L'hypothèse en histoire
Extrait du document
«
N.
B.
— sujet donné au baccalauréat à Paris.
Les correcteurs ont pu remarquer que quantité de
candidats, n'ayant fait aucun effort pour comprendre le sens de la question, se sont ingéniés à montrer
que l'histoire, étant faite pour la vérité, doit rejeter l'hypothèse.
C'était à la fois méconnaître ou ignorer le
sens de l'hypothèse dans toute science, et la place de l'histoire au milieu des sciences.
Cette dissertation se traitera en reprenant à grands traits les diverses questions qui se traitent sous le
titre de la méthode historique.
Il suffira de se donner une idée centrale, ou une ligne directrice, on
interprétant convenablement la définition même de l'histoire ou la caractéristique essentielle du fait
historique.
L'histoire a pour objet le passé, en lui-même, en tant que passé.
C'est donc une reconstruction de ce qui
ne peut plus et ne pourra plus être donné : il faut ainsi faire renaître le fait du document mort.
OEuvre
d'imagination (bien qu'appuyée sur des données), ce qui conduit à l'idée d'hypothèse.
Cette idée fera l'introduction.
Le développement sera donné en cherchant l'application de cette idée générale sous les aspects divers
ou aux différents degrés de la recherche historique.
1° Établir la valeur ou l'authenticité des témoignages (critique des sources) : les données ne sont
certaines que dans leur matière.
La valeur ne s'en établit que par tout le travail historique, ce qui ramène
au cas suivant.
2° Reconstituer les faits.
A) D'abord le fait en lui-même : hypothèse,.
car il s'agit à partir des témoignages ou des documents, de
dégager l'idée ou la formule du fait : par ex.
un auteur grâce aux dénombrements donnés par des pièces
notariées, testaments, contrats de mariage, etc., reconstitue ce qu'a été la vie rurale dans l'ancienne
France.
A cela ajouter le travail de reconstitution des textes, la recherche des lieux sous les désignations
oubliées ou incomprises, le déchiffrement des documents obscurs : d'où perpétuellement activité
imaginative, qui interprète, évoque, formule, pour interroger le document.
B) Constituer le récit : combler les vides, chercher l'ordre des événements qui ne sont souvent que la
conclusion de drames psychologiques sans écho dans les documents : affaire de finesse, de jugement,
d'invention, donc intervention incessante des hypothèses.
3° Expliquer, sous la forme, soit de la causation concrète des événements, soit des idées générales ou
lois : l'invention apparaissant ici comme dans toute recherche scientifique.
Conclusion.
— L'histoire, interprétation et évocation, n'est donc dans le travail qui la construit qu'une
vaste hypothèse.
Il est vrai qu'elle laisse toujours l'inquiétude du détail, mais la confrontation et le
recoupement des documents, aussi bien que des hypothèses dans leur rapport entre elles et leur rapport
aux documents, apportent une valeur d'ensemble, progressivement acquise, et à laquelle s'ajoute le
charme de la reconstruction.
On pourrait concevoir le même plan sous d'autres proportions : resserrer les exposés 1°, 2°, 3° et faire
une seconde partie d'une discussion plus étendue de la valeur des reconstitutions historiques; les toutes
dernières idées ci-dessus fourniraient la conclusion..
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