l'homme n'est-il que ce que d'autres hommes ont fait de lui ?
Extrait du document
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Discussion :
Dans une société comme la notre la tendance spontanée est de considérer l'homme comme pure individualité, une sorte d'atome libre
qui ne doit de compte qu'à lui-même.
Une telle représentation est si courante que l'on va jusqu'à mesurer le degré d'individualisme
existant en France par rapport à d'autres systèmes social européens plus solidaires, plus collectifs.
Une pareille image est incomplète
et lacunaire parce qu'elle considère l'individu dans une sorte d'abstraction pure.
Or nous savons que l'homme est au moins le produit
de certaines conditions sociales et économiques bien précises.
Suggestion de plan :
Première partie : l'homme : un être social.
Il est connu que depuis Aristote l'homme est considéré comme un animal politique c'est-à-dire un animal qui n'a d'existence que dans
la cité : « Toute cité est un fait de nature, [...] et l'homme est par nature un animal politique.
» Aristote, La Politique.
Cela signifie que radicalement en dehors de la cité il n'y a pas d'êtres, pas d'hommes.
L'homme est consubstantiellement un être
collectif, il a besoin des autres pour se connaître, s'épanouir, et développer ses capacités intellectuelles, manuelles et autres.
D'où la
relation que l'on peut établir entre une pensée philosophique de l'homme en tant qu'entité conceptuelle et une pensée sociologique qui
avère la dimension proprement socio-économique du citoyen.
Car ce que la sociologie nous montre ce sont les mécanismes concrets à
travers lesquels l'homme construit le corps social en construisant son propre corps.
La sociologie du travail montre par exemple
comment la production de machines, les différentes techniques, sont des adjuvantes de l'homme c'est-à-dire le prolongement de son
corps, de ses capacités intellectuelles et manuelles.
On voit bien que le système des coordonnées sociales, celui du développement des
sciences et des techniques, affectent les capacités de l'hommes jusque dans sa forme et dans son contenu de pensée.
C'est pour cela
que Marx disait « on ne pense pas de la même manière quand on habite une chaumière ou un palais ».
Deuxième partie : travail et création.
On a montré comment l'être social forme l'être tout court, il nous reste à montrer cependant, comment ceci s'effectue dans une sorte
d'interactivité.
Car si le travail ou la technique dessine le cadre dans lequel évolue l'homme il ne faut pas oublier que c'est celui-ci qui
grâce à son travail produit cette technique.
Toutefois cette création est à la fois historique et sociologiquement conditionnée.
Ce n'est
pas par hasard qu'il y a une histoire des instruments de production, une histoire des machines, une histoire de la technique qui n'est
rien d'autre que celle par laquelle l'individu exhibe ses capacités créatrices.
En somme le travail fait l'homme, mais l'homme fait aussi
le travail.
Le créateur se fait à travers sa création et celle-ci rétroagit sur celui-là.
Par ailleurs, nous savons que la création qu'elle soit artistique, philosophique ou scientifique, est toujours quelque part le résultat soit
directement ou indirectement d'un collectif.
C'est pour cela que Deleuze disait que le philosophe doit autant à la société, c'est-à-dire au
milieu social et intellectuel où il évolue, que lui-même en retour en produisant ces concepts l'enrichie et l'approfondit.
Troisième partie : l'homme et l'événement.
Il nous faut penser l'interactivité de l'homme et de la société dans toute son ampleur.
Cette pensée doit nous pousser jusqu'à
concevoir le fait que l'homme vivant en société, grâce à la collaboration, la fusion avec les autres, produit de l'événement, c'est-à-dire
fait apparaître du nouveau dans son environnement.
Cette ouverture à la nouveauté radicale propulse l'homme sur un plan encore
supérieur, tend à le détacher du conformisme, de l'habitude.
On peut aussi penser l'événement sous la modalité du hasard, de l'inattendu.
Le poète, Mallarmé, nous met sur cette voie quand il
disait, dans un de ses poèmes, que « rien n'abolira le hasard ».
Ainsi un être lié à la contingence est celui qui est entièrement ouvert à
la cruauté du désordre, à la singularité, ne fusse que provisoire, d'un chaos superficiel.
Tous les travaux des historiens démontrent
comment ce qui advient comme nouveauté dans l'histoire appartient à la catégorie de l'imprévisible.
C'est le cas par exemple de la
Révolution française de 1789 qui au-delà de tous les calculs politiques, économiques, et social, portant sur les conditions objectives de
l'époque, demeure une surprise, y comprit pour les acteurs eux-mêmes.
D'où la phrase de Danton « de l'audace, de l'audace et encore
de l'audace
Conclusion :
Penser l'homme comme moulé dans le collectif et en même temps singulier par certaines de ses capacités nous donne une idée plus
complète de la véritable matrice du sujet.
Ainsi on peut comprendre comment dans les années soixante l'école de pensée dite
structuraliste proclamait la mort de l'homme voulant montrer ainsi la nature proprement communautaire du sujet.
Et l'on peut voir
aussi à la même époque que l'existentialisme sartrien ne pouvait en aucun cas s'accommoder d'une pareille pensée, vu qu'il mettait
l'accent sur le concept de liberté, dialectisé avec celui de situation, celui de condition sociale d'existence..
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