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L'idée de cause ?

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« Si l'on ne peut rien dire de certain concernant l'étymologie du mot latin causa qui a donné en français aussi bien « cause » que « chose », on peut en revanche constater que ce terme possède plusieurs significations que l'on retrouve en français.

C'est d'abord ce qui est à l'origine de, ce qui produit quelque chose, puis la raison ou le motif. Nous apprenons aussi que la cause appartient au vocabulaire juridique, comme d'ailleurs au vocabulaire médical ou bien encore au vocabulaire grammatical.

Si nous nous tournons à présent vers l'aspect proprement philosophique de l'idée de cause, la diversité des significations n'est pas moins grande.

En effet, Aristote distingue quatre sortes de causes sans parler, pour ne prendre que cet exemple, de la cause première, D'ailleurs, un simple coup d'oeil au Traité des causes de Bossuet suffit à nous avertir que la multiplicité des acceptions du concept de cause en rend l'approche malaisée.

Bref, il faut reconnaître que notre embarras est grand devant cet « important concept métaphysique » (Kant, Prolégomènes, p.

10).

Par quoi commencer ? Par une interrogation sur la possibilité et l'origine de l'idée de cause.

Nous suivrons ici l'analyse de l'Écossais David Hume, esprit singulier et pénétrant qui fit faire de mauvais rêves à Rousseau avant de tirer Kant de ce que celui-ci n'hésitait pas à appeler son « sommeil dogmatique » (Prolégomènes, p.

13). Au début de son Traité de la nature humaine, Hume distingue les impressions des idées, les premières se distinguant des secondes par une vivacité et une force plus grandes.

Telles sont nos sensations, passions et émotions.

Il fait encore une autre distinction qui porte aussi bien sur les idées que sur les impressions : celle entre le simple et le complexe.

Enfin, toujours dans la première partie, du livre I, il décrit sept relations philosophiques dont il va simplement rappeler la liste en ouvrant la troisième partie du livre I, celle qui nous concerne plus particulièrement.

« Il y a sept sortes de relation philosophique, ressemblance, identité, relations de temps et de lieu, rapport de quantité ou de nombre, degrés de qualité, contrariété et causalité (causation) » (p.

141, t.

I).

De ces différentes relations, quatre seulement, en tant qu'elles dépendent uniquement des idées, se trouvent à la base de toute science et peuvent être « objets de connaissance et de certitude » (p.

142).

Il s'agit de la ressemblance, de la contrariété, des degrés de qualité et des rapports ou proportions de quantité ou de nombre.

En ce qui concerne les trois autres, nous constatons qu'il existe une différence entre l'identité et les relations de temps et de lieu d'une part et la causalité d'autre part.

En effet, des trois relations qui ne dépendent pas uniquement des idées, la causalité est la seule qui permette de dépasser les données immédiates des sens, la seule « qui nous informe de l'existence d'objets que nous ne voyons ni ne touchons » (p.

147).

Hume, en entamant sa recherche sur l'origine de l'idée de cause, note que cette dernière doit provenir d'une relation entre les objets et non d'une qualité quelconque de ceux-ci.

Le premier pas de cette enquête consiste à admettre que la relation de contiguïté « est essentielle à la relation de causalité » (p.

148).

Le second pas concerne la succession qui est aussi essentielle que la contiguïté. C'est « l'antériorité temporelle de la cause par rapport à l'effet » (p.

148).

Jusqu'à présent l'analyse de la causalité se déroule fort bien, mais tout change après ces deux pas.

Essayons quand même d'avancer en considérant un phénomène qui semble lié à l'idée de cause, celui d'une connexion nécessaire.

Cette connexion relève-t-elle bien d'un principe à priori de la pensée comme on le répète volontiers ? La maxime philosophique qui affirme sur le ton de l'évidence que « tout ce qui commence d'exister doit avoir une cause de son existence » (p.

151) est-elle aussi certaine qu'on le croit en général ? Telle est la question que se pose Hume en renonçant à emprunter la voie d'approche directe de l'idée de cause, à savoir l'étude de la connexion nécessaire.

Il apparaît que la maxime n'est pas certaine, intuitivement ou démonstrativement.

Elle ne se rattache en effet à aucune des quatre relations sur lesquelles repose toute certitude.« Puisque ce n'est pas de la connaissance ni d'aucun raisonnement rigoureux que nous tirons l'opinion qu'une cause est nécessaire, pour toute nouvelle production, cette opinion doit nécessairement venir de l'observation et de l'expérience » (p.

155).

Soulignons bien les deux derniers mots (observation et expérience), car avec eux l'étude de l'idée de cause vient d'aborder un tournant décisif.

En examinant les différents éléments ou matériaux dont on se sert lorsque l'on raisonne sur la relation de cause à effet, on découvre un mélange bien particulier.

Tous les raisonnements que l'on fait à ce sujet « se composent à la fois d'une impression de la mémoire ou des sens et de l'idée de l'existence qui produit l'objet de l'impression, ou que produit cet objet » (p.

158).

Il va donc s'agir de décomposer l'interrogation en partant de l'impression.

Le premier élément à entrer en lice est la mémoire qui ne se distingue de l'imagination que dans la mesure où les idées de la première possèdent plus de vigueur et de vivacité que celles de la seconde.

L'inférence de l'impression à l'idée quant à elle repose sur l'expérience.

Voici comment Hume explique les choses : « Nous nous souvenons d'avoir eu des exemples fréquents de l'existence d'objets d'une espèce donnée ; et nous nous souvenons aussi que des objets d'une autre espèce les ont toujours accompagnés et ont toujours apparu dans un ordre régulier de contiguïté et de succession par rapport à eux.

Ainsi nous nous souvenons d'avoir vu un objet de cette espèce que nous appelons flamme et d'avoir senti une sensation de cette espèce que nous nommons chaleur.

Nous rappelons également à l'esprit leur constante conjonction dans tous les cas passés.

Sans autre cérémonie, nous appelons l'une cause et l'autre effet, et inférons l'existence de l'une de l'existence de l'autre » (p.

161-162).

Ce que Hume vient de mettre ici au jour, dans le mouvement même de son étude, c'est une nouvelle relation entre la cause et l'effet, celle de conjonction constante.

Aux deux premières relations de contiguïté et de succession s'ajoute à présent celle de conjonction constante.

Nous sommes ici au coeur de l'analyse de l'idée de cause.

L'inférence de la cause à l'effet ne se fait point à priori mais « dépend uniquement de l'union des idées » (p.

167).

L'idée de connexion nécessaire naît en réalité de la répétition et de l'habitude ou coutume. Selon que l'on considère la cause comme une relation philosophique (comparaison de deux idées) ou naturelle (association unissant deux idées), on peut la définir soit comme « un objet antérieur et contigu à un autre, tel que tous les objets semblables au premier soient placés dans des relations analogues d'antériorité et de contiguïté par rapport aux objets semblables au second », soit comme « un objet antérieur et contigu à un autre et qui y est uni de telle manière que l'idée de l'un détermine l'esprit à former l'idée de l'autre et l'impression de l'un, à former de l'autre une idée plus vive » (p.

256-257).

Au terme de son analyse, Hume propose huit règles qui composent, dit-il, la logique du raisonnement sur les causes et les effets.

En déclarant que l'idée de cause ne repose sur aucun. »

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