Aide en Philo

L'image est-elle un portrait de la perception ?

Extrait du document

« L'image est-elle un portrait de la perception? 1° C'est ce qu'on croit généralement.

Mais est-il vrai que nous trouvions dans notre conscience des représentations achevées, des sortes de choses psychiques? L'image ne serait alors qu'une représentation affaiblie.

Mais il n'y a pas dans la conscience de spectacles subjectifs à contours marqués. Alain, dans Le Système des beaux-arts (p.

342) cite l'exemple du Panthéon : si on forme une image du Panthéon, peut-on en compter les colonnes si on ne les a pas comptées auparavant? L'image a un caractère vague, alors que le propre de la représentation est d'être déterminé.

Nous croyons avoir des images nettes parce que nous incorporons notre savoir à nos images (l'enfant représente ainsi avec quatre pieds une chaise qu'il voit cependant de profil comme si elle avait deux pieds). Mais quand nous faisons l'expérience avec probité, nous voyons que l'image manque de netteté.

Elle est un effort vers la représentation, un dynamisme intérieur, elle est la recherche de quelque chose qui m'a fui et que je ne réussis jamais à retrouver. 2° A cette thèse il y a des objections possibles : n'y a-t-il pas des cas où ces images soient complètes? les images du rêve ne sont-elles pas déterminées? et que faut-il penser des hallucinations? a - Le rêve.

Il n'y a que des gens réveillés qui puissent parler de leurs rêves.

Une part de la netteté qu'on leur attribue est rétrospective; il y a reconstruction du rêve, j'introduis à mon insu une logique d'homme éveillé dans le récit.

En admettant qu'il y ait une certaine netteté de l'image, d'où vient-elle? Peut-être des sensations, visuelles ou auditives, élémentaires, confuses, que la réalité obscurément perçue offre comme support à l'imagination.

(Alain, ibid., p.

19, sqq.) b - Les hallucinations.

L'image hallucinatoire va être variée comme un objet réel l'est par une lentille optique : cela prouve que l'hallucination est accrochée à un détail réel du monde sensible : elle serait une fabulation autour d'un élément réel. Donc, dès qu'il y a réalisation pleine de l'image, c'est qu'il y a des éléments sensibles : il en résulte que l'image est surtout une recherche de l'objet absent, et que pour obtenir cet objet, elle doit le réaliser.

Il y a un progrès dans l'image : elle est liée au mouvement par lequel on la crée; par conséquent l'imagination s'accompagne d'une véritable mimique quand elle est intense : elle est un effort pour posséder et créer une représentation. L'image n'est pas un spectacle tout fait :ce n'est pas un tableau inerte que nous empruntons au passé, mais une force de réalisation qui nous permet de construire l'avenir.

L'image se dérobe, est difficile à obtenir, ne s'obtient jamais complètement : il faut réaliser l'image, il faut la faire surgir : elle nous fait alors bâtir le futur.

Mémoire, histoire, poésie sont tournées vers le passé, mais ce passé est rebâti et tourné vers l'avenir (projet, hypothèse scientifique, nouveauté artistique).

En résumé, l'image n'existe que dans l'acte par lequel nous la créons, comme activité du sujet voulant évoquer l'objet absent.

C'est ainsi qu'on peut parler d'une aurore et d'un crépuscule de l'image.

Même les images « reproductrices » sont quand même des « créations » : une image ne se répète jamais identiquement parce qu'à chaque fois elle doit être refaite.

Il y a donc unité entre l'imagination créatrice et l'imagination reproductrice qui est en réalité recréatrice.

L'imagination reproductrice, forme inférieure, exige les mêmes qualités que la forme supérieure qui est l'imagination créatrice.

Mais si l'inférieur implique déjà le supérieur, le supérieur pourtant ne se réduit pas à l'inférieur car il exige les mêmes activités mais à un degré plus intense.

Il n'y a qu'une imagination, c'est l'imagination créatrice : elle peut revêtir des formes plus ou moins brillantes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles