L'homme est-il un loup pour l'homme ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
Problématique:
A en juger par les cruautés, les atrocités, les guerres dont se montrent capables les hommes les uns envers les
autres, individuellement ou collectivement, il semble légitime de s'interroger au moins sur le fond de la nature
humaine.
A-t-on plus de raisons d'être optimiste ou pessimiste? Le lien social ne fait-il que recouvrir un mauvais
instinct, ou peut-il véritablement parvenir à transformer l'homme, en lui faisant prendre conscience qu'il n'y a pas de
salut pour lui en dehors de la coopération avec ses semblables? Finalement, il s'agit de se demander quel est le
destin de la sauvagerie dans la civilisation.
[Le mythe de Dionysos nous enseigne que l'espèce
humaine elle-même naît des résidus d'un crime.
La lutte est le fondement de toute relation sociale.]
Hobbes passe à juste titre pour l'inventeur du libéralisme politique et de
l'idée moderne de démocratie.
Il conçoit en effet la loi comme une règle
extérieure aux actions individuelles, dont elle garantit simplement la
sécurité, et fonde le pouvoir politique sur le droit de l'individu.
L'état de nature
A.
La guerre de tous contre tous
Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application
des principes de la physique à la société.
Il ne considère que les forces
en présence, portées par les individus.
L'état de nature – fiction
théorique et non description historique – représente l'état des forces
individuelles en l'absence de tout pouvoir politique.
Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par
trois passions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de
pouvoir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).
Pour
assurer sa sécurité, chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses
et tout homme.
C'est le droit de nature.
Tout est permis, jusqu'au meurtre.
L'état de nature, c'est la guerre.
Mais tous y sont égaux, car la force est instable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par
une alliance ou par une ruse.
Rien n'est sûr, la crainte est générale.
B.
Naissance de la raison et sortie de l'état de nature
Mais l'homme, s'il est « un loup pour l'homme » (Léviathan), est un loup intelligent.
L'angoisse de la mort
pousse les hommes à anticiper, à tout faire pour réduire le danger.
Elle est donc la racine de la raison :
faculté de calculer, d'imaginer des moyens, de peser les risques, en vue d'une décision.
Cette rationalité pragmatique conduit l'homme à quitter l'insupportable état de guerre.
D'évidence, la cause
en est le droit illimité de chacun.
Il faut donc y renoncer.
Mais cela n'est efficace que si tout le monde le fait.
Chacun s'engage donc par contrat avec chacun à renoncer à son droit naturel.
Pour garantir ce contrat (par
la menace de la force), on désigne un tiers, le souverain, à qui l'exercice du droit est confié.
Ainsi le pouvoir politique, qui garantit la paix civile par la loi et le glaive, naît-il d'un acte volontaire, d'un
contrat dicté par la raison.
Il n'est que la condition de coexistence des forces individuelles.
C'est un produit
de l'art humain – non pas une institution naturelle ou divine.
L'homme n'est pas sociable, c'est l'intérêt qui le
pousse à s'associer..
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