« L'idée de cause et d'effet est dérivée de l'expérience qui, nous présentant certains objets constamment unis, produit en nous une telle habitude de les envisager dans cette relation, que nous ne pouvons plus sans nous faire sensiblement violence les en
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Aux yeux de Hume la notion de causalité est très énigmatique parce qu'au nom de ce principe de causalité, nous affirmons à tout moment plus que nous ne voyons, nous ne cessons de dépasser l'expérience immédiate. Par exemple, au nom du principe de causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets, or l'échauffement est la cause de l'ébullition) je dis que l'eau que je viens de mettre sur le feu va bouillir ; je prévois l'ébullition de cette eau, je tire donc « d'un objet une conclusion qui le dépasse ». Tout le raisonnement expérimental par lequel je conclus du présent à l'avenir (l'eau va bouillir, la barre de métal va se dilater, demain il fera jour, etc.) repose sur ce principe de causalité.
D'où peut donc me venir ce principe de causalité ? A quelle impression correspond cette idée ? L'« enquête » philosophique va se présenter ici comme une recherche dans toutes les directions : « Nous devons procéder comme ces gens qui à la recherche d'un objet qui leur est caché battent quand ils ne l'ont pas découvert à l'endroit où ils s'attendaient à le trouver, tous les lieux voisins sans vue ni dessein déterminés dans l'espoir que leur bonne fortune les guidera enfin vers l'objet de leurs recherches ». Voyons donc où va nous mener cette battue philosophique.
«
Aux yeux de Hume la notion de causalité est très énigmatique parce qu'au nom de ce principe de causalité, nous
affirmons à tout moment plus que nous ne voyons, nous ne cessons de dépasser l'expérience immédiate.
Par
exemple, au nom du principe de causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets, or l'échauffement est la
cause de l'ébullition) je dis que l'eau que je viens de mettre sur le feu va bouillir ; je prévois l'ébullition de cette eau,
je tire donc « d'un objet une conclusion qui le dépasse ».
Tout le raisonnement expérimental par lequel je conclus du
présent à l'avenir (l'eau va bouillir, la barre de métal va se dilater, demain il fera jour, etc.) repose sur ce principe de
causalité.
D'où peut donc me venir ce principe de causalité ? A quelle impression correspond cette idée ? L'« enquête »
philosophique va se présenter ici comme une recherche dans toutes les directions :
« Nous devons procéder comme ces gens qui à la recherche d'un objet qui leur est caché battent quand ils ne l'ont
pas découvert à l'endroit où ils s'attendaient à le trouver, tous les lieux voisins sans vue ni dessein déterminés dans
l'espoir que leur bonne fortune les guidera enfin vers l'objet de leurs recherches ».
Voyons donc où va nous mener
cette battue philosophique.
Hume ne va trouver dans aucun secteur de l'expérience une impression concrète de causalité qui rende légitime
cette idée de cause que nous prétendons avoir :
a) Considérons d'abord l'expérience externe : je vois bien que le mouvement d'une boule de billard est suivi du
mouvement d'une autre boule que la première a heurtée, je vois aussi que l'échauffement est suivi de l'ébullition : je
vois donc que le phénomène A est suivi du phénomène B.
Mais ce que je ne vois pas c'est le pourquoi de cette
succession.
Sans doute puis-je répéter l'expérience et chaque fois que je la répète le phénomène B vient après le
phénomène A.
Mais cela n'éclaire rien.
La répétition constante d'une énigme n'est pas la solution de cette énigme.
Je vois bien qu'entre le phénomène A et le phénomène B il y a conjonction constante, je ne vois pas de connexion
nécessaire.
Je constate que A se montre et puis que B apparaît.
Mais je ne constate pas que B apparaît parce que
A se montre.
L'expérience extérieure me donne seulement le et puis, elle ne me livre pas l'origine du parce que.
b) Examinons à présent cette expérience à la fois intérieure et externe que je fais à tout moment lorsque j'éprouve
le pouvoir de ma conscience sur mon corps.
N'ai-je pas ici la clef du principe de causalité ? Je veux lever le bras et
je lève le bras.
N'est-il pas- évident que ma volonté est la cause du mouvement de mon corps ? Mais à y bien
réfléchir cette expérience n'est pas plus claire que la précédente.
Je constate deux choses : d'abord que je veux
lever le bras, ensuite que mon bras se lève.
Je ne sais absolument pas par quelle machinerie neuromusculaire
complexe s'opère le mouvement de mon bras.
Un paralytique veut comme moi lever le bras et il est tout surpris de
constater qu'aucun mouvement ne fait suite à son désir.
Et moi dont la langue ou les doigts se remuent si je le veux, je n'ai aucun pouvoir sur mon coeur ou sur mon foie.
On
se souvient que la succession de mon vouloir et de mes mouvements stupéfiait à tel point Malebranche qu'il ne
voyait dans ma volonté qu'une occasion à partir de laquelle Dieu produisait le mouvement de mon corps.
Cette
hypothèse est aux yeux de Hume, philosophe du XVIIIe siècle, extravagante, mais Hume retient l'analyse
psychologique du grand philosophe français.
Ici encore, je constate avec surprise que je veux accomplir certains
mouvements et puis que ces mouvements s'accomplissent.
Mais je ne constate pas le parce que, je n'ai pas
l'expérience d'une connexion nécessaire.
L'action de l'âme sur le corps reste énigmatique : « Si nous avions le
pouvoir d'écarter les montagnes ou de contrôler les planètes, cette puissance ne serait pas plus extraordinaire ».
c) Que dire enfin de l'expérience purement intérieure que je fais de la succession de mes propres idées ? Dois-je
admettre que ma réflexion attentive est la cause des idées qui me viennent ? Mais tout d'abord selon les cas ou
selon les moments les idées viennent ou ne viennent pas.
Le matin les idées viennent mieux que le soir (chez
certains) et mieux avant le repas qu'après.
Ici encore je constate qu'il y a entre mon effort d'attention et mes idées
une succession, mais je ne vois pas entre les deux faits de connexion nécessaire.
La conclusion s'impose donc.
Il n'y a aucune impression authentique de causalité.
Il reste que je crois à la causalité
et Hume explique cette croyance à partir de l'habitude et de l'association des idées.
Pourquoi est-ce que je
m'attends à voir l'eau bouillir lorsque je la chauffe ? C'est parce que, répond Hume, échauffement et ébullition ont
toujours été associés dans mon expérience passée, et cette association a déterminé en moi une habitude.
Je mets
l'eau sur le feu et je dis par une habitude puissante : l'eau va bouillir.
Si je « forme une conclusion qui déborde dans
le futur les cas passés dont j'ai eu l'expérience » c'est que l'imagination irrésistiblement entraînée, par le poids de la
coutume, glisse d'un événement donné à celui qui l'accompagne d'ordinaire.
J'ai l'air de devancer l'expérience tandis
qu'en fait je cède à une tendance créée par l'habitude.
La nécessité causale n'existe donc pas réellement dans les
choses.
« La nécessité est quelque chose qui existe dans l'esprit, non dans les objets.
»
L'association des idées
Hume fut l'un des premiers à prendre pour modèle la mécanique céleste de Newton pour rendre compte de la façon
dont les idées s'attirent les unes les autres dans le monde mental qui est le leur.
Il compare explicitement
l'association des idées à une sorte d'attraction qui produit dans le monde mental d'aussi extraordinaires effets que.
»
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