l'homme maîtrise-t-il le développement de la technique ?
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Vocabulaire:
TECHNIQUE
Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.
La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle
s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à
produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un
pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.
Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis,
et non des dons ou capacités innées.
Nous avons vu vu le rôle de la technique dans le travail : si le travail est une médiation entre
l'homme et la nature, la technique tient le rôle de l'intermédiaire, à un point tel que nous avons croisé en chemin
la question de savoir si le travail n'était pas essentiellement technique.
C'est que la technique offre au travail ses moyens : la technique consiste bien en un ensemble de moyens.
Si
le travail est essentiellement technique, c'est que la technique ne se contenterait pas de proposer des moyens,
mais qu'elle suggérerait aussi des finalités.
Se demander
si nous maîtrisons ou non la technique, c'est bien
se demander si l'homme fixe lui-même les finalités de ses actions : ce n'est en effet qu'à cette condition que le
travail peut rester humain.
1)
Technique & nature.
Puisque le travail est une relation médiate à la nature par le moyen de la technique, il doit bien y avoir
un rapport intime entre technique et nature.
C'est qu'il n'y aurait pas de technique sans nature, et les
premières tentatives de définition de la technique, comme celle d'Aristote, s'orientent à partir de ce lien.
Dans le chapitre VIII de sa « Physique », Aristote définit la technique à la fois comme imitation et
comme prolongement de la nature.
Ce qu'on appelle ici technique, c ‘est ce qu'Aristote nomme, en grec,
« technè », et qui se comprend à la fois comme technique et comme art.
si cette « technè » est
imitative, c'est d'abord parce que la nature se présente comme une référence absolue et indépassable ;
c'est aussi parce que l'activité technique se fonde sur une compréhension de ce qu'est la nature.
Les
relations entre science et technique illustrent nettement ce point : l'histoire des progrès techniques
entretient un parallèle avec l'histoire avec l'histoire des découvertes scientifiques, parce qu'il n'est pas un
objet technique qui ne soit, consciemment ou non, l'application de ces lois de la nature que la science
découvre.
L'adage par lequel Bacon disait qu' « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant » prend
ici tout son sens.
On ne commande
à la nature qu'en
lui
obéissant.
BACON
(Novum
Organum)
Les lois de la nature sont strictement déterminées.
Il n'est
pas possible de les enfreindre.
Nous ne pouvons qu'y obéir.
Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la
nature.
Le projet technique consiste à utiliser les lois de la
nature pour notre utilité.
Ainsi, en obéissant aux lois de la
nature, on peut la commander.
La liberté n'est pas dans
l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de
ces contraintes.
Notons que, dans la pensée aristotélicienne, la « technè » ne se contente pas d'imiter, elle prolonge
aussi : ce qui veut dire que le médecin (dont Aristote prend souvent l'exemple) se contente de favoriser
la nature chez son patient,, de catalyser une réaction.
Ainsi, et c'est bien là son actualité, l'analyse
d'Aristote ouvre-t-elle la voie à l'idée, que nous allons retrouver, d'une technique qui aurait poussé la
nature un peu (ou même beaucoup plus loin) que ce que la nature aurait fait par elle seule...
Il y a donc un lien très étroit entre technique et nature, lien que redécouvre Descartes qui pense
tout de suite, lui aussi, au registre de la médecine.
Les accents enthousiastes qui sont les siens dans la
sixième partie du « Discours » montrent une inversion du lien, dans la mesure où la technique se
présente comme une domination possible de la nature : il s'agit en effet pour lui de remplacer la
« philosophie spéculative » par une « philosophie pratique » , « par laquelle connaissant la force et les
actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent,
aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer
en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et
possesseurs de la nature ».
On peut parler ici d'un projet technique de domination de la nature, dont on
retrouve la tonalité chez Bacon (« commander » la nature) , projet qui montre que le lien entre nature et
technique n'est ni pauvre, ni univoque (puisque la technique peut nous en apprendre sur la nature).
Si donc le dialogue entre la nature et la technique est si riche, comment se fait-il que le progrès des
applications de la technique humaine vienne mettre en danger les équilibre naturels ? N'y a-t-il pas
quelque paradoxe à ce que la diffusion de CFC, diffusion qui obéit à une loi naturelle (celle de l'expansion
des corps gazeux), compromette l'existence de la couche d'ozone, autre réalité naturelle ? Si la.
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