L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?
Extrait du document
«
Introduction :
La psychanalyse parle d' « actes manqués », actes que nous produisons machinalement alors que leur raison nous
échappe.
Si un inconscient guide nos actes et nos pensées, il semble que nous sommes comme des automates
téléguidés de l'extérieur.
L'idée de liberté suppose au contraire que nous soyons responsables de nos mouvement.
Les « actes manqués » ne sont pas le fait d'un être libre, être libre, c'est être conscient de ce qu'on fait, le vouloir
pour des raisons personnelles.
On peut dire que la liberté dépend d'un « libre-arbitre », c'est à dire d'une capacité à
décider de nos mouvements.
Si il y a un inconscient qui agit derrière la conscience comme un marionnettiste derrière
une marionnette, il semble que l'idée de liberté comme libre arbitre soit ruinée.
Problématique :
La liberté suppose d'être soi même la cause de ses actes, cela est il possible si la conscience est elle même
déterminée par un inconscient ?
I : La liberté suppose la conscience
1)
La négativité de la conscience comme condition de la liberté.
C'est en s'opposant au règne de la nature
que la conscience manifeste sa liberté.
La négativité de la conscience, c'est sa capacité à se détourner de
l'immédiateté de la sensation pour réfléchir dessus.
Comme le dit Sartre, la conscience n'est pas « engluée
dans ses intuitions », entendant par là qu'elle n'est pas déterminée par ses sensations, qu'elle leur dit
« non » pour revenir en elle même.
2)
La conscience comme puissance de décision.
Contrairement à un objet dépourvu de conscience, la
conscience n'est pas déterminée par des causes extérieures, elle est capable de choix.
C'est l'idée que la
conscience permet le « libre-arbitre » : elle ne décide pas sous l'impulsion de causes extérieures, elle décide
d'elle même.
C'est sur ce libre-arbitre que se fonde la liberté.
3)
C'est en tant que conscience que l' « homme est liberté » selon le mot de Sartre.
Si comme le dit Sartre
« l'existence précède l'essence », c'est que l'homme n'est dabord rien sinon la pure négativité de sa
conscience.
C'est donc la conscience qui fait l'existence de l'homme comme être libre.
II : L'idée d'inconscient rend ambiguë la liberté de la conscience
1)
La conscience comme marionnette de l'inconscient.
Freud compare
l'inconscient à la partie immergée d'un ice berg.
Il y aurait des causes
souterraines, inaccessibles à la conscience, qui détermineraient celle ci.
Ces
causes sont étrangères au moi conscient, c'est pourquoi Freud ne parle pas
de « moi intime » à propos de l'inconscient, mais il le dénomme le « ça ».
FreFREUD dira: Le moi est pas le maître dans sa propre maison.
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi
d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.
Il y
aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous
n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..
Pour le dire
brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e
toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire
subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas «
maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à l'ouverture
dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance
ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait
ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la
politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notre président subit donc deux forces
contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne
peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir
conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre exemple, ce
second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée,
anodine : on dira que « sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut
pas être là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire
que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est
exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et
peut être ignoré par le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un
affrontement en moi de deux forces.
L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes
manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en
gros selon le même schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois.
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