L'homme s'accomplit-il dans le travail ?
Extrait du document
«
RAPPEL DE COURS: TRAVAIL & HOMME
Cette valorisation malgré tout de l'activité que représente le travail
pourrait être l'indice que le travail ne se réduirait pas à la nécessité
biologique (il faut travailler pour vivre).
D'abord il a une valeur morale
: il oblige à l'effort et à la persévérance.
Ainsi Alain pense-t-il que le
travail est une éducation de la volonté.
Il est même une éducation à
la liberté, car nous ne sommes libres que si nous ne subissons pas le
monde, et nous ne le subissons pas si nous pouvons le modifier grâce
à notre travail.
Un monde où tout serait donné à l'homme, où l'on
n'aurait pas besoin de travailler, où les fleuves seraient de lait et les
rochers en chocolat est un rêve infantile, dit Alain, le rêve de
quelqu'un qui ne connaît que ses désirs, qui est incapable de les
discipliner en se confrontant à la réalité et qui ne peut donc que se
laisser dominer par elle.
Mais il y a plus : le travail serait le propre de
l'homme, ce qui permet à l'homme de réaliser son humanité.
C'est ce
que veut montrer Hegel dans sa célèbre dialectique du maître et de
l'esclave.
Le maître fait travailler l'esclave pour la satisfaction de ses
propres besoins et finit ainsi par en dépendre, tandis que l'esclave
grâce à son travail plie la nature à sa propre volonté.
L'esclave
devient ainsi le maître du maître et le maître l'esclave de l'esclave.
Marx reprendra cette idée générale de Hegel : l'homme se réalise
dans et par son travail parce qu'il peut s'y reconnaître.
En promouvant le travail au rang des activités essentielles de
l'homme, Hegel et Marx prennent le contre-pied d'une idée ancienne.
Dans la Grèce antique, les activités de production (le travail) sont
plutôt considérées comme une des plus animales et des moins nobles.
C'est pourquoi on peut la confier à des esclaves, qu'Aristote
considérait comme des « machines animées ».
L'homme libre, lui, ne
travaille pas, et il ne viendrait pas à l'idée de Platon ou d'Aristote de
décrire les activités intellectuelles (philosophie, sciences) ou l'action
politique comme du « travail ».
Ainsi Aristote distingue-t-il trois types
de sciences : les sciences « théorétiques » (c'est-à-dire théoriques,
comme la philosophie, les mathématiques ou la physique), les
sciences « pratiques », c'est-à-dire les sciences de l'action (comme
la politique) et les sciences qu'il appelle « poïétiques », du grec
poïésis, qui veut dire fabrication, c'est-à-dire les connaissances dont
on a besoin pour fabriquer des objets.
Le travail relève à l'évidence
de cette troisième sphère.
Or ces sciences sont d'inégale dignité.
Les
sciences « théorétiques » sont les plus éminentes, parce que les plus
désintéressées (elles cherchent à savoir pour savoir), les sciences
«poïétiques» les plus inférieures, car les plus
assujetties au règne de la nécessité.
Pour Aristote, l'homme qui
philosophe accomplit davantage son humanité que l'homme qui
travaille.
C'est cette hiérarchie des activités humaines que, contre Hegel et
Marx, la philosophe américaine Hannah Arendt veut réhabiliter en
cantonnant le travail dans la sphère biologique (il faut travailler pour
vivre) : une œuvre n'est pas simplement un produit.
Quelle est donc
la signification véritable du travail humain ? Nécessité vitale ou
dignité de l'homme ? Cette question est une des questions centrales
de la philosophie contemporaine.
[Introduction]
Le travail est très souvent perçu comme un temps douloureux, au cours duquel l'être humain est soumis à des
contraintes extérieures, et qu'il lui tarde de voir finir.
La société contemporaine a d'ailleurs fait des loisirs — qui par
définition désignent l'absence de travail imposé — une sorte de domaine privilégié, par principe positif et désirable :
temps de repos et de reconstitution de soi-même, qui, par chance, vient périodiquement équilibrer la douleur et la
fatigue du travail.
Au point d'aboutir
à un paradoxe : on travaille désormais pour bénéficier de loisirs, mais la consommation qu'occasionnent ces derniers,
soigneusement entretenue par le système économique, peut aussi obliger à travailler davantage...
Faut-il s'en tenir
à ce que véhicule l'opinion, ou peut-on analyser autrement le travail, pour constater par exemple qu'en son
absence, l'homme ne peut s'accomplir en tant que tel ?
[I - La mauvaise réputation du travail]
[A.
Le travail comme marque de sous-humanité].
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- l'homme s'accomplit-il dans le travail ?
- L'homme s'accomplit-il dans le travail
- Ce que l'homme accomplit par son travail peut-il se retourner contre lui?
- L'homme s'accomplit-il dans le travail ?
- Ce que l'homme accomplit par son travail peut-il se retourner contre lui ?