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L'homme peut-il éviter de faire la guerre ?

Extrait du document

« Introduction Héraclite affirmait déjà que la guerre (en grec « polemos ») est père de toutes choses.

La vie serait ainsi elle-même conflit permanent de forces ou d'entités opposées.

L'homme est disposé, à son état naturel, à se conserver, à défendre son être fragile.

D'où l'idée qu'il doit se construire socialement pour ne plus vivre dans un milieu hostile, où seuls comptent les intérêts primaires de chacun.

Mais une fois civilisé, l'homme est-il à l'abri des conflits ? Il n'en est rien.

Et en plus, fondamentalement, l'homme est en lui-même ambivalent, et ne peut se maintenir dans le repos.

Il doit satisfaire sa tendance instinctive à la violence dans des actes concrets. I.

Violence naturelle et violence sociale a.

Les pensées dites « contractuelles » présentent l'homme à l'état de nature, puis son adhésion à un groupe social.

Selon Hobbes, dans le Léviathan, l'homme n'est pas un être sociable par nature.

Car dans l'état de nature, tous les hommes ont le droit de faire ce qu'ils veulent.

Tout homme a la liberté d'utiliser ses pouvoirs naturels et tous les moyens pour se conserver.

Comme chacun poursuit son avantage au détriment de l'autre, et comme des hommes de plus en plus nombreux recherchent la même chose, il est clair « que l'état naturel des hommes avant qu'ils se réunissent en un Etat, était la guerre, et […] la guerre de tous contre tous ».

Seul un contrat social permettra aux hommes d'engager la paix et d'obéir à un tiers. b.

Il est difficile d'éradiquer la violence entre les hommes quand chacun a la possibilité de se rendre propriétaire d'un site naturel.

C'est Rousseau qui dénonce cette imposture originelle qu'est le droit à la propriété privée : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile » (Discours sur l'origine de l'inégalité).

Et celui qui s'avise d'aller à l'encontre de ce désir de propriété se voit devenir un ennemi, et attire sur lui les guerres, les crimes etc.

L'Etat lui-même est ainsi fondé sur la violence. c.

Rejeter l'Etat revient à ne plus avoir d'autorité capable de réguler les masses.

Ainsi l'anarchie est une doctrine politique désirant une absence d'autorité organisatrice, refusant toute autorité au-dessus de l'individu.

Proudhon et Bakounine reprendront ce sens, tout en pensant que seule une révolution fera disparaître l'Etat : Bakounine affirme : « ni Dieu ni maître ».

L'anarchisme se caractérise en général par un refus de toute autorité religieuse ou politique, une critique de l'Etat quel qu'il soit, car il empêche la libre expression de l'individu en réglementant sa vie sociale, et l'idéal d'une organisation de la société par elle-même, sans institutions ou appareils d'Etat, fondée sur l'association des producteurs (mutuelles, coopératives) et l'absence de propriété privée.

De plus l'Etat est source de guerres bien plus meurtrières que de simples conflits individuels.

Les anarchistes pensent qu'une démocratie directe est seule à pouvoir donner à chacun une liberté d'expression.

C ar avec un tel dispositif, chacun est en mesure de faire entendre sa volonté (influence de Rousseau). II.

La lutte pour la reconnaissance et la ruse de la raison a.

Avec Hegel, le face à face entre hommes est toujours une lutte pour la reconnaissance qui implique la vie et la mort.

Les deux consciences se mettent en péril, en mettant la vie de l'autre en péril.

Il y a toujours en sortant de ce conflit une conscience qui préférera conserver sa vie, ainsi renoncer à sa liberté.

L'autre est ainsi reconnu comme étant le seul libre.

Ce rapport constitue génétiquement le rapport de maîtrise et de servitude.

Ainsi une conscience se soumet à un maître.

Il y a toujours dans l'histoire, telle est la conviction de K.

Marx, une lutte des classes.

Mais la victoire appartient-elle vraiment au plus fort (physiquement, économiquement, politiquement) ? b.

Ainsi, selon cet idéaliste allemand, toutes ces guerres, ces sacrifices, permettent l'avancée de la raison.

Cette théorie paradoxale affirme que les peuples sont les instruments inconscients de l'Esprit du monde, tout comme les grands hommes à travers lesquels s'instaure une nouvelle forme de rationalité.

La Raison à l'œuvre dans l'histoire se sert des passions individuelles pour triompher, et en cela elle est bien « rusée ».

Pour Hegel, « tout doit contribuer à une œuvre.

A la base de cet immense sacrifice de l'Esprit doit se trouver une fin ultime.

La question est de savoir si, sous le tumulte qui règne à la surface, ne s'accomplit pas une œuvre et secrète dans laquelle sera conservée toute la force des phénomènes » (La Raison dans l'histoire). III.

la guerre relève de la nature humaine a.

Il semblerait donc que l'homme soit habité de deux pulsions fondamentales, celle de l'amour et celle de la mort (pulsion de destruction).

Le but de l'Eros (amour) est la conservation de soi.

Le but de la pulsion de mort, au contraire, est de briser les rapports, de détruire les choses.

Cette pulsion destructrice expliquerait pour Freud le comportement des individus et des peuples.

A insi l'agressivité, comme modalité de la violence, serait toujours d'abord tournée sur le sujet lui-même, avant même d'être infléchie vers l'extérieur.

Que font-ils d'autres que se faire du mal à eux-mêmes, les juifs, en provocant l'amour divin ? b.

Il y a donc bien une ambivalence fondamentale en l'homme.

Le fameux commandement « Tu ne tueras point » indique moins l'existence rassurante de forces morales à l'œuvre parmi les hommes, qu'une nécessité de contrecarrer une tendance fondamentale à la violence.

Le Christ lui-même ne récuse pas totalement la violence, à en croire ce qu'il affirme à travers l'évangile selon Matthieu : « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive (l'épée) » (St Matthieu, 10, 34).

Ce passage ne doit pas non plus faire oublier le message d'amour universel du Sermon sur la montagne. c.

Nietzsche montrera que l'idéal chrétien de la paix de l'âme n'était pas celui du C hrist lui-même.

Nietzsche a lui-même exalté l'agressivité et la guerre, contre l'idéal pacifique qui serait un symptôme de relâchement moral, caractéristique d'une vie déclinante (cf.

Ainsi parlait Zarathoustra, « De la guerre et des guerriers »).

Et certains textes de Nietzsche rappellent c e s propos du Nouveau Testament.

Nietzsche évoque aussi l'idée d'une spiritualisation de l'agressivité, en religion comme en politique : « plus avisée, plus réfléchie, elle (l'agressivité) a plus de ménagements » (Crépuscule des idoles). Conclusion La guerre, on le voit, est omniprésente et revêt diverses formes.

Elle peut mener à la volonté générale d'une paix sociale, en éradiquant la lutte de tous contre tous, ou l'Etat, s'il est la source même des conflits.

On a vu aussi avec Hegel que la guerre est nécessaire.

L'homme ne peut rien face au procès de la raison dans l'histoire, qui seul décide qui doit vivre ou mourir.

Mais loin de cette « fatalité », on voit déjà que l'homme est en lui-même en lutte, et que cette nature se reproduit à travers la concrétisation d'actes meurtriers.. »

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