l'inconscient
Publié le 19/05/2024
Extrait du document
«
L’inconscient
Nous avons démontré que la conscience définit essentiellement l’homme en droit, mais pas en
fait.
Dans les faits, elle demeure accidentelle, car on observe qu’elle n’est pas constante chez un
même individu, et entre individus de la même espèce, voire d’espèces différentes.
Elle est
susceptible de degrés variés.
On est plus ou moins présent ou perceptif aux choses ou pensées.
Mais aussi, elle est susceptible de saut.
A ce propos, l’expression « prendre conscience » est
problématique, car elle sous-entend qu’il existe un fond à partir duquel la conscience apparaît.
Comment est-ce possible? Comment passe-t-on de l’absence de conscience à la
conscience ?
Deux réponses classiques possibles:
1.- soit ce qui se manifeste ne relève pas de la conscience, mais du corps.
L’esprit prend
conscience des différentes actions du corps en y appliquant son attention.
Le problème n’est pas
psychologique, mais d’abord physiologique (ou corporel).
Ce n’est pas l’esprit qui est privé
de conscience, mais le corps qui agirait en toute indépendance de l’esprit (réflexe conditionné,
mouvements musculaires involontaires, passions ou émotions).
L’in-conscience, c’est ce qui
relève du corps et des lois de la physique et mécanique.
Ici, l’esprit prend conscience des
manifestations corps dont il n’est pas la cause, il est passif.
2.- soit ce qui se manifeste relève d’une défaillance cognitive (qui relève de la connaissance):
on savait puis on a oublié qu’on le savait.
Deux causes possibles de cette perte:
soit un problème de la mémoire :
- on a oublié de retenir, cela nous a échappé, on ne l’a pas enregistré.
C’est un problème lié à
notre capacité à retenir les nombreuses perceptions, variables en fonction des individus.
- soit par manque d’attention.
Notre esprit ne s’est pas focalisé continument sur l’objet, mais il
a quand été mémorisé ou aperçu par la pensée.
Des détails nous ont échappé.
Manque de
concentration ou de volonté de l’esprit, liée souvent à l’habitude (Bergson).
interprétation freudienne:
-3.
par le conflit de la conscience avec elle-même: la conscience refuse d’être consciente.
Càd
que le manque de mémoire et d’attention est volontaire.
d’où trois types de réponse: médicale, psychologique, et psychanalytique.
dans les deux premiers: l’inconscience = privation de conscience.
dans la psychanalyse, la conscience suppose un inconscient caché.
Ce n’est pas une privation
de conscience mais un refus de conscience: ce que la conscience a sciemment décidée
d’ignorer.
Qu’est-ce que l’inconscient freudien?
I.
La découverte des troubles psychiques: les névroses.
1.1.
Comment expliquer la folie hystérique?
Sur Freud:
- Il n’est pas philosophe.
Mais sa découverte ou invention de l’inconscient a des répercussions
sur la définition de la conscience et du sujet, qui sont des objets d’étude de la philosophie.
Donc
le but n’est pas d’apprendre en détail ce qu’est l’inconscient freudien, mais ce que Freud apporte
de nouveau dans la définition de la conscience et de la définition de l’homme.
- C’est un médecin au départ: visée thérapeutique et non de connaissance ou philosophique.
Puis il se spécialiste en neurologie afin d’étudier la folie sous l’angle des dysfonctionnement du
cerveau.
Donc l’approche méthodologique est essentiellement physiologique, à partir du corps
et non de l’esprit.
La folie va s’appeler de façon générale une névrose: « maladie des nerfs ».
A la fin du 19e siècle en Europe, la folie est majoritairement représentée par des « hystériques »,
des femmes folles dont les médecins n’arrivaient pas à expliquer le comportement.
L’hystérie est
trouble du comportement irrationnel, incompréhensible.
Ces troubles se manifestent non pas par
des blessures, mais par des symptômes (signes) d’une maladie qui produisent les mêmes effets,
càd douleurs, que les blessures.
- Hallucinations visuelles, auditives, olfactive, etc.
- Douleurs réelles ressenties par la patiente, mais absence de blessures physiques visibles.
- Des peurs excessives: des phobies qui paralyse toute action.
- Des actes obsessionnels compulsifs.
- Des impossibilités à se ressouvenir d’événements ou de situations passées.
1.2.
La névrose a des causes psychiques.
Freud découvre que la maladie n’est pas liée au corps, mais à l’esprit, grâce à la pratique de
l’hypnose pratiquée par des médecins éminents comme Charcot.
Ex: Anna O souffre de réminiscences: elle a des souvenirs qu’elle ne reconnaît pas.
Lorsqu’on demande à une patiente (Anna O) de les raconter, elle est incapable de le décrire à
l’état conscient, mais sous état d’hypnose (état de conscience modifiée ou de demi-sommeil),
elle en est capable: elle raconte une histoire fantaisiste d’une jeune fille au chevet de son père.
