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l'homme moderne peut-il et doit-il faire l'expérience du sacré ?

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« Introduction : La modernité désigne un rejet des récits mythologiques et religieux sur le monde et correspond à la naissance de la science moderne.

Elle est liée à une philosophie de la pensée autonome qui se défait de la tutelle de la tradition.

Le monde sacré se caractérise par une opposition du sacré et du profane, il met au dessus de tout raisonnement les récits traditionnels qui définissent ce qui est sacré et ce qui ne l'est pas et configurent un monde ordonné selon la hiérarchie des valeurs des la coutume. L'homme moderne peut il encore vivre dans le monde sacré, depuis que la science moderne nous a accoutumés à ne voir de réalité que dans le monde profane? Peut il encore faire l'expérience du sacré? L'homme moderne en mal de sens aimerait bien pouvoir faire l'expérience du sacré, comme le montre par exemple le fait social marquant des deux dernières décennies qu'est le « retour du religieux ».

La modernité rejetait le sacré au nom de valeurs humanistes, est il légitime de refouler ces valeurs par ce qu'on a besoin de sacré? Problématique : Le monde moderne a perdu le rapport immédiat au sacré, doit il le retrouver par une démarche raisonnée? I : La modernité gagnée contre le sacré 1.

La modernité désigne une position que l'homme peut prendre vis à vis de l'histoire, lorsqu'il se détache de la tradition pour penser par lui même et chercher la spécificité du présent.

La modernité et le sacré semblent donc s'exclure dans leur rapport au temps.

Le sacré est essentiellement lié au passé : c'est la connexion avec un passé originel raconté par le récit religieux.

La modernité se rapporte quant à elle au présent, elle cherche la valeur du présent, par opposition au sacré qui entretient le rapport au passé, qui installe la tradition dans le présent par l'intermédiaire des rites. 2.

Descartes est considéré comme le premier philosophe ayant une attitude moderne.

En effet, il fait table rase de la tradition, rejette tout préjugé pour penser par lui même.

Dans cette perspective, il se détache de la valeur sacrée de la tradition, pour lui c'est le sujet qui a autorité, qui n'accepte pour vrai que ce qui lui apparaît comme évident.

Le sacré est toujours entouré d'une auréole de mystère, il est donc exclu par la méthode cartésienne qui est de n'accepter que ce qui est clair et distinct. 3.

La modernité naît avec les lumières, dans Qu'est ce que les lumières? Kant explique que la modernité est une certaine attitude qui consiste à penser par soi même.

Selon lui, cela implique un effort pour se défaire de la tutelle religieuse, de la peur irrationnelle qu'il y a à penser au delà des limites des la tradition.

C'est pourquoi la modernité demande au sujet le courage de se servir de son propre entendement, et pour cela, rejeter l'autorité du sacré.

L'homme moderne ne doit donc pas faire l'expérience du sacré. II : Le désenchantement du monde 1.

Le sociologue Max Weber a diagnostiqué le grand malaise de la modernité, c'est qu'avec la perte du sacré, l'homme se retrouve devant un monde désenchanté, prosaïque, fermé et étouffant.

Ce monde en effet perd toute profondeur dès lors qu'il n'est plus mis en rapport avec un « arrière monde », c'est à dire avec une réalité au delà de notre expérience.

Les religions donnent au contraire un sens au monde en le reliant à un autre monde au delà.

Le sacré représente la trace de l'autre monde dans ce monde ci, c'est pourquoi il est une ouverture qui manque cruellement à l'homme moderne qui vit dans un monde fermé sur son expérience. 2.

Le sacré est la trace de l'origine, il manifeste un fondement.

L'homme moderne doit faire face au contraire à l'absence de fondement, selon les principes de la modernité (n'accepter que la rationalité de l'entendement) il ne peut expliquer le monde que par la science qui ne donne aucun sens à l'existence humaine et ne lui prescrit aucun destin spécial.

Devant cette absence de fondement, Heidegger a montré que l'homme vivait l'expérience de l'angoisse, expérience du « sans fond » à laquelle est confronté l'homme entièrement livré à lui même, sans rien de solide à quoi se rattacher pour trouver du sens. 3.

Nietzsche a parlé de la « mort de Dieu », cette expression signifie que Dieu ne fait plus partie de la vie, qu'il est devenu une représentation abstraite, autrement dit, qu'il n'y a plus d'expérience du sacré.

L'expérience du sacré n'est plus possible depuis que nous expliquons le monde de façon rationnelle et que les conduites et les pensées magiques sont considérées comme pathologiques. III : Un goût du réel 1.

La modernité se caractérise par la pensée autonome, le fait que le sujet est responsable de ses pensées et de ses actes.

S'il n'y a pas d'autorité en matière de croyances, le sujet est libre de croire ce qu'il veut.

Cela fait que croire ou non dans le sacré est rendu possible par la modernité, c'est choisir un type d'explication du monde pour lui donner un sens. 2.

Il faut distinguer la modernité philosophique qui consiste dans la pensée autonome, de la modernité sociologique qui caractérise l'homme des sociétés modernes n'ayant plus de valeurs sacrées auxquelles se rattacher passivement.

La perte du sacré n'implique pas que l'homme moderne soit philosophe, il peut simplement se rattacher passivement à des valeurs profanes d'un moins haut rang que les valeurs sacrées alors que la croyance dans le sacré peut être un choix philosophique fondé sur un acte de foi, autrement dit, une démarche active et non pas une illusion passive.

L'homme moderne peut donc faire l'expérience du sacré, mais sur le mode du choix. 3.

Le choix du sacré est il légitime? Il semble qu'il soit plus lié à un malaise qu'à des idées claires.

Il exprime un malaise devant le monde et un certain rejet du monde.

On peut penser que l'homme moderne doit au contraire retrouver sa propre origine, sa propre tradition, celle de la modernité philosophique qui consiste dans un goût du réel et de la pensée autonome.

La modernité a instauré la supériorité du réel et de la pensée claire sur l'imaginaire.

Elle a imposé une responsabilité vis à vis du réel, comme le dit Kant, elle suppose de sortir de l'état de passivité, d'être actif, d'avoir le courage de se servir de son entendement pour comprendre le présent. Conclusion : L'homme moderne semble libre de croire ou non au sacré.

Dans ce sens, il peut faire l'expérience du sacré, mais à condition qu'elle soit précédée d'un acte de foi par lequel le sujet décide que cette expérience est possible.

Mais si on décide aujourd'hui de revenir à des valeurs archaïques, cela ne remet il pas en cause le projet de la modernité?. »

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