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L'homme peut-il se contenter de vivre en paix ?

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« Termes du sujet: PAIX: Absence de conflit armé entre des nations, des États, des groupes humains.

Par extension, concorde, entente. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. Problématique: La paix de l'âme est la félicité suprême du sage.

Il a renoncé aux vanités de ce monde.

Mais, cet idéal n'est-il pas trop modeste? Il faut avoir beaucoup vécu pour se contenter de la paix intérieure.

Celle-ci est cependant compatible avec un certain engagement dans le monde. En une époque où le progrès quantitatif et qualitatif des armements a rendu possible la destruction de la Terre, où l'exacerbation des tensions internationales fait redouter l'usage de ces armements, il semble paradoxal de mettre en question la valeur de la paix.

Au moins en paroles, tout le monde est convaincu de la nécessité de défendre la paix, comme condition de l'existence de toutes les autres valeurs, et de l'humanité elle-même. Mais la paix est-elle la valeur suprême, au-dessus de laquelle il ne faudrait rien mettre ? Peut-on accepter, pour sauvegarder la paix, de renoncer à tout, par exemple à la liberté ou à l'honneur ? Avant de répondre à ces questions, il sera bon d'examiner les raisons que nous avons de tenir la paix pour l'une des valeurs les plus hautes. Ceci ne sera pas possible sans interroger le sens même du mot « paix » , qui peut désigner plusieurs états bien différents. Ce qui nous détermine pour la paix, c'est d'abord un refus de la guerre.

L'humanité possède aujourd'hui une longue expérience des conflits armés et sait que la guerre est un mal absolu.

Peut-on, sauf à tout ignorer des atroces réalités de la guerre, ne pas vouloir la paix à tout prix ? Certes, la guerre ne devrait pas être horrible.

En tant que relation d'Etat à État, la guerre est un phénomène de civilisation codifié par un droit.

Dans le Contrat social (Livre I, eh.

4) Rousseau fait le portrait de la guerre telle qu'elle devrait être ; ne concernant pas les individus mais les États, la guerre est théoriquement au-delà des manifestations sauvages de la violence et de la cruauté ; les armes n'y doivent servir qu'à vaincre l'État adverse, non à massacrer ou à piller. Le malheur est qu'aucune guerre réelle n'a jamais consenti à correspondre à cette vision idéale.

Les guerres ont toujours été le déchaînement, non l'utilisation maîtrisée, de la violence.

Comment en serait-il autrement? Née d'un rapport de forces, la guerre ne peut se poursuivre qu'en dehors de tout droit.

Dans le film de Francis Copula sur la guerre du Viêt-nam : Apocalypse Noé, l'un des personnages constate : « Poursuivre les criminels de guerre au Viêt-nam ? Autant dresser des procès-verbaux pour excès de vitesse aux 24 heures du Mans ! » Assurant l'impunité, excitant les haines xénophobes, la situation de guerre est propice à tous les crimes.

Qu'on se souvienne seulement des Oradour-sur-Glane, des camps de Sabra et Chatila. Plus fondamentalement, le caractère immoral de la guerre tient au fait que l'homme, matériel humain pour des combats, y est toujours considéré et utilisé comme moyen.

Alain, dans Mars ou la guerre jugée, voit dans cet usage criminel que la guerre fait de l'homme une raison essentielle pour désigner la guerre comme la négation de toutes les valeurs (Ch.

LXXIII « Le cadavre »). Mais de ce que la guerre est une sorte de mal absolu, faut-il conclure que la paix est une valeur en tant que telle? Cette conclusion serait légitime si l'on pouvait définir la paix comme l'absence de troubles, de conflits, de guerres. En ce sens négatif du mot paix », où « paix » n'est pas différent de calme, on peut dire que la paix règne dans les cimetières.

Mais dans le Traité politique, Spinoza met en évidence l'insuffisance d'une définition seulement négative de la paix. On ne saurait appeler « paix » la simple absence de guerre, de troubles, qu'un État peut par exemple obtenir sur son territoire en faisant régner la terreur.

Si la paix ne contient rien de plus que le calme, elle n'est qu'un fait, une sorte de heureux hasard.

Rien ne garantit qu'elle durera; le calme souvent précède la tempête. La réflexion de Kant, dans le Projet de paix perpétuelle, a profondément renouvelé le concept de paix.

Kant a montré qu'il n'y a de paix authentique que garantie par un accord fondé sur le droit.

La paix entre les États exige que ceuxci sortent de l' « état de nature » pour entrer dans l' « état civil ».

Tant que deux États vivent simplement l'un à côté de l'autre, tant qu'aucun droit ne garantit la permanence d'une relation pacifique, le risque de guerre existe. Tout état de nature est un état de guerre en puissance.

Garantie par des traités, la paix véritable est perpétuelle.. »

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