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L'idéalisme, comme théorie de la connaissance, peut-il s'interroger diversement ?

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« CONSEILS Cette question est difficile.

Il suffit pourtant de se référer aux doctrines les plus classiques, dont les unes sont dites idéalistes et les autres réalistes, pour constater que cette qualification peut parfois s'inverser; et, si une doctrine peut être à la fois un idéalisme et un réalisme, c'est que ces deux termes n'ont pas une signification une et constante. Introduction. Le problème de la connaissance revient essentiellement, dans ses énoncés classiques, à opposer l'idéalisme au réalisme, opposition qu'on peut formuler comme suit : pour le réaliste, la réalité de l'objet précède et détermine la connaissance qu'en prend l'esprit, alors que l'idéaliste rapporte, inversement, l'existence, au moins les déterminations de l'objet, au sujet connaissant.

Si claire, cependant, que paraisse cette antithèse, elle fait difficulté.

Car l'étude historique des doctrines manifeste que telle d'entre elles, sans qu'on manque aux définitions précédentes, peut être dite à la fois idéaliste et réaliste : c'est le cas, parmi beaucoup d'autres, du platonisme, du cartésianisme, du kantisme.

On peut donc présumer que l'idéalisme est, comme le réalisme, une inspiration générale plutôt qu'une thèse définie, inspiration qui.

a pu se déployer dans des directions diverses, et qu'ainsi le mot idéalisme comporte des acceptions différenciées.

Une même doctrine apparaîtra idéaliste, considérée d'un certain point de vue, et réaliste d'un point de vue différent. I.

— Les aspects principaux de l'idéalisme. A) LA CONNAISSANCE CARACTÉRISÉE PAR SON INTERIORITE. D'abord une doctrine est idéaliste si elle affirme l'intériorité de l'objet.

La connaissance se définit par l'inclusion de l'objet connu dans l'esprit connaissant ; et un argument essentiel de l'idéalisme revient précisément à dire que l'esprit ne saurait appréhender un objet qui serait situé au delà de l'esprit.

Telle est la position de Berkeley.

Pour lui, ni les qualités secondes, comme la couleur ou le son, ni les qualités premières, comme l'étendue ou le mouvement, ni la matière même qui serait le support de ces qualités, n'ont de réalité propre, outre nos perceptions actuelles ou possibles.

Pour le sujet connaissant, l'être de la chose coïncide avec l'expérience de la chose. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire, pour être idéaliste en ce premier sens, qu'on aille, comme Berkeley, jusqu'à nier l'en-soi de l'objet ; il suffit qu'on le tienne pour insaisissable.

Telle est la position de Hume.

Ce phénoménisme évite de se prononcer sur l'existence, à plus forte raison sur la structure et les pouvoirs de la substance matérielle ; mais il affirme la suffisance de nos « impressions » pour construire le monde connaissable. B) LA CONNAISSANCE CARACTÉRISÉE PAR L'ACTIVITÉ DE L'ESPRIT. Une doctrine est idéaliste si elle tient pour indispensable l'activité, soit créatrice, soit, au moins, constructive de l'esprit dans la position ou les déterminations de l'objet.

Un idéalisme absolu serait un pur subjectivisme, qui prétendrait tirer du moi toute la réalité du monde ; ce dont Schelling lit grief à Fiente.

Mais Fichte a voulu seulement expliquer le monde à partir du sujet, parce que l'objet ne se conçoit que dans son rapport avec ce sujet, et que l'on ne peut rendre compte de la connaissance de l'objet si l'on prétend s'installer d'emblée dans l'Être.

Pour Kant, le rôle de l'esprit dans la connaissance dans l'activité des « formes » : formes de la sensibilité et formes ou catégories de l'entendement.

Le temps et l'espace, dans lesquels se distribue le matériel de l'Intuition sensible, la causalité, qui lie ce divers de l'intuition et le constitue en objets, ne sont pas des choses en soi ou des propriétés des choses en soi ; ils sont inhérents à notre structure intellectuelle ; ils sont les condition a priori sans lesquelles il ne serait pas de nature pour nous. En outre, ce sujet qui, par son activité, détermine ses objets, peut s'entendre en deux sens.

Il peut être le moi individuel.

Ainsi entendu, l'idéalisme se résumerait assez bien dans cette formule de Schopenhauer : « Le monde est ma représentation.

» Mais, en fait, aucune doctrine n'est allée jusqu'à professer le « solipsisme ». LE SOLIPSISME CHEZ DESCARTES A ce moment de sa réflexion (découverte du cogito), Descartes possède une certitude indubitable.

Il est; et son être c'est sa pensée.

Car le doute, appuyé sur l'hypothèse du malin génie, a séparé de moi non seulement le monde, mais encore mon corps et mes sens, a exorcisé tout ce qui est simplement «mien» pour ne laisser subsister dans sa présence indubitable que ce qui est «moi», c'est-à-dire ma conscience, ma pensée.

Certitude d'être et de penser, inaliénable mais unique encore.

« Je suis une chose qui pense » mais « les choses que je sens et que j'imagine ne sont peut-être rien du tout hors de moi et en elles-mêmes.

» Doutant du monde, certain de sa pensée et de sa seule pensée, Descartes adopte provisoirement l'attitude que les philosophes nomment «solipsisme» et qui représente la pointe extrême de l'idéalisme : il n'est pas pour moi d'autre être que ma propre pensée.

Le solipsiste est-il, comme disait Schopenhauer, «un fou enfermé dans un blockhaus imprenable » ? Le moi peut-il sortir de lui-même ? Ce sujet peut être, ce qu'il est pour Fichte, l'Esprit universel.

Dans l'histoire des doctrines, cette distinction de deux sujets ne se dessine précisément qu'après Descartes ; elle est surtout inspirée de Kant, qui distingue la conscience empirique, inséparable des phénomènes mentaux qui se succèdent dans le temps, strictement individuelle, d'une conscience intellectuelle, qui, loin d'être intérieure à notre expérience et assujettie aux formes de la sensibilité, coïncide avec l'activité qui constitue ces formes et qui impose au divers de l'intuition les catégories sans lesquelles nous n'aurions aucune expérience. B) LA CONNAISSANCE CARACTÉRISÉE PAR L'HOMOGENEITE DE L'ESPRIT ET DE SES OBJETS. Une doctrine est idéaliste si elle affirme l'homogénéité du réel et de la pensée qui l'appréhende.

La chose est connaissable autant qu'elle s'apparente, par sa structure, à la structure de l'intelligence.

Ainsi, pour Platon, le monde des objets véritables est celui des idées, accessibles à l'intelligence affranchie du sensible.

Telle est encore la doctrine de Descartes, pour qui les «vraies et immuables natures » qui fondent notre connaissance du monde réel, sont des essences intelligibles.

Notamment, là matière, définie par l'étendue, est, dans son fond, perméable à l'intelligence ; elle n'a rien d'opaque ou d'impénétrable pour l'esprit du géomètre ; si bien qu'une connaissance achevée du monde physique le ferait entrer tout entier dans une chaîne d'équations mathématiques.

La doctrine de Hegel est aussi un idéalisme, en ce sens précis que, pour Hegel, l'objectivité ne fait qu'un avec la rationalité.. »

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