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L'homme qui gagne sa vie est-il fatalement "perdu pour le livre" ?

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Paul Valéry, dans ses Regards sur le monde actuel, estime que, dans notre civilisation, l'homme qui gagne, sa vie est fatalement perdu pour le livre. Ce propos pessimiste repose sur des arguments manifestement exacts. Mais une meilleure organisation des loisirs devrait permettre de porter remède à cette situation. La crise du livre et de la lecture est dénoncée depuis longtemps dans notre pays. Des facteurs nouveaux risquent de l'aggraver au détriment des travailleurs. Paul Valéry dénonce deux facteurs de la crise du livre : la réduction du temps disponible, l'accroissement de la concurrence à l'encontre du livre.

« Paul Valéry, dans ses Regards sur le monde actuel, estime que, dans notre civilisation, l'homme qui gagne, sa vie est fatalement perdu pour le livre. Ce propos pessimiste repose sur des arguments manifestement exacts.

Mais une meilleure organisation des loisirs devrait permettre de porter remède à cette situation. La crise du livre et de la lecture est dénoncée depuis longtemps dans notre pays.

Des facteurs nouveaux risquent de l'aggraver au détriment des travailleurs. Paul Valéry dénonce deux facteurs de la crise du livre : la réduction du temps disponible, l'accroissement de la concurrence à l'encontre du livre. L'homme qui travaille ne dispose que d'une heure par jour à consacrer à la lecture.

Cette heure est consacrée, non pas au livre, mais à la lecture du journal ou des faits divers.

Depuis cinquante ans, la durée hebdomadaire du travail s'est réduite, mais le temps disponible ne s'est pas nécessairement accru pour les travailleurs.

Beaucoup souffrent au contraire d'un allongement excessif de la durée des transports. Le livre, qui souffrait de la concurrence de la presse ou des publications médiocres, doit maintenant en affronter une beaucoup plus redoutable, celle de l'audio-visuel : la bande dessinée, la radio et le cinéma, et surtout la télévision. En outre, du fait de l'augmentation du prix du papier et des coûts de la distribution, le livre est devenu plus onéreux. La « crise du livre » est donc dénoncée de nos jours encore plus fréquemment que du temps de Valéry. Ce pessimisme doit toutefois être nuancé.

La situation peut être améliorée par une meilleure organisation des loisirs, ainsi que par d'autres actions générales. Paul Valéry avait pensé au loisir quotidien en lui attribuant une heure.

Il conviendrait d'abord, si l'on s'en tient à ce chiffre, de bien utiliser cette heure. Mais il est évidemment indispensable de tenir compte de l'évolution de la société depuis son temps, le repos hebdomadaire est passé à deux jours par semaine, et passera probablement à trois jours pour beaucoup de travailleurs à la fin du siècle.

Il faut aussi mentionner l'institution et le développement des congés annuels.

Ceux-ci sont passés de quinze jours (Front populaire) à un mois en moyenne pour la plupart des travailleurs, et certaines professions bénéficient d'un régime plus favorable. Il convient de réserver à la lecture une part plus importante dans ces loisirs.

Les bibliothèques doivent être développées par les municipalités, les associations culturelles et même les entreprises.

La télévision, qui reste une concurrente redoutable, pourrait consacrer davantage d'émissions à la littérature, inciter à lire plus, et conseiller dans le choix des livres.

Il faut mentionner aussi une nouvelle forme de lecture : celle des banques de données informatisées. C'est surtout dès l'école qu'il convient de développer le goût pour la lecture.

Une fois celui-ci acquis, l'homme pourra mieux se réserver le temps de lire, et sera en mesure de revendiquer une organisation sociale plus propice au développement culturel.. »

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