l'homme raisonnable peut-il être heureux ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet : La faculté de juger, de distinguer le bien du mal et le vrai du faux, un moyen d'atteindre le
bonheur conçu comme état de satisfaction complète, comme existence en harmonie avec la Nature ?
Conseils pratiques : Une problématique très classique.
Utilisez, en particulier, vos connaissances relatives à la
philosophie antique (selon laquelle la raison conduit au bonheur).
Qu'est-ce que le bonheur ? Les Anciens le définissaient comme l'état de celui qui vit en accord avec sa nature et
avec la Nature, autrement dit dont les désirs sont assez sages pour ne jamais être contrariés.
Selon les stoïciens,
c'est un entendement sage (sachant distinguer ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas) qui permet
d'atteindre le bonheur.
Chez eux, le fait d'être raisonnable est bien la condition de possibilité même du bonheur.
La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside strictement dans notre propre volonté.
Nul
autre que soi n'est maître de ce qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des choses sur
lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.
Les obstacles ou les contraintes que nous
rencontrons sont hors de nous, tandis qu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,
libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut agir.
Il s'agit dès lors de veiller sur ce
bien propre, et de ne pas désirer celui des autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous
empêcher de faire.
Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur, chacun est aussi l'artisan de son propre
malheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.
Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et
nous soumettons.
Nul ne nous oblige à croire ce que l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas
nous devenons dépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de
raison à autrui qu'à nous-mêmes.
Enfin, à l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou
même de nos propres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui est requise dans l'habileté du
jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu.
Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul
ne nous oblige en effet que notre propre volonté.
Les Modernes, en faisant de cette notion la condition de l'homme dont les moindres désirs sont réalisés, l'ont réduite
à un idéal suspect et chimérique: un pur idéal de l'imagination.
Pour Kant, la raisonnabilité n'est pas la condition du
bonheur mais bien la faculté nous amenant à renoncer à la félicité au nom de la morale.
« Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination,
fondé uniquement sur des principes empiriques.
» KANT.
Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de
métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critique
de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de la
morale avec les « Fondements de la métaphysique des moeurs » (1785) qui
précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de la
raison pratique » (1788).
On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questions
de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le tout
complet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu
(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous ne
pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les
limites de l'expérience effective possible.
Un savoir métaphysique
transcendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est
impossible.
Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interroge sur les
conditions a priori de possibilité de la connaissance.
Une fois ce travail
accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale,
en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action morale.
C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la
métaphysique ».
Et passant en revue les thèmes traditionnels de la
philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de
l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des moeurs »), de mettre fortement en
question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard
d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un
idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait
vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences
en réalité infinie.
»
« Un impératif qui puisse commander...
» Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT.
On sait
que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.
Mais notre monde humain n'est pas seulement celui
de la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.
Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtres
raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selon leur
volonté.
Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon la
représentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.
Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à des
lois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et qui.
»
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