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l'homme est un être de désir: qu'en pensez-vous ?

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« L'homme est un être capable de raison. On a coutume de considérer que la raison constitue l'essence de l'homme.

Le désir qui relève des inclination.< sensibles nous rapprocherait de l'animalité, tandis que la raison nous en distinguerait.

C'est ainsi que Kant affirme. dans Fondements de la métaphysique des moeurs, que la véritable destination de l'homme n'est pas le bonheur, mais la réalisation de sa nature d'être raisonnable, c'est-à-dire d'être pouvant prendre ses distances à l'égard de ses désirs et se déterminer par pur respect du devoir.

Pourquoi, en effet, la nature aurait-elle doté l'homme d'une raison dans le seul but de sa conservation, de son bien-être, en un mot de son bonheur? Il faut reconnaître que l'homme est né pour faire son devoir et que la question de son bonheur est secondaire.

L'homme n'est pas un être de désir mais un être de raison. L'homme ne constitue pas un empire dans un empire. Kant émet l'idée que la nature n'a pas créé l'homme en vain.

Mieux, elle lui a accordé un statut supérieur aux autres créatures.

L'homme disposerait de la faculté de se donner librement des règles et de transcender la nature qui, elle, est soumise à des lois.

Il pourrait donc s'arracher à ses désirs et n'agir que mû par la raison.

Or, c'est précisément cette croyance au pouvoir de l'homme sur lui-même et sur la nature que Spinoza, un siècle plus tôt, considérait comme l'erreur qui empêche les hommes de parvenir à une connaissance vraie de la nature et d'eux-mêmes.

Spinoza affirme que tout ce qui existe, existe nécessairement.

Les choses ont entre elles des rapports déterminés, elles sont liées les unes aux autres selon un ordre qui est celui de la Nature entière.

Dans ces conditions, l'esprit humain ne saurait constituer un empire dans un empire.

Il n'échappe pas au déterminisme. Ils conçoivent l'homme comme un empire dans un empire. ► En déclarant à propos des moralistes : "En vérité, on dirait qu'ils conçoivent l'homme dans la nature comme un empire dans un empire", Spinoza (1632-1677) récuse la morale, affirme une conception nouvelle de la liberté.

Cette fameuse formule « l'homme comme un empire dans un empire » se retrouve souvent sous la plume de Spinoza, mais elle est explicitée clairement dans la préface du troisième livre de L'Ethique, son ouvrage principal. ► Spinoza est, comme Descartes, l'héritier de la «révolution galiléenne ».

Les découvertes de Galilée entraînent une réforme totale des sciences et obligent à redéfinir la place de l'homme dans l'univers.

Mais Spinoza, à la différence de son précurseur Descartes, accepte de tirer de la science nouvelle des implications morales et politiques.

Celles-ci seront perçues comme ,tellement inouïes, révolutionnaires, tranquillement opposées à l'absolutisme politique et au conformisme religieux, qu'elles vaudront à Spinoza avec les surnoms de «chien galeux» et «d'impie », une vie précaire et menacée. Une des principales conséquences des découvertes de Galilée, c'est que la nature apparaît comme désenchantée, uniquement régie par les lois scientifiques, les lois de la mécanique.

Spinoza en tire la conclusion suivante : il faut considérer l'homme comme une partie de la nature comme une autre et dont tous les actes s'expliquent par des lois, des causes.

Mais il s'inscrit ainsi contre la conception traditionnelle de la liberté humaine, qui veut que l'homme décide souverainement de ses actions, qu'il soit doté de «libre-arbitre ».

Cette conception traditionnelle s'adosse à la religion.

Descartes l'a exprimée le plus clairement en disant que notre volonté était infinie comme celle de Dieu. Bref, dire que l'homme a été créé à l'image de Dieu, cela signifierait que l'homme est libre, que sa volonté est libre. Or Spinoza conteste ce point en disant que cela revient à considérer « l'homme dans la nature comme un empire dans un empire». Pour récuser cette conception, Spinoza considère la façon dont la morale parle des passions et des hommes passionnés. Les moralistes considèrent les passions comme un vice de la nature humaine : le passionné est condamnable parce qu'il est responsable de sa passion, il ne suit aucun des conseils que les moralistes lui donnent, il fait un mauvais usage de sa volonté, il se rend complice de son vice.

En clair, résume Spinoza : « Ils cherchent la cause de l'impuissance et de l'inconstance humaine [...] dans je ne sais quel vice de la nature humaine, et pour cette raison pleurent à son sujet, la raillent, la méprisent, ou le plus souvent la détestent : qui sait le plus éloquemment ou le plus subtilement censurer l'impuissance de l'âme humaine est tenu pour divin.

» La position moraliste amène et à l'auto-glorification — censurer le vice, c'est se faire passer pour divin — et au mépris de l'homme.

L'homme est raillé, méprisé, détesté. Mais, et ici s'amorce la critique spinoziste, l'homme n'est pas compris.

Les moralistes n'ont jamais expliqué ni ce qu'était une passion, ni quelles en étaient les causes.

La preuve de leur impuissance à connaître, est précisément que personne ne peut suivre leur conseil, qu'ils n'ont jamais aidé personne à surmonter sa faiblesse, et que la seule chose que nous enseigne la morale est le mépris de l'être humain.

Les moralistes sont ceux qui « aiment mieux détester ou railler les affections el les actions des hommes que de les connaître ». D'où proviennent l'incompréhension et l'impuissance des moralistes ? De ce qu'ils n'ont pas compris que l'homme. »

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