l'homme est il un animal comme les autres
Publié le 22/11/2023
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L’homme est-il un animal comme les autres?
“S’il n’existait point d’animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible”,
ce qui intéresse Buffon chez la bête, c’est paradoxalement l’homme, il recherche l’homme
dans l’animal, c'est-à-dire, selon l'étymologie latine du mot animal ( animalis), ce qui est
vivant.
En recherchant cela, on peut s’interroger sur la relation entre l’homme et l’animal afin
de comprendre comment l’être humain a acquis sa position dominante face aux animaux, et
donc se demander si l’homme est un animal comme les autres.
En se posant cette question,
on part du postulat que l’homme est un animal et qu’il existe entre ces deux animaux une
frontière énigmatique.
Afin de l’éclaircir, nous verrons en quoi l’homme se distingue-t-il de
l’animal? Quelles sont ses spécificités? Puis, en adoptant le point de vue d’autres
philosophes ou penseurs, en quoi la supériorité et la dignité de l’homme est-elle remise en
question? Et enfin, comment l’animal permet-il de comprendre et analyser l’homme?
Si l’on cherche à distinguer l’homme de l’animal, on aura tendance à absolutiser la
différence entre l’homme et l’animal sans pour autant avoir pour objectif d’exploiter ou
dévaloriser l’animal mais plus de donner de la valeur à l’homme.
La représentation de l’animal s’inscrit dans la représentation religieuse de l’homme.
En effet,
l’homme est créé à l’image de Dieu et rabaisser l’homme à l’animal ferait oublier la
destination surnaturelle de l’homme.
Toutefois,selon Thomas d’Aquin, l’homme est un
animal, pour ses caractéristiques corporelles, raisonnable puisqu’il est doué d’une raison et
de divinité.
Il est donc important que l’homme reste à sa place et ne cède aux passions,
sinon il tomberait dans une forme de bestialité ou alors d’hybris, en se considérant comme
Dieu.
Ainsi, l’Eglise s’appuie sur la thèse d’Aristote: selon les Grecs le cosmos est hiérarchisé de
telle sorte que l'homme ait une place intermédiaire entre l’animal et Dieu.
Il existe différentes
formes d’âmes, celle du végétal, capable d'activités comme la nutrition et la reproduction,
donc son âme est végétative, celle des animaux, aussi capables de nutrition, reproduction et
de mouvement local.
Les animaux ont donc la faculté de se déplacer dans l’espace, leur
conférant ainsi, une âme sensitive, puisqu’il sont aussi capables de sentir et percevoir.Enfin,
l’homme est capable des mêmes fonctions que le végétal et que l'animal mais il dispose
également d’une fonction intellective, c’est à dire la pensée.
Alors, selon Aristote, l’homme se distingue des autres animaux par son âme qui a une
fonction intellective, ce qui dote l’homme de raison.
De plus, selon Aristote, l’homme, par nature, est un animal politique, un animal social qui a
le pouvoir de prendre la parole.
L’animal n’a pas le pouvoir de prendre la parole, qu’Aristote
justifie par une distinction entre la parole, du grec logos, et la phonè, la voix, puisqu’il
distingue le langage humain de la communication.
Ainsi, l’animal privé de langage ne pense
pas.
Aussi, l’homme est le seul animal capable de mener une vie politique, c’est-à-dire de
former une cité en vue de former le bien commun.
L’homme est un animal social qui est
naturellement porté à vivre avec d’autres afin de se réaliser.
De ce fait, la sociabilité de
l’homme serait une spécificité afin de le distinguer de l’animal.
En 1646, Descartes développe de manière plus achevée la théorie de l’animal-machine.
Ce
paradigme mécaniste insiste sur le fait que l’organisation biologique de l’animal serait
analogue à celle de l’organisme d’une machine et qu’il n’y aurait pas de différence
fondamentale entre un animal et un automate.
Ainsi, dans sa Lettre au marquis de
Newcastle il affirme, “ les bêtes agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu’une horloge.”
Selon Descartes,l’animal n’articule pas de pensée puisqu’il n’est pas doué du langage, alors
il n’a ni raison ni âme.
L’animal réagit de manière automatique et déterminée à des stimuli.À
l’égard de cette thèse, il avance différents arguments, tout d’abord, un argument
théologique, si les animaux ont une âme, où va-t-elle après la mort, puisqu’ils n’existent pas
au paradis, selon la Bible.
Aussi, la perfection de la réalisation de certaines tâches prouve que les animaux sont
programmés pour les faire, de ce fait, l’imperfection et l’erreur relèvent de la liberté d’action,
du libre-arbitre tout comme la réussite.
Enfin, Descartes considère que la répétition de leur espèce, dans le sens où les animaux ne
connaissent pas d’histoire, qu’elle soit individuelle ou collective, ainsi leurs sociétés se
régénèrent à l’identique et ne connaissent pas d’amélioration.
