L'imagination est-elle toujours un défi à la logique ?
Extrait du document
«
[La logique peut être définie principalement
comme principe de réalité.
A ce titre, elle s'oppose par nature à l'imagination qui a pour fonction de nous
libérer de cette réalité.]
Il y a plusieurs formes de logique
L'imagination va à l'encontre de la réalité et de la logique: il est possible d'imaginer les choses les plus
absurdes ou les moins réelles.
Par l'imagination, je peux me figurer ce que bon me semble: un carré rond, un
centaure, etc.
La puissance de l'imagination contredit alors le principe de non-contadiction.
Sa formule est : «
Une chose ne peut pas, en même temps, être et n'être pas » ou encore « A n'est pas non A ».
Aristote a donné de ce principe la définition suivante : « Un même attribut ne peut pas être affirmé et nié d'un
même sujet en même temps et sous le même rapport.
» Par exemple, o ne peut pas dire à la fois d'une plante
qu'elle est verte et qu'elle n'est pas verte.
Le principe de Contradiction n'est que la forme négative du principe d'identité.
Aristote l'énonce ainsi : « Il est
impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas au même sujet sous le même rapport.
»Par
exemple, le cheval d'Henry IV ne peut pas être à la fois blanc et non blanc.
Le principe.
Ou bien il pleut, en ce
moment, ou il ne pleut pas.
Le principe du tiers exclu élimine une troisième éventualité.
La «folle du logis» s'oppose à la raison
On appelle parfois l'imagination «la folle du logis» (Malebranche).
En effet, l'imagination s'apparente à la folie
en cela qu'elle s'oppose à la raison.
La raison est fondée sur la logique: cohérence, continuité, adaptation au
réel, etc.
L'imagination, à l'inverse, peut être incohérente, intermittente, et aller contre le principe de réalité.
C'est le cas du rêve, du fantasme, de la rêverie, de la création artistique.
Pour Descartes, l'imagination est la faculté passive de se représenter des images, au contraire de la raison,
qui est active et créatrice.
"Et pour rendre cela très manifeste, je
remarque premièrement la différence qui
est entre l'imagination et la pure
intellection ou conception.
Par exemple,
lorsque j'imagine un triangle, je ne le
conçois pas seulement comme une figure
composée et comprise de trois lignes, mais
outre cela je considère ces trois lignes
comme présentes par la force et
l'application intérieure de mon esprit ; et
c'est proprement ce que j 'appelle
imaginer.
Que si je veux penser à un
chiliogone, je conçois bien à la vérité que
c'est une figure composée de mille côtés,
aussi facilement que je conçois qu'un
triangle est une figure composée de trois
côtés seulement ; mais je ne puis pas
imaginer les mille côtés d'un chiliogone,
comme je fais les trois d'un triangle, ni,
pour ainsi dire, les regarder comme
présents avec les yeux de mon esprit.
Et
quoique, suivant la coutume que j'ai de me
servir toujours de mon imagination, lorsque je pense aux choses corporelles, il
arrive qu'en concevant un chiliogone je me représente confusément quelque
figure, toutefois il est très évident que cette figure n'est point un chiliogone,
puisqu'elle ne diffère nullement de celle que je me représenterais, si je pensais à
un myriogone, ou à quelque autre figure de beaucoup de côtés ; et qu'elle ne
sert en aucune façon à découvrir les propriétés qui font la différence du
chiliogone d'avec les autres polygones.
Que s'il est question de considérer un
pentagone, il est bien vrai que je puis concevoir sa figure, aussi bien que celle.
»
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