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l'homme injuste peut-il etre heureux ?

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« Analyse du sujet : La thèse à discuter est explicitement Socratique : il s'agit de questionner la coïncidence que Socrate soutient à de nombreuses reprises dans les dialogues de Platon (en particulier dans le Gorgias, mais aussi dans La République, Le Sophiste …) entre justice et bonheur. Or cet amalgame ne va pas de soi parce que : 1- l'injustice n'est pas synonyme de malheur 2- il se peut tout aussi bien que la justice rende malheureux (exemple : la mort de Socrate provoquée par son zèle à l'égard du juste en soi). Du coup, il faudra bien préciser le sens du « peut-il » : est-ce là une simple possibilité de fait (l'homme injuste dispose des moyens d'être heureux ?) ou bien d'une possibilité de droit, davantage théorique (à supposer que l'injustice rende heureux, est-il pour autant légitime d'en user pour atteindre le bonheur ? l'homme injuste mérite-t-il son bonheur ?) Problématique : y a-t-il un lien indéfectible entre bonheur et justice de sorte qu'un homme injuste ne peut pas être heureux ou bien l'injustice peut-elle apporter des satisfactions telles que l'homme juste serait condamné au malheur ? Comment comprendre ce qui est réellement ce bien qui nous fait agir (le bonheur) : est-il relatif à nos désirs et à leur satisfaction ou bien est-il un concept rationnel impliquant de savoir ce qui est juste pour l'atteindre dans nos actions ? 1- UN HOMME INJUSTE, CONFORME À LA NATURE, PEUT ÊTRE HEUREUX a) Bonheur et désir Le bonheur consiste à ne manquer de rien ; c'est un état de plénitude et de satisfaction.

De ce fait, il n'y a de bonheur possible que dans la satisfaction de ses désirs : plus je désire, plus je manque et suis inquiet, et donc, moins je suis heureux.

Il y a donc tout à gagner à vouloir satisfaire ses désirs.

Mais la satisfaction de nos désirs dont semble dépendre notre bonheur est-elle favorisée ou empêchée par les actions justes ? b) La justice selon la nature Pour s'opposer à la thèse de Socrate selon laquelle seul l'homme juste peut être heureux, Calliclès, personnage du Gorgias, prend le contre pied de cette thèse en affirmant que l'injustice se réduit au fait d'agir en dehors des lois établies.

Ainsi l'homme injuste ne l'est que d'un certain point de vue.

En refusant de se soumettre aux lois, il laisse libre court à ses passions et peut atteindre au bonheur qui est celui de pouvoir satisfaire ses désirs sans en être empêché par les lois établies.

Ainsi on peut dire que seul un homme injuste peut être heureux car, le bonheur ne réside pas dans la conformité aux lois, mais dans le droit naturel qu'a chacun d'user de sa force pour parvenir à ses fins. c) Un homme injuste est un homme fort qui dispose des ressources suffisantes pour satisfaire ses désirs Au contraire la justice établie tend à effacer ces conditions propres au bonheur.

En effet, la loi s'impose sans égard pour les circonstances particulières et fait abstractions des prestations effectives.

Finalement, la contrainte imposée par les lois répand le malheur : elle freine les instincts naturels en dépouillant le plus fort de ce qui lui revient naturellement en raison de sa force et cela, au profit des faibles incapables d'imposer leur volonté : « C'est en fonction d'eux-mêmes et de leurs intérêts personnels que les faibles ont fait les lois […] Ils veulent faire peur aux hommes plus fort qu'eux ». Transition : Ø Cette conception de l'injustice comme capacité de satisfaire ses désirs en dépit des interdit marque certes l'affirmation d'une volonté forte qui trouve le bonheur dans l'absence d'empêchements ou de résistance. Ø Toutefois, comme le rappelle Socrate aux sophistes, il ne faut pas oublier que le bonheur est aussi inséparable d'une certaine représentation du bien : ce que je désire est ce que je pense être bon pour moi (au contraire, tout mal me repousse). Ø Du coup, Socrate s'emploie alors à montrer qu'un homme injuste est avant tout un homme qui confond le bien et le plaisir. 2- UN HOMME INJUSTE, IGNORANT LE BIEN, NE PEUT PAS ÊTRE HEUREUX a) Faire ce qui plaît et faire ce que l'on veut Dans le Gorgias de Platon, Polos affirme à Socrate que le plus grand bonheur consiste à faire tout ce qui nous plaît et tout ce que l'on veut, et cela sans égard pour la justice.

Ainsi il donne pour exemple à sa thèse le pouvoir dont jouit un tyran : les désirs de celui-ci ne sont jamais empêchés.

Mais Socrate rétorque alors à Polos que le tyran ne peut être heureux en ce qu'il ignore où est son vrai bien.

Or Socrate affirme ceci parce que la conception du bonheur présentée par le sophiste repose sur une confusion entre le plaisir et le bien : on peut faire ce qui nous plaît sans faire pour autant ce que l'on veut.

Car qu'est-ce que vouloir ? Comme on l'a posé avec Aristote, la volonté nous porte à agir en vue d'un bien.

Vouloir = se donner une fin.

Or comme le montre Socrate, un malade voulant recouvrer la santé doit bien accepter de boire le remède amer.

Quel plaisir y prend-il ? Aucun sur l'instant et pourtant, il agit en vue de son bien (la santé) et donc fait ce qu'il veut.. »

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