
Conseils pratiques:
Cet intitulé s'appuie sur des connaissances tout à fait classiques acquises durant votre année scolaire;
néanmoins, attention: c'est le terme de liaison "autant", en apparence tout à fait anodin, qui va jouer le rôle
de pivot du raisonnement général dans ce devoir.
Par ailleurs, c'est par rapport à leur capacité de définir la
nature humaine de l'homme que conscience et inconscient doivent être analysés.
Gare au hors-sujet où vous
mènerait directement une récitation sans discernement de votre cours sur la conscience et l'inconscient.
Vous
noterez le paradoxe qui consiste à vouloir atteindre la nature humaine à travers un ensemble qui se dissimule à
la connaissance.
[C'est parce qu'il a une conscience que l'homme a aussi
un inconscient.
Si l'animalité peut se définir par l'absence de
conscience, l'homme se définit par le fait que sa conscience
est en grande partie déterminée par l'inconscient.]
Pour définir l'homme, il faut nécessairement se référer à l'inconscient
Comme l'a montré Freud, l'inconscient détermine la plus grande partie de notre vie psychique.
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens
s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.
Il y aurait en
nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous
n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..
Pour le dire
brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses
actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi
(c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il
ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître
de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à
l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je
déclare la séance ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses
sentiments ; il préférerait ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister
au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la
politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement
en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et
qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit,
au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux
normes morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre
exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président,
parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que
« sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut
pas être là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que
j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement
identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré
par le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de
deux forces..
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