Cette libération de la parole a pour effet des améliorations sur le comportement de la patiente,
mais pas une guérison définitive.
Donc si l’individu agit sans conscience, il ne s’agit pas d’une privation d’une faculté physique ou
faculté intellectuelle, puisque la faculté de mémoire et de parole se réactive sous hypnose.
Autrement dit, aucun organe matériel n’est véritablement touché.
Le problème est bien
psychique.
Problèmes:
- L’hypnose est une méthode de guérison contraignante et peu efficace, car la patiente rechute
dans son délire à l’état conscient.
- pourquoi le souvenir est-il impossible à raconter ou évoquer à l’état conscient? En quoi pose-til problème?
II.
Une nouvelle méthode scientifique de découverte d’une névrose : la libre association
d’idées.
2.1.
La méthode de la libre association:
Pour guérir un patient, il faut donc trouver le problème psychique, la névrose, càd le souvenir
traumatique à l’origine du trouble.
Mais comment le trouver, s’il apparaît toujours caché dans un
souvenir déformé, et s’il échappe à la conscience de la patiente elle-même? L’hypnose est une
méthode trop violente, tandis que la suggestion (la thérapeute demande à la patiente de se
rappeler un souvenir) risque d’être trop contraignante et biaisée.
Il faut trouver une méthode
intermédiaire, qui permettrait au patient de livrer ses pensées le plus authentiquement possible,
avec le moins de déformation, comme s’il était sous hypnose, tout en étant un minimum conscient
de ce qui se passe, comme dans un rêverie: c’est le principe de la réminiscence.
On laisse
défiler toutes les pensées et on les décrit, sans faire intervenir la volonté consciente.
Le
psychanalyste doit chercher un ordre, ou logique derrière cette association libre de pensées, afin
d’y débusquer le traumatisme: la blessure psychique.
Etude du cas Elisabeth:
Questions:
1.
a.
les faits:
- Elisabeth, femme célibataire, éprouve des douleurs hystériques, qui se déclenchent à l’occasion
de certains souvenirs.
- Les douleurs se sont réveillées après le départ de sa soeur et de son beau-frère, sur le site de
leur promenade préférée.
- Puis à nouveau sur le site des thermes, où le jeune couple habitait.
- douleurs durant le voyage en train, liée à l’état de santé alarmant de se soeur, enceinte d’un
deuxième enfant.
Quelle est la cause psychique du trouble et des douleurs? (postulat du déterminisme: ces
troubles n’apparaissent pas au hasard, mais sont liés à une explication unifiée).
b.
interprétation d’Elisabeth:
C’est l’angoisse liée à la mort possible de sa soeur qui était cause de trouble.
Elle a rejeté l’idée
de la mort, et c’est ce rejet qui l’a troublé.
c.
interprétation de Freud:
La cause du trouble ne vient pas de l’idée horrible de la mort de sa soeur, mais du désir de la
mort de soeur.
Car cette mort rendrait ainsi l’homme dont elle est amoureuse libre et disponible
pour elle.
Les douleurs était dues au conflit entre sa conscience morale et son désir profond.
Ce qui est
rejeté, ce n’est pas la mort de soeur, mais le désir de la voir mourir.
2.
Comparons le récit de deux points de vue:
- Résumé de l’histoire par des témoins extérieurs (de l’enquêteur qui enregistre les faits).
- La jeune fille est allée en vacances dans la ville d’eaux, puis s’est rendue à Gastein, puis à
Vienne.
- grossesse difficile de la soeur.
- Promenade avec le beau-frère.
- Lettre alarmante de l’état de santé de sa soeur.
- Mort de sa soeur.
- Par la méthode psychanalytique: descriptions des états d’âme et désirs:
- description de l’état de solitude et du désir de trouver un homme.
- Le bonheur du mariage de sa soeur, et inquiétude de sa grossesse.
- le plaisir de la promenade.
- désir d’épouser le beau-frère devenu libre.
Ce qui est apporté comme données ou matière nouvelles à traiter, ce sont les données
subjectives du patient, qui déterminent les actions (données objectives).
Autrement dit, par la
parole, le psychanalyse découvre des intentions cachées qui sont les vrais motifs des actions.
Objections:
- Les deux interprétations sont toutes les deux justifiées car cohérentes.
Sauf que l’interprétation
du thérapeute est plus complète que celle de la patiente, car elle prend en compte les états
d’âme de la patiente et le rôle du beau-frère.
- Mais l’interprétation de Freud est dogmatique : Elle se présente comme nécessaire (elle ne
peut pas être autrement) Or le souvenir du beau-frère peut être fortuit et son rôle purement
accidentel dans les causes de la maladie.
Mais étant donné le postulat déterministe qui élimine
d’office le hasard, le psychanalyste peut à tort créer des relations de causalité qui n’existent pas.
- Si l’interprétation de la patiente est supervisée....
»
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