L'inconscient parle en nous. Que faut-il penser de cette expression ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
EXPRESSION (n.
f.) 1.
— Représentation correspondant de manière analogique à ce qu'elle représente ; la
projection plane d'un solide en est l'expression (LEIBNIZ).
2.
— Attitudes, gestes liés à un état psycho.
:
expressions du visage, expression corporelle.
3.
— (Lato) Auj., SYN.
de phrase, suite de symboles formant un sens,
notation, manière de parler.
4.
— (Ling.) Partie de la signification d'une phrase se rapportant au sujet qui l'énonce
(chez RUSSELL, opposée à indication).
Cf.
JAKOBSON : fonction expressive ou émotive du langage.
INCONSCIENT
Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ».
a) Adjectif : ce qui est dépourvu de conscience.
b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.
les
« petites perceptions » de Leibniz).
Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques
(pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.
c)
Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts
fondamentaux de l'homme.
• La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes
manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.
• Certains philosophes nient
l'existence de l'inconscient.
Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos
instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi.
COMPRÉHENSION ET ANALYSE DU SUJET
• Sens des termes du sujet
L'inconscient : Terme freudien.
L'inconscient est une distance ou un «système» de l'appareil psychique doté de
caractéristiques propres et distinguable fonctionnellement de ses co-systèmes (conscient, pré-conscient).
Il est
constitué de contenus refoulés (représentations psychiques de pulsions).
Le travail inconscient se manifeste par le
retour du refoulé par lequel le contenu cherche à faire retour (symptômes, rêves, actes manqués).
Parler : La parole est la production verbale d'un sujet.
Celui qui parle a généralement conscience qu'il parle.
Il
s'adresse à un ou des interlocuteurs.
Il signifie quelque chose, il communique, il délivre un message.
Pour que je
comprenne les paroles d'autrui, il faut évidemment que son vocabulaire et sa syntaxe soient déjà connus de moi.
• Sens de l'expression : «L'inconscient parle en nous»: Cette expression signifie qu'il y a en nous une instance
(l'inconscient) dont nous ignorons tout qui est productrice de sens.
Les symptômes névrotiques, les rêves, les actes
manqués ont un sens.
Ils sont des expressions fictives de «représentations» de pulsions et de désirs refoulés.
Mais
ce sens échappe au sujet.
Le névrosé ignore le sens de ses symptômes, le rêveur celui de ses rêves...
L'inconscient
parle donc en nous d'une manière chiffrée.
Seule l'interprétation analytique permet de découvrir le sens du discours
de l'inconscient.
D'où la nécessité d'une méthode (technique des associations libres), d'une connaissance des
mécanismes qui régissent les phénomènes inconscients (déplacement, condensation) ou encore du langage onirique,
du «vocabulaire» du rêve, de sa syntaxe...
• Sens de la question posée:
La question posée n'est pas : «L'inconscient parle-t-il en nous?» mais «Que faut-il penser de cette expression :
L'inconscient parle en nous ?» Autrement dit, cette expression a-t-elle un sens ? et si oui, lequel ? Est-ce à dire que
l'inconscient est un «autre moi» ? Et s'il possède un langage, y a-t-il en lui un signifié, un message à communiquer
et à délivrer ? Le discours qu'il tient est-il verbal ? L'inconscient pense-t-il ce qu'il dit ? pense-t-il comme un «je» ?
MISE EN PLACE DE LA PROBLÉMATIQUE
Ici on est en présence de deux thèses également démontrables : celle qui affirme que l'expression : «l'inconscient
parle en nous» a un sens et que ce sens est celui que lui donne Freud et surtout Lacan et celle opposée qui affirme
que cette expression n'a pas de sens.
Cette dernière thèse présuppose soit que l'inconscient n'est que du
mécanisme naturel (les symptômes, les lapsus, les actes manqués, le rêve n'ont donc pas de sens), soit que
l'inconscient ne vient à l'être que par l'interprétation (le sens que révèle l'interprétation ne lui préexiste pas mais
s'engendre par elle).
RECHERCHE DES IDÉES, DES RÉFÉRENCES
Ce sujet se rapporte à deux notions du programme de philosophie : l'inconscient et le langage.
Il ne peut être traité
sans une connaissance assez précise de la théorie freudienne et de l'interprétation qu'en a donnée Lacan.
Il y a
chez Freud des analyses fines des rapports entre l'hystérie de conversion et le langage, de nombreuses
considérations sur le langage onirique, sur la rhétorique de l'inconscient.
En s'appuyant sur les écrits de Freud, le
psychanalyste contemporain Lacan s'est efforcé de montrer que l'inconscient était structuré comme un langage.
L'expression «l'inconscient parle en nous» est sans doute plus lacanienne que freudienne.
Le candidat doit aussi
s'interroger sur ce que parler veut dire.
Du cours, il convient d'utiliser les matériaux provenant des chapitres intitulés : «Les preuves de l'inconscient»,
«L'inconscient, mythe ou réalité».
On se reportera aussi utilement à l'analyse de l'oeuvre de Freud sur le rêve et son.
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