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L'homme se reconnaît-il dans ses passions ou dans leur maîtrise ?

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« POUR DÉMARRER Vous trouvez ici l'écho d'une controverse qui traverse toute l'histoire de la philosophie.

Elle tourne autour de la définition de la passion, d'une part, de l'idée que l'on se fait de l'homme, d'autre part.

Peut-on caractériser l'homme par ses inclinations non maîtrisables, ou au contraire, se définit-il comme esprit dominant par sa raison le caractère irrationnel de ces dernières ? CONSEILS PRATIQUES vous trouverez chez Platon, Descartes, Kant et Hegel, en particulier, les principales théories qui vous permettront de bien définir les différents aspects de la notion de passion tels qu'ils se sont présentés au cours du temps.

Toute la tradition classique privilégie sans ambiguïté la maîtrise des passions.

La définition hégélienne de la passion créatrice conduit, par contre, à s'interroger sur les limites de cette maîtrise : ne faut-il pas conserver certaines passions comme moteur essentiel de l'action humaine ? Enfin, Sartre affirme que la passion, libre, définit aussi bien l'homme que la raison. BIBLIOGRAPHIE DESCARTES, Les passions de l'âme, in oeuvres.

Lettres, Pléiade-Gallimard ou Éditions de poche. HEGEL, La raison dans l'histoire, 10/018-UGE. KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin.

PLATON, Gorgias, Belles Lettres ou Éditions de poche. SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, Nagel. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? La difficulté de la question réside dans l'expression "se reconnaître".

Il faut se demander : dans quoi l'homme se retrouve-t-il, dans quoi l'homme se connaît-il tel qu'en lui-même ? Et ce : "en lui-même" signifie-t-il : en tant qu'individu singulier, ou en tant qu'homme en général, conforme à l'idée d'humanité ? Cette problématique est délicate : elle a trait à la question lancinante de l'identité à soi, et à celle de la détermination d'une "essence" de l'homme. Qu'est-ce qu'un homme essentiellement : un être de désirs, un être de raison ? Et plus concrètement : dans quoi puis-je me "trouver" moi-même : dans mes désirs ou dans ma raison ? II - UNE DEMARCHE POSSIBLE . A - LE PRIVILEGE DE LA PASSION DANS L'OPINION. Il faut naturellement commencer par proposer l'analyse précédente.

Mais, pour donner consistance au sujet, on peut ensuite noter que la passion est, précisément du point de vue de la quête d'identité, spontanément privilégiée dans l'opinion commune. La passion, c'est à dire le sentiment ou le désir vécu comme exclusif et entièrement absorbant, est régulièrement évoquée comme le "critère de vérité" d'un choix, par exemple dans la publicité. De ce point de vue, je suis ce que je fais avec passion.

Cette valorisation "opinante" de la passion n'est pas nouvelle, on la trouve déjà dans la bouche des sophistes confrontés à Socrate dans les dialogues de Platon. (Calliclès par exemple). L'important, de ce point de vue, serait d'avoir le plus possible de désirs, et la possibilité de les réaliser. Sans simplification abusive, on trouvera aussi chez Nietzsche l'idée que, derrière le vernis des choix rationnels, c'est dans des affects et des choix de la sensibilité que se "reconnaîtrait" la vérité de l'individu. Un développement était possible également sur le freudisme : La libido comme "noyau" du sujet, comme lieu de la vérité de son histoire. B - LA MAITRISE DE SOI COMME VRAIE LIBERTE. On trouve, chez Platon déjà, une réfutation de cet abandon à la passion.

La passion, comme son nom l'indique, est "subie", elle m'est, dans son origine et dans ses exigences, opaque et donc étrangère. Elle est à proprement parler de l'ordre de ce que Kant nomme l'hétéronomie, la soumission du sujet à une loi dont il ne peut répondre.

Dans la passion, l'homme ne répond pas de lui-même : il est irresponsable. C'est donc du côté de la maîtrise de soi qu'il faudrait chercher l'identité à soi.

Hors la maîtrise de soi-même et de ses. »

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