l'homme politique est un pragmatique. ?
Extrait du document
«
Selon le sens commun, être pragmatique, c'est agir ou penser selon la pratique, dans un souci d'efficacité.
Ainsi, un
homme politique pragmatique serait celui qui chercherait à s'éloigner des pensées abstraites pour se consacrer au
versant concret de la situation.
Or, cela est particulièrement visible en démocratie, l'homme politique est également un homme de pensée, de
convictions, et son action se trouve dirigée par ces idées.
Quels sont donc les critères d'action de l'homme
politique ? Peut-il se limiter à celui de l'utilité ou du succès ? Les enjeux de tels problèmes relèvent également de la
morale, dans la mesure où il s'agit de dresser des règles de bonne gouvernance.
L'HOMME POLITIQUE AVANT TOUT PENSEUR
-
Platon suggère dans La République que le rôle de gouvernant revienne aux philosophes, dans la mesure où
seuls ces derniers ont pu contempler les Idées et de rapprocher ainsi du Bien.
Platon conçoit la Cité sur un
modèle de pensée : celui de l'âme bien gouvernée.
Sa Cité doit être à l'image d'une vie intérieure ordonnée.
L'homme politique doit introduire du raisonnable dans l'animal social qu'est l'homme.
Ainsi Platon écrira: « Tant
que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains
ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes […] il n'y aura de cesse aux maux des cités, ni, ce me
semble, à ceux du genre humain.
»
Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate
pour le fondateur véritable de la philosophie politique.
Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire
descendre la philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et
pour l'obliger à faire des recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal
».
en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que
constitue la « République ».
Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.
Tout y est présenté sous la forme
habituelle mais hautement complexe du dialogue.
Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate
développe une image de la cité idéale.
Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage
dont le philosophe se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'estil rien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Et
dans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions et réponses sans que l'ironie
soit jamais totalement absente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la fausse
simplicité d'une conversation entre philosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il
nous faudra ici ignorer pour tenter de cerner l'image du politique qui se dégage de la « République ».
Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.
Il décrit une société fortement
hiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté
parfaite.
Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité
aussi parfaite que celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.
Avec beaucoup de prudence, car il sait ce
que sa réponse peut avoir de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire
à qui veut changer radicalement la société: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.
Socrate déclare : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle
aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance
politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui
poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans
l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à
ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut
l'être, et ne verra la lumière du jour.
Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion
commune.
Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et
pour les particuliers.
»
Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que
comme un insoutenable paradoxe.
Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.
En ce sens, la « République » est
autant un traité de la philosophie qu'un traité de la politique.
Par là même se marque combien, aux yeux de
Platon, sont indissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.
Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».
Socrate les présente comme « ceux qui
aiment le spectacle de la vérité ».
Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine
Platonicienne, entre la science et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des
apparences, sont incapables de s'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom
de « philosophe » - «qui aime la sagesse » - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ».
C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.
Au début du livre
VI, Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de
mémoire, de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de la
justice, du courage et de la tempérance ».
Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la
cité ?
Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate, un autre des interlocuteurs (Adimante)
s'insurge contre les conclusions auxquelles il aboutit.
Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à la
philosophie, et qui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y.
»
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