L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?
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• La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes
manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.
• Certains philosophes nient l'existence de l'inconscient.
Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de
nos pulsions et de nos instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi.
Quelques arguments:
Si l'inconscient existe, il est par conséquent actif, agent, et, par conséquent, il existe un déterminisme inconscient.
Dans cette hypothèse, il ne faut plus dire "j'agis inconsciemment" encore moins "j'agis consciemment" mais
"l'inconscient agit en moi".
Ceci contredit l'idée même de liberté, puisque je suis déterminé à agir comme je le fais
(lapsus, rêves, actes manqués).
L'inconscient me déterminerait donc à mon insu.
Lorsque Descartes énonce : "Je pense, donc je suis", il suppose implicitement, à travers le redoublement du pronom
" je ", l'identité du sujet conscient de la pensée et du sujet existant.
Or, la psychanalyse met en évidence
l'existence d'un psychisme inconscient : certains blocages pathologiques sont nécessairement l'effet de désirs
inconscients ; sinon, on ne pourrait absolument pas comprendre que ces blocages disparaissent lorsque ces désirs
finissent par trouver une expression consciente.
S'ils n'étaient que des affections inscrites dans la matérialité du
corps, des " impulsions naturelles " selon la terminologie cartésienne, comment un simple changement du contenu
abstrait de ma conscience, toutes choses physiques égales par ailleurs, pourrait-il avoir le moindre effet sur ces
symptômes concrets ? La seule activité que Descartes reconnaisse à ce qui est hors de la conscience est purement
mécanique, déterminée : sa source ne devrait pas pouvoir " comprendre " qu'elle est devenue consciente.
Il existe
donc en moi quelque chose d'actif qui agit à mon insu, qui me trompe sur moi-même, comme si j'avais un malin génie
pour alter ego.
En distinguant dans le sujet le Ça et le Moi comme deux aspects d'un même psychisme simplement séparés par la
barrière de la conscience, Freud propose une explication qui est plus économique que l'opposition cartésienne entre
l'âme (substance pensante) et le corps (substance étendue).
L'application du même "rasoir d'Ockham" (les
substances ne doivent pas être multipliées sans nécessité) que Descartes maniait contre les scolastiques ne peut
conduire qu'à préférer l'explication freudienne, qui n'oppose que deux fonctions d'une même substance.
Disparaissent
du même coup, comme le souligne Freud dans Métapsychologie, "les difficultés insolubles du parallélisme psychophysique" : on se souvient que Descartes devait invoquer le comportement étrange de la fameuse " glande pinéale "
pour rendre compte de l'interaction de deux substances fondamentalement étrangères l'une à l'autre.
Si l'homme est
un sujet doué d'une conscience, cette conscience n'est pas entièrement réflexive et l'homme ne peut donc être
entièrement transparent à lui-même, contrairement au modèle cartésien.
Les sciences de l'esprit, de droit,
réintègrent ainsi avec Freud les sciences de la nature cad le déterminisme et non la liberté.
Mais il y a une ambiguïté sur le concept même d'inconscient...
Il peut se référer à un sens freudien (cf.
la deuxième
topique ci-dessus), alors il est un lieu psychique.
Mais toute une tradition philosophique de Leibniz à Alain en
passant par Spinoza a articulé la liberté humaine à une idée sur l'inconscient sans pour autant en faire un "lieu", une
"structure" psychique comme Freud mais un négatif, une ombre de la raison.
Introduction
Après Copernic qui a ruiné le géocentrisme, Darwin qui a détruit la croyance en une primauté de l'homme dans la
création, Freud pensait avoir infligé à l'homme sa troisième humiliation en lui apprenant qu'il n'est « même pas maître
dans sa propre maison ».
La découverte de l'inconscient et de son importance dans le psychisme humain justifie-telle une remise en question de la liberté, nous oblige-t-elle à considérer la liberté comme une illusion, effet de la
méconnaissance où se trouve le moi pour comprendre les mobiles qui le font agir ?
1 - Le déterminisme de l'inconscient
a) L'illusion du moi
L'individu qui agit selon les directives^du moi conscient peut se méprendre sur les raisons profondes qui le font agir.
En effet, dans la perspective freudienne, le moi se trouve sous la dépendance de l'inconscient : on peut donc
légitimement se demander ce que peut encore signifier liberté d'action pour lui.
Freud cite de nombreux exemples de
patients qui trouvent à leurs comportements pathologiques des raisons d'apparence cohérente.
Cette remarque peut
s'étendre à tous les individus qui, en réalité, agissent en ignorant les causes profondes qui les incitent à le faire.
En
effet, le moi est fondamentalement dans un rapport de méconnaissance avec tout ce qui l'entoure comme ce «
clown de cirque qui, par ses gestes, cherche à persuader l'assistance que tous les changements qui se produisent
dans le manège sont des effets de sa volonté ».
Une telle définition, poussée à l'extrême, ne peut avoir pour conséquence que la remise en cause du libre-arbitre, et
plus généralement de l'idée de liberté de l'individuelle.
La mise en question de la responsabilité
Si l'inconscient nous manipule sans cesse à notre insu, nous ne sommes jamais sûrs de choisir nos actes en fonction
de mobiles librement délibérés.
Dès lors, quel sens peut-on donner à la notion de responsabilité ? Comment peut-on
nous imputer des actes que nous n'avons pas vraiment voulus, au sens le plus fort de ce terme ? Il faudrait dans
ces conditions renoncer à l'idée même de responsabilité, puisque l'auteur d'un acte ne peut jamais l'assumer
totalement, qu'il soit jugé positif ou négatif.
Il faudrait rappeler ici que la justice, aujourd'hui, tient compte de
certains aspects psychologiques des accusés, avant de les condamner : justice et psychiatrie entretiennent des.
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