Liberté et responsabilité
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
RESPONSABILITÉ
Obligation de répondre de ses actes devant une autorité.
On distingue la responsabilité morale (je réponds de mes
actes « en mon for intérieur », c'est-à-dire devant le « forum », le tribunal intime de ma conscience morale) et la
responsabilité sociale devant les tribunaux (responsabilité pénale ou civile).
La responsabilité morale suppose deux
conditions : 1° la connaissance du bien et du mal; 2° la liberté.
La responsabilité pénale est liée à la responsabilité
morale (on cherche à punir l'intention délictueuse).
La responsabilité civile met l'accent moins sur la faute que sur le
dommage, et le responsable est celui qui peut payer réparation (d'où le système des compagnies d'assurance).
Des
« personnes morales », une société anonyme, l'État lui-même, peuvent être civilement responsables.
La question de la liberté se pose à l'homme, parce qu'il est un sujet, autrement dit parce qu'il est conscient.
Qu'est-ce qu'être conscient, en effet? Être conscient signifie d'abord qu'au moment où il sent, pense ou agit,
l'homme a au même moment conscience de sentir, penser ou agir.
Mais cela signifie aussi qu'il est capable de faire
retour sur ses sentiments, ses pensées et ses actes, pour les juger, les condamner ou les revendiquer.
Or
l'expérience du remords ou du regret témoigne d'un écart possible entre l'acte et l'intention ou l'acte et ses
conséquences.
L'homme se trouve alors confronté à l'obligation d'admettre comme siens des sentiments, des
pensées ou des actes sans pourtant pouvoir s'y reconnaître.
Cette obligation n'est pas seulement une obligation
auquel il se soumet lui-même, mais aussi une obligation qui lui est faite par autrui ou par la société.
Être responsable (du latin respondere, qui signifie « répondre »), c'est en effet pouvoir - mais aussi devoir répondre à cette question qui nous est posée : sommes-nous ou non l'auteur de nos pensées ou de nos actes ? Ce
qui revient à demander : étions-nous conscients au moment des faits ? Si oui, nous sommes tenus pour
responsables.
Du point de vue social et juridique, il n'est pas possible de se dérober.
Liberté et responsabilité sont
posées en même temps : nous sommes responsables, parce que nous sommes libres.
La liberté, on le voit, n'est pas
alors seulement un droit que nous pouvons revendiquer, mais encore et peut-être surtout une charge qu'il nous faut
assumer.
Pourtant, cette liberté que l'on nous prête, il nous arrive de la refuser.
Cette liberté n'est-elle pas finalement seulement supposée ? Sommes-nous responsables de choix dans lesquels
nous ne nous reconnaissons pas ? N'avons-nous pas été victimes de circonstances ou de déterminismes contre
lesquels nous ne pouvions agir ?
Sommes-nous condamnés à être libres ?
« Je suis condamné à être libre » : cette affirmation de Sartre peut certes
sembler paradoxale.
Elle exprime cependant avec force que la liberté se
confond avec la définition même de l'homme.
Si l'homme est libre, c'est parce
qu'il n'est pas un objet possédant des propriétés ou des caractéristiques
déterminées une fois pour toutes, mais qu'il est, au contraire, un sujet, c'està-dire une conscience.
Or la conscience n'est pas une « chose », mais ce par
quoi je me rapporte à quelque chose, dont je suis distinct : à ce passé que je
ne suis plus, au futur que je ne suis pas encore.
Prétendre expliquer ses
actes à partir d'une nature donnée une fois pour toutes - que ce soit pour
s'en décharger, ou au contraire pour les revendiquer - c'est se tromper soimême.
Car vouloir se ressaisir dans une identité rassurante est en fait
impossible : en l'homme « l'existence précède l'essence « Parce qu'il n'est
rien, l'homme est condamné à se faire, autrement dit l'homme n'est que ce
qu'il se fait.
Mais par les choix qu'il fait, y compris les plus personnels, l'homme
engage du même coup l'humanité tout entière.
En choisissant d'être un
certain type d'homme, nous affirmons en même temps la valeur de ce que
nous choisissons.
L'homme est « responsable de tous les hommes », nous dit
Sartre.
Sartre doit son immense notoriété à la vogue de
l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont
il
fut
considéré
comme
le
fondateur,
même
si
la
lecture
de
la
« Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a
profondément influencé.
Deux formules pourraient résumer sa conception de la
liberté.
La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): «
L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-.
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