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l'homme recherche-t-il la vérité par simple curiosité ?

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« Le thème de cet énoncé porte sur la recherche humaine de la vérité.

Celle-ci est interrogée en vue d'en connaître tant la cause efficiente que la cause finale, c'est-à-dire qu'il s'agit de penser les motivations de la recherche de la vérité en termes d'origine et de finalité – ceci est permis par l'emploi de la préposition “ par ” signifiant tant le moyen et que le but escompté comme réalisation du moyen (le “ par ” devenant dès lors “ pour ”). Cette dichotomie dans l'acception de la préposition est redoublée par l'ambiguïté ici caractéristique de la notion de “ curiosité ”.

En effet, dans un tel contexte (celui de la recherche de la vérité interrogée relativement à ses cause et fin), la curiosité peut tout autant signifier l'indifférence que le désintérêt.

Distinguer deux sens possibles de la notion de curiosité conduit à constituer une opposition double structurant le problème même de l'énoncé : opposition entre figures de chercheurs (de la vérité) ainsi qu'entre natures propres de la vérité.

Les figures de chercheurs opposées reproduisent le clivage platonico-aristotélicien du sophiste et du philosophe, tandis que les natures opposées de la vérité sont à penser en termes de finalité en soi (vérité désintéressée étant à elle-même sa propre fin) et vérité ‘spirituelle' (au sens foucaldien impliquant une transformation rétroactive du sujet-chercheur par la vérité découverte). En conséquence de la position et de l'explicitation du problème majeur de l'énoncé, deux enjeux cardinaux peuvent constituer l'armature du propos à développer : premièrement, et à l'aide des instruments herméneutiques nietzschéens (le soupçon), questionner la possibilité de l'existence et le sens de la pure curiosité (dans le cadre de la recherche de la vérité) ; puis, dans un second mouvement, tenter une détermination du caractère propre la recherche authentique, c'està-dire (peut-être) l'unique possible, de la vérité. I.

Mensonge et intérêt La philosophie, telle est l'appréhension de son phénomène comme entame d'une activité partagée par Aristote et Platon (bien que selon des modalités divergentes), s'enracine dans l'étonnement.

De l'étonnement émerge le désir de savoir, de comprendre afin de pouvoir rendre compte.

Ainsi en est-il de l'impulsion à la recherche de la vérité par la curiosité.

Mais une telle cause (l'étonnement) peut avoir des conséquences radicalement opposées.

En effet, les philosophes présocratiques se trouvent traditionnellement caractérisés, outre leur aspect de physiologues, par leur polymathie. Experts en toute chose, ils aspirent à l'universel par sommation de la multiplicité (Pythagore).

Cette entreprise devient chez Platon un trait distinctif de l'attitude du sophiste, et se trouve dévaluée parce que sans intérêt pour le vrai non mercantile et profitable financièrement. Ainsi, la curiosité ne peut être la seule motivation de la recherche (honnête) de la vérité, car laissée à elle-même elle conduit à l'anarchie tyrannique de l'opinion intéressée.

Alors et afin d'être maîtrisée, la curiosité exige l'instrument de la méthode propre à la philosophie que sont le concept et la dialectique (Phédon).

D'une telle mise en forme méthodologique de la vérité, Descartes est un héritier direct.

Avec Descartes, la recherche de la vérité s'effectue indépendamment de tout intérêt et de toute prise en compte des conséquences pratiques (c'est-à-dire également morales).

Désintérêt et autotélisme de la recherche (être à soi-même sa propre fin est distinctif de la philosophie dès Aristote) seraient-ils symptomatiques de la pure curiosité ? Mais l'entreprise rationnelle cartésienne n'est pas neutre.

En effet, elle procède avec violence à l'exclusion de la nonrationalité (le rêve et la folie).

L'exclusivité de la rationalité cartésienne, autrement dit le fait pour la raison de se constituer sur fond de tératologie, est irrationnelle, et véritablement intéressée : la pure curiosité est mensonge.

Ainsi la philosophie s'entame-elle dans une crise d'avec elle-même (Derrida). II.

Recherche authentique La raison en quête de vérité est ainsi toujours déjà, et au principe même de sa démarche, intéressé, c'est-à-dire non neutre et impartiale mais constituée dans la crise par la nécessité de l'exclusion de son contraire afin de se rassurer de “ la terreur avouée de [pouvoir] être fou ” (Derrida, Cogito et histoire de la folie).

Ainsi avec Kant, dans la Préface à la seconde édition de la première critique, s'opère l'autolimitation de la raison, en d'autres termes l'imposition de limites à la raison par elle-même afin de faire place à la croyance.

La vérité authentique se déplace. Ce déplacement du lieu de la vérité authentique trahit implicitement l'intérêt pris par la raison à la construction de la possibilité du désintéressement (dans la sphère de l'agir moral kantien).

Cet intérêt propre à la recherche par la raison de la vérité (morale : le Bien) est conditionnel de la possibilité de son existence et invalide toute possibilité d'une recherche authentique de la vérité qui ne soit mue que par “ la simple curiosité ”. La recherche de la vérité, devenue méthode (dès Socrate), se redéfinit avec Kant par sa dimension spirituelle par son caractère d'efficience rétroactive sur la nature et l'identité de chercheur en quête de vérité.

Découvrant lé vérité, ou du moins y aspirant, le sujet est modifié réflexivement sur le plan éthique : vouloir connaître le vrai se fait au nom d'un devenir autre du sujet, et jamais n'est indifférent. Conclusion - Dans la recherche de la vérité, l'individu met en jeu la possibilité de constitution de soi-même par soi-même en subjectivité (Foucault) ; comment dès lors pourrait-il simplement être curieux d'exister comme sujet ?. »

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