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l'homme est-il un produit social ?

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« La difficulté de ce sujet réside dans le fait qu'on ne peut donner une définition de l'homme conforme à celles que donnent les dictionnaires, car elles sont largement insuffisantes.

Ce qui, justement, définit l'homme, c'est qu'il ne peut se laisser enfermer dans une définition, qui est toujours une délimitation, donc une limitation.

On pourrait, dès lors, répondre tout de suite que l'homme ne peut être un produit social, parce que cela voudrait dire que l'homme est complètement déterminé par son milieu.

Est-ce pour autant que l'homme est complètement autonome et imperméable à son milieu ? Cela signifierait que l'homme est dès le début déterminé à être imperméable à toute évolution ou influence, il serait un être complètement biologique.

Ce sujet nous demande donc de réfléchir sur la part de nature et de culture en l'homme. I. Les sciences humaines attestent du fait que l'homme n'est pas un être biologique. La sociologie s'est constituée sur l'idée que les comportements humains sont observables comme n'importe quel fait scientifique et qu'ils doivent être étudiés parce qu'ils n'ont rien d'évidents.

Ils sont l'objet de variations, d'un ensemble social à un autre, sans pour autant être contingents.

Durkheim, à l'aide de l'outil statistique, peut se concentrer sur les aspects collectifs du comportement.

Il a, de cette façon, étudié le suicide comme fait social.

Il s'agit d'établir le rapport du pourcentage des suicidés avec l'état civil, la religion, le genre de vie.

Durkheim découvre que l'on suicide plus ou moins d'un groupe social à l'autre - par exemple, on suicide plus chez les protestants que chez les catholiques- et que le nombre de suicides est plus élevé lorsque la société traverse une grave crise - par exemple, une guerre.

Durkheim isole également deux types de suicides : le suicide égoïste et le suicide anomique.

Le suicide égoïste varie en raison inverse de l'intégration de l'individu dans le tissu social.

Le suicide anomique est, quant à lui, lié au dérèglement moral de la société, consécutif à toute perturbation grave de l'activité sociale.

On remarque deux choses : la thèse du suicide comme déterminisme biologique est écartée.

Les influences du milieu peuvent tout aussi bien venir du milieu élargi que du milieu immédiat - une communauté religieuse, ou une conjoncture mondiale.

Dans les années 1950, les structuralistes analysent les systèmes de parenté qui permettent de penser que l'homme est un être pensant social, communiquant avec ses semblables, un objet de science.

Pour les structuralistes, les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui demeurent le plus souvent inconscientes.

Ainsi, l'organisation sociale génère certaines pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent. II. Si l'homme n'est pas entièrement déterminé par la biologie, il n'est pas non plus entièrement déterminé par son milieu Le problème des approches telles que celle des structuralistes c'est qu'elle tend à vider l'action humaine de son individualité.

L'apparition des sciences humaines procède d'une volonté de considérer et de connaître l'homme selon une approche positive.

Mais jusqu'à quel point peut-on considérer que l'homme est un objet observable et mesurable, un objet de représentation rationnelle et mathématisée ? C'est ici le problème de la liberté qui se pose. On explique souvent la délinquance juvénile par le milieu social dans lequel l'enfant vit.

Pour autant, tout adolescent de banlieue en difficulté ne devient pas délinquant.

Tout enfant battu ne devient pas lui-même un parent violent par la suite.

D'ailleurs il serait faux de dire que les sciences humaines étudient l'homme comme un produit social.

Car le terme de produit signifierait que l'homme est fabriqué par la société : il ne serait au principe d'aucune de ses actions.

Or ce n'est pas ce que disent Durkheim ou Freud.

Durkheim met à disposition l'outil de la statistique pour comprendre, par un certain biais, mais il n'a pas prétention à expliquer l'homme comme on explique une équation. Quant à Freud, il n'a jamais prétendu que l'inconscient est une force obscure et irrésistible qui annihilerait la liberté de l'individu.

Jaspers insiste sur cette distinction, car expliquer, c'est trouver de l'extérieur un rapport entre deux choses.

Tandis que comprendre revient à saisir de l'intérieur, une signification, ce qui va bien au-delà de la collecte de lois générales dans une collection d'observation.

Il faut donc se servir de la sociologie, ou de la psychanalyse, mais il faut toujours replacer ce qu'elles nous permettent de mettre en évidence, dans une approche globale du fait humain.

Ainsi se l'homme se définit essentiellement comme subjectivité, par sa conscience et sa liberté.

L'action humaine est marquée par la contingence. III. La liberté humaine fait échec aux sciences Que la science cherche à réduire l'homme à un produit naturel - la biologie- ou à un produit social - les sciences humaines- , elle est confronté à sa liberté radicale.

Car ainsi que le montre Kant, l'homme est principe et non résultat de son action.

La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un autre que nous même, elle exclu l'hétéronomie.

C'est pourquoi Sartre affirme que l'homme choisit sa vie et est responsable de tout ce qu'il faut.

L'alibi du milieu est falsifié.

Certes, tout homme est en situation, il a une histoire.

Mais on ne peut pas dire que les situations dans lesquels il se trouve déterminent sa conduite et font de lui un produit.

En projetant se intentions, ses visées d'avenir sur la situation actuelle, l'homme transforme librement celle-ci en motif d'action.

Mes projets, libres, donnent une signification aux situations.

Le monde, alors, est le miroir de ma liberté.

Et cette liberté est absolue.

Même lorsque je choisis de ne pas choisir, je fais un choix.

Je ne peux pas éluder le destin, donc je suis responsable de tout ce qui m'arrive et de tout ce que je suis.

Ainsi, Sartre dit que « l'homme est condamné à être libre ».. »

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