A l’inverse, l’homme dispose de la pensée, du langage, d’une âme et d’une raison.De plus,
l’humain porte en lui la marque de l’infinité de Dieu.
Ainsi, Descartes pense une rupture
profonde entre l’homme et l’animal, il y a une différence métaphysique, même si du point de
vue du corps, l’homme est comparable à une machine qui répond à ses besoins
fondamentaux.
Le philosophe Jean Jacques Rousseau, lui, s’oppose en partie à la thèse de Descartes,
puisqu’il accorde la pensée à l’animal.
Ce qui fait que le propre de l’homme n’est pas
l’intelligence.
Il considère que la distinction entre l’homme et l’animal n’est pas essentielle
puisque ce n’est pas particulièrement sa raison qui le distingue de l'animal, ni même son
langage même s’il est moins élaboré, l’animal parvient tout de même à communiquer et
combiner des idées.
Alors, ce qui fait la dignité de l’homme, selon le discours sur l’origine et le fondement de
l’inégalité entre les hommes de Rousseau, est son libre-arbitre et sa perfectibilité.
En effet,
comme l’affirme Rousseau “ la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu
que l’homme concourt aux siennes, en qualité d’agent libre”.
L’homme n’est donc pas une
simple machine animale puisqu’il n’est pas simplement soumis à la nécessité des lois de la
nature mais il est libre c’est à dire, qu’il peut “s’écarter de la règle qui lui est prescrite”.
“L’un choisit ou rejette par instinct, et l’autre par un acte de liberté”.
Si l'animal choisi par
instinct c'est qu’il réagit aux informations transmises par ses sens selon une règle inaltérable
définie par la nature.
De là apparaît la première spécificité de l’homme évoquée par
Rousseau, la liberté.
Il est un “agent libre” qui n’est pas limité par une structure instinctive,
mais il poursuit d’abord ses intérêts qui lui semblent être “avantageux”.
Son comportement
et l’ensemble de ses actes sont définis par lui-même et ne sont pas réductibles à l’instinct
naturel.
En effet, “ La nature commande à tout animal et la bête obéit.
L’homme éprouve la
même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer ou de résister.”
De cette manière, la “machine” animale n’échappe pas aux règles définies par la nature qui
conditionnent son instinct contrairement à la “machine” humaine qui dispose de la faculté
d’effectuer un choix libre, qui se distingue de l’instinct: la volonté.
De plus, selon Rousseau, la spécificité de l’homme réside non seulement dans sa liberté
mais également dans sa perfectibilité.
Cette perfectibilité serait donc une frontière entre
l’homme et l’animal.
En effet, cette capacité à s’améliorer, évoluer au cours du temps est
indéniable et se divise en deux dimensions : une perfectibilité individuelle, dans le sens où
l’individu se perfectionne constamment au cours de son existence et une perfectibilité de
l’humanité, qui évolue depuis son apparition sur Terre.
Toutefois, cette spécificité de l’homme diffère de la maturation, commune aux animaux, qui
relève d’un processus biologique, et n’enlève rien au caractère immuable de l’animal, une
espèce qui s’avère être identique à travers les siècles.
Contrairement à l’humanité qui, dans
son histoire, a existé d’une manière différente que son état présent.
Rousseau qualifie cela
de “faculté de se perfectionner” qui “réside parmi nous tant dans l’espèce que dans
l’individu”.
Cependant, cette perfectibilité ne place pas l’homme dans une position
supérieure à celle de l’animal, puisque cette faculté n’est pas un bien pour Rousseau dans
la mesure où elle a permis la dégradation de la nature humaine par la vie sociale.
Ainsi,Aristote puis Descartes considèrent qu’il y a une différence ontologique entre l’homme
et l’animal contrairement à Rousseau qui ne l'essentialise pas.
La spécificité de l’homme
pourrait résider selon Aristote puis Descartes dans l’absence de raison chez
l’animal,contrairement à Rousseau qui considère que, la différence entre l’homme et l’animal
est une différence de degré, toutefois, l’homme est tout de même doué de liberté et de
perfectibilité contrairement à l’animal, prisonnier de ses instincts.
Cependant, l’homme n’est
pas le seul à disposer de ces spécificités, en effet, les abeilles aussi sont des animaux
sociaux, puisqu’elles s’organisent en castes.Alors ce qui est propre à l’homme peut-il être
remis en question? L’homme est-il vraiment si différent des autres animaux?
Tout d’abord, La Boétie, dans son discours sur la servitude volontaire, oppose la liberté
naturelle développée par Rousseau à la servitude réelle.
En effet, selon lui, les hommes
sont asservis à un seul homme alors que la force collective pourrait renverser cette
domination.
Il pose donc la question de la liberté, dans quelle mesure est-elle réellement
naturelle? Pour La Boétie, l’homme est naturellement libre mais il est dénaturé par la
société.
Dans ce cadre, il....
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