l'ignorance est-elle un mal ?
Extrait du document
«
Discussion :
Une telle interrogation peut prendre deux acceptions différentes : en effet le sens de mal peut appartenir au
langage courant, et, dans ce cas l'idée est banale (le manque de connaissance est compris comme dommageable),
ou le Mal appartient au registre moral et s'oppose alors au Bien, signifiant que l'ignorance est condamnable au nom
d'une certaine éthique.
La philosophie a toujours opposé le Bien et le Mal du point de vue de la morale.
On ne peut pas penser l'un des deux
termes sans l'autre, aussi bien dans la philosophie antique que moderne.
"Et il est certain que ce sont nos sentiments, et non la raison, qui
distinguent le bien et le mal en morale [...]." D.
Hume.
Il apparaît qu'aucune perspective spécifiquement rationnelle ne parvienne à approcher les
notions, et qu'en fait nous en ayons une perception plutôt intuitive, profondément déterminée en outre par notre appartenance culturelle.
Suggestion de plan :
I.
Première partie : L'ignorance entretenue
Le Christianisme a associé l'ignorance à une valeur ("Heureux les pauvres, les ignorants car le Royaume de Dieu est
à eux"), imposant le silence au peuple et faisant admettre à celui-ci que la compensation à son asservissement lui
serait donnée après la mort.
L'intérêt du pouvoir a toujours été de maintenir la société dans un certain degré
d'ignorance afin de préserver sa domination sans menace et sans risque.
Dans ce cas, tout un discours officiel a été
prononcé visant à considérer que l'absence de savoir ne pouvait être tenue pour négative.
Il allait de soi que dans
le même temps le savoir était l'affaire de spécialistes, de clercs qui avaient seuls les possibilités de réflexion et
d'action et appartenaient à une caste régissant l'ensemble d'un État.
« La connaissance des vérités nécessaires et
éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les sciences, en nous élevant
à la connaissance de nous-mêmes et de Dieu.
» Leibniz, La Monadologie.
II.
Deuxième partie: L'obscurantisme combattu
La pression de l'Église mettant la parole biblique en avant et associant celle-ci à une vérité, à contribué à la
persécution des savants à la recherche de vérités authentiques.
On se souvient du combat des grands physiciens
contre l'argument de la Création et de la Terre comme centre du monde.
Ces luttes sont la traduction de l'idée que
l'ignorance est un mal, puisque ces scientifiques ont dû, au péril de leurs propre vie, tenter de faire admettre un
certain nombre de connaissances qui devaient par la suite faire considérablement avancer l'humanité.
On peut
mentionner la dissection interdite mais pratiquée clandestinement et qui seule à permis le développement de la
biologie et de la médecine.
Il s'agissait alors de faire l'éloge de la Science, terme qui avec le temps nécessite un
pluriel (les sciences), car l'exactitude mathématique ou physique ne suffit pas à la progression de la pensée : « La
philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec
les mêmes méthodes, mais elle s'en éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image
du monde cohérente et sans lacune.
» Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse.
Grâce au progrès
scientifique, l'humanité peut prendre conscience d'elle-même.
Les réponses de la science permettent aux
philosophes de trouver eux aussi des réponses à leurs questions.
On peut donc penser l'interdépendance stricte des
deux mouvements.
Mais qu'appeler « progrès » ? C'est évoluer du moins bien vers le mieux, s'améliorer.
Il s'agit d'un
passage graduel, d'une marche allant dans le sens d'une amélioration.
Le progrès sous-entend généralement la sortie
de l'archaïsme, de l'obscurantisme, il semble accompagner l'idée de civilisation.
Les « grandes » civilisations
s'affirment par le biais du développement des sciences et des techniques, mais aussi par l'encouragement des arts,
et la quête d'une qualité de la vie aussi bien morale que politique.
« Le progrès n'est pas nécessaire d'une nécessité métaphysique : on peut seulement dire que très probablement
l'expérience finira par éliminer les fausses solutions et par se dégager des impasses.
Mais à quel prix, par combien de
détours ? Il n'est même pas exclu en principe que l'humanité, comme une phrase qui n'arrive pas à s'achever,
échoue en cours de route.
» Merleau-Ponty.
III.
Troisième partie : Ignorance et limite
Si l'ignorance en tant que telle n'est pas un mal, tout au moins, elle y conduit.
Platon a établi une hiérarchie des
différents degrés de la connaissance, où l'on trouve en neuvième et dernière position le Tyran.
Démontrant ainsi que
celui qui est capable d'exercer une tyrannie sur autrui est avant tout un ignorant.
C'est donc par la sottise que l'on
en vient au mal.
Car Platon part de la thèse que si tout homme est naturellement bon il ne peut pas vouloir faire de.
»
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