L'homme peut il vivre heureux sans spiritualité ?
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Ce sujet peut faire penser à l’ouvrage relativement récent de Gilles Châtelet Vivre et penser comme des porcs qui dénonce en partie l’individualisme contemporain, la pensée unique lénifiante de la modernité. Une pensée unique liée à notre société de consommation de masse qui a laissé au second plan nombre de forme de spiritualité pour laisser place à une temporalité rapide qui ne laisse aucune place à la contemplation pourtant nécessaire à la réflexion. Aussi, faut-il se demander si le bonheur est possible sans spiritualité, simplement en cherchant le plaisir pour lui-même.
1) Une confusion moderne entre loisir et bonheur.
2) Le bonheur mérite-t-il réflexion ?
3) Le bonheur dans Dieu et la spiritualité.
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Ce sujet peut faire penser à l'ouvrage relativement récent de Gilles Châtelet Vivre et penser comme des porcs qui
dénonce en partie l'individualisme contemporain, la pensée unique lénifiante de la modernité.
Une pensée unique liée
à notre société de consommation de masse qui a laissé au second plan nombre de forme de spiritualité pour laisser
place à une temporalité rapide qui ne laisse aucune place à la contemplation pourtant nécessaire à la réflexion.
Aussi, faut-il se demander si le bonheur est possible sans spiritualité, simplement en cherchant le plaisir pour luimême.
1) Une confusion moderne entre loisir et bonheur.
D'abord défini négativement par rapport aux obligations et aux finalités imposées par les organismes de base de la
société, le loisir se définit positivement par rapport aux besoins de la personnalité, même quand celle-ci les réalise
dans un groupe de son choix.
Dans la presque totalité des enquêtes empiriques, le loisir est marqué par la recherche
d'un état de satisfaction de l'individu, pris comme une fin en soi.
Cette recherche est de nature hédonistique.
Certes
le bonheur ne se réduit pas au loisir, il peut accompagner l'exercice des obligations sociales de base.
Mais la
recherche du bien-vivre, du plaisir, de la joie est un des traits fondamentaux du loisir de la société moderne.
Marthe
Wolfenstein a parlé à son sujet d'une « éthique du divertissement » Lorsque cet état de satisfaction cesse ou se
détériore, l'individu a tendance à ne plus poursuivre l'activité de loisir, à laquelle nul n'est enchaîné par un besoin
matériel ou un impératif moral ou juridique de la société comme dans l'activité scolaire, professionnelle, civique ou
religieuse.
Quoiqu'une pression sociale ou une habitude puissent contrarier la décision de cesser une activité de
loisir, cette activité appartient à l'individu plus que dans n'importe quel autre domaine.
Dans le loisir, la recherche
d'un état de satisfaction est bien la condition première de toute tension, de toute attention, de toute
concentration.
Elle peut être aussi un effort volontaire, une joie différée.
Dans le jeu contre les éléments, contre un
homme ou contre soi-même, la recherche de la performance ou de la sagesse peut entraîner un effort plus intense
que le travail professionnel, et égal à une ascèse religieuse.
Une cordée de montagne, une équipe sportive peuvent
exiger une discipline sévère, mais celle-ci est librement choisie dans l'attente d'une joie désintéressée.
Le caractère
hédonistique est si fondamental dans le loisir que, lorsqu'il ne procure pas la joie, la jouissance attendue, son
caractère est trahi : « Ce n'est pas intéressant », « ce n'était pas drôle ».
Le loisir est alors un loisir appauvri.
Cette
recherche du bonheur et de la joie instantanée donne un caractère de « zapping » à l'existence, à cloisonner la vie
entre les « moments de bonheur » et la vie professionnelle.
Le bonheur pour l'homme moderne ne se résumant plus
qu'à la partie libre de son existence, son existence de loisirs.
Le loisir est directement lié à la détérioration possible
de l'individu (par exemple l'alcoolisme) ou à la libre défense de son intégrité contre les agressions d'une société
industrielle et urbaine de plus en plus éloignée des conditions de vie naturelles, de plus en plus chronométrée, de
plus en plus organisée.
Il est lié à la réalisation, encouragée ou contrariée, des virtualités désintéressées de l'homme
total, conçue comme une fin en soi, en relation ou en contradiction avec les besoins de la société.
D'une part, il
offre à l'homme les possibilités de se libérer des fatigues physiques ou nerveuses qui contrarient les rythmes
biologiques de la personne : il est pouvoir de récupération, ou de désœuvrement.
D'autre part, il offre la possibilité
de se libérer de l'ennui quotidien qui naît des tâches parcellaires et répétitives, en ouvrant l'univers réel ou
imaginaire du divertissement, permis ou défendu par la société.
Enfin, il permet à chacun de sortir des routines et
des stéréotypes dus au fonctionnement des organismes de base, en donnant accès à un libre dépassement de soimême et à une libération du pouvoir créateur en contradiction ou en harmonie avec les valeurs dominantes de la
société.
Finalement, l'individu ne cherche que la distraction à court terme, ce papillonnement de buts cache-t-il, at-il pour suite réel le bonheur ?
2) Le bonheur mérite-t-il réflexion ?
Le bonheur : il est ce que chacun désire, non en vue d'une autre chose (comme on désire l'argent pour le luxe ou le
luxe pour le plaisir) mais pour lui-même, et sans qu'il soit besoin - ni, d'ailleurs, possible - d'en justifier la valeur ou
l'utilité.
« À quoi bon être heureux ? » À cette question saugrenue il n'est pas de réponse, et c'est à quoi le bonheur
se reconnaît : il est le désirable absolu, qui vaut par soi seul, la satisfaction ultime vers quoi toutes les satisfactions
tendent, le plaisir complet sans lequel tout plaisir est incomplet.
C'est le but sans but (en tout cas sans autre but
que lui-même) et le contentement sans reste.
Le bonheur est le souverain bien ; le souverain bien est le bonheur.
Tout être tend vers son bien, et le bonheur est le bien de l'homme.
Il est donc, dans toute action, dans tout choix,
la fin que nous visons et en vue de laquelle nous faisons tout le reste.
Fin parfaite, dit Aristote, en ceci que le
bonheur est « toujours désirable en soi-même et ne l'est jamais en vue d'une autre chose » (I, V).
Rien ne sert qui
ne serve, directement ou indirectement, au bonheur ; mais le bonheur, lui, ne sert à rien.
Il n'est ni instrument ni
moyen (si on était heureux pour une autre chose, c'est cette autre chose qui serait le bonheur), mais fin,
uniquement fin et, par là, fin absolue : « Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d'une autre chose, à
l'exception du bonheur, qui est une fin en soi » (X, VI).
Il est la fin des fins.
Le bonheur n'est pas un bien parmi
d'autres, il n'est même pas, en toute rigueur, un bien (car alors seraient suprêmement désirables non le bonheur,
mais le bonheur plus les autres biens, et ce serait cette somme qui serait le bonheur) et pourtant « la chose la plus
désirable de toutes » (I, V), qui seule est capable d'apaiser le désir.
3) Le bonheur dans Dieu et la spiritualité.
Aussi, on est en droit de se demander si le but ne s'est perdu dans la modernité, si les hommes sont encore
conscients qu'ils poursuivent une fin en soi qui est le bonheur ou cherche-t-il juste le divertissement ? L'homme ne.
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