l'imagination n'est-elle qu'un refuge pour échapper au réel ?
Extrait du document
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Remarque sur l'intitulé du sujet :
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La formulation de la question est du type « X n'est-il que … ? ».
Il s'agit de s'interroger sur une restriction
donnée.
Celle-ci = l'imagination comme refuge pour échapper au réel.
Ainsi, le sujet a pour présupposé :
l'imagination peut nous permettre d'échapper au réel, de le fuir, et en cela, de trouver refuge dans l'imagination,
dans les images.
Or ce présupposé ne va pas de soi car : 1) en quoi le réel représente-t-il une « menace » ou un
« danger » ? Qu'est-ce qui dans la réalité nous répugne de sorte que nous voudrions y « échapper » ? 2) qu'estce qu'un « refuge » ? Comment l'imagination nous protège-t-elle de cette réalité pénible que l'on fuit ?
Le présupposé du sujet articule explicitement l'imagination et le désir.
C'est cette articulation qu'il nous faut
interroger : n'est-elle pas trop restreinte ou bien l'imagination procède-t-elle toujours du désir ?
Enjeu : Le pouvoir de l'imagination ; en quoi des images peuvent-elles être suffisamment puissantes pour
satisfaire nos désirs ? Ce pouvoir peut-il être supérieur à ce lui des autres facultés (entendement, volonté) ?
Problématique : L'imagination produit des images de la réalité, des doubles ou des copies plus ou moins conformes
au réel.
Ainsi, il y a une distance entre l'imagination et le réel et cet écart permet de penser que l'imagination peut
être un refuge pour échapper au réel.
Ainsi la psychanalyse montre que l'imagination fonctionne comme le rêve :
l'image comme la production onirique permet de combler un désir qui ne peut être satisfait dans la réalité.
Pourtant
est-ce là la seule fonction à donner à l'imagination ? Si l'imagination creuse un écart avec la réalité, n'est-ce pas
plutôt pour la modeler ensuite, ou encore, pour lui donner sens (exemple : les mythes) ?
1-
L'IMAGINATION EST UN REFUGE POUR ÉCHAPPER AU RÉEL
a)
qu'est-ce qu'un refuge ?
Dire de l'imagination qu'elle est un refuge revient à dire qu'elle nous met à l'abri de certaines menaces ou de
dangers.
Refuge = échappatoire à laquelle on recourt pour se dérober devant une réalité embarrassante.
Or, qu'estce qui, dans le réel, pose problème et est pénible, sinon l'impossibilité de satisfaire ses désirs ?
La frustration peut donner envie de fuir le réel au profit d'un lieu où l'on serait délivré du manque ; la fuite
devient alors négation ou déni.
En effet, que faire lorsque l'on ne parvient pas à accepter qu'un désir est impossible
à satisfaire ? Deux possibilités : ou bien le désir s'éteint de lui-même ou bien il persiste.
C'est alors que l'imagination
intervient en comblant artificiellement mon désir.
Telle est l'idée soutenue par la psychanalyse : l'imagination est la
fonction psychique grâce à laquelle un sujet produit une image d'un réel parfait, c'est-à-dire l'image d'une réalité qui
comble ses désirs.
b)
l'imagination fonctionne comme le rêve
C'est par l'imagination que le désir se distingue du besoin : ce dernier désigne un état de manque qui ne
cesse que dans la rencontre de l'objet adéquat dans le réel.
Exemple : soif est satisfaite par l'action de boire.
Toutefois, lorsque cette rencontre est différée ou rendue impossible par un certain contexte, le besoin se mue en
désir et à l'objet réel se substitue alors des « images mnésiques », c'est-à-dire des objets qui procurent une
satisfaction imaginaire : l'image vient reproduit la perception originelle de la satisfaction.[1]
Cette structure se retrouve dans le rêve : la production d'image oniriques vient combler un état de manque.
Il s'agit donc bien dans les deux cas d'une échappatoire : le désir ne trouvant pas de satisfaction dans le réel,
l'imagination intervient pour le combler.
Transition :
§
La psychanalyse montre en quoi l'imagination constitue un refuge pour échapper au réel : quand ce dernier
ne permet pas à un désir de trouver son objet, l'imagination se charge de le lui donner.
Dès lors, il est bien question
d'un refuge : l'imagination comme le rêve offrent aux désirs une sécurité inexistante dans le réel (celui-ci peut être
source de frustration).
§
Toutefois, Freud dit bien que cette fuite n'est que provisoire ; il l'appelle « processus primaire ».
le
processus secondaire consiste à reconnecter l'imagination au réel.
En effet, la psychose désigne l'état du sujet qui
ne parvient plus à marquer la différence entre la satisfaction imaginaire et la satisfaction réelle.
2-
LE PROCESSUS SECONDAIRE COMME NECESSAIRE A L'EQUILIBRE PSYCHIQUE
L'imagination possède une structure analogue au rêve : dans les deux cas, les désirs du sujet trouvent une
satisfaction semblable à celle éprouvée autrefois dans le réel (autrefois = enfance où la mère pourvoit à nos
besoins).
Toutefois, Freud fait remarquer que le processus d'investissement dans l'image mnésique doit être
relativisé.
En effet, il ne crée qu'une satisfaction partielle, bien inférieure à la satisfaction liée à la perception réelle
de l'objet manquant.
Ainsi, s'opère, chez le sujet sain, un rééquilibrage qui le pousse à revenir au réel à partir de
l'image mnésique.
Si le sujet en reste à la satisfaction imaginaire, si celle-ci prend le pas sur la satisfaction réelle, alors il est en
proie à la psychose : l'image hallucinatoire se confond avec la perception réelle, se substitue à elle.
En fin de compte, l'imagination n'est qu'un refuge pour échapper au réel à partir du moment où l'on en reste au
processus primaire, c'est-à-dire que le désir est assouvit par l'investissement de l'image.
Le psychotique,.
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