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L'homme est-il réellement responsable de tout ce qu'il fait?

Extrait du document

« Analyse du sujet : - La responsabilité est une notion complexe.

Etre responsable, ce n'est pas être seulement cause.

Le mauvais temps peut être une des causes d'un échec, par exemple dans le domaine de la navigation mais ne peut être responsable de cet échec.

La responsabilité s'inscrit dans le registre de l'action humaine, dans ce que l'on nomme le champ de la pratique.

Celleci nécessite une réponse qui s'exerce sur celui qui a commis une action. - Cependant, être responsable, c'est à la fois être tenu pour responsable et se sentir responsable.

On dit d'un homme qu'il est « responsable » afin de désigner chez cet homme une certaine qualité : il prend ses responsabilités, c'est-àdire qu'il assume son acte aussi bien en amont que par après. - Il faut également distinguer les actions qui impliquent la responsabilité d'un homme des actions qui ne relèvent pas de sa décision.

Pour que l'homme soit pleinement responsable encore faut-il qu'il soit libre. - L'expression « réellement » laisse entendre qu'il y aurait un décalage entre l'attribution d'une responsabilité et la responsabilité réelle de l'individu en cause.

Il y a une distinction entre la fiction de responsabilité et la responsabilité réelle. - Néanmoins, il s'avère nécessaire d e critiquer ce décalage, de critiquer une vision naïve qui penserait une responsabilité naturelle ou objective de l'homme en dessous de la responsabilité artificielle. Problématisation : Le sujet nous invite à dépasser une conception trop naïve de la responsabilité de l'homme par rapport à ses actions qui consiste à faire de l'homme quelqu'un qui, par nature, est responsable de toutes ses actions.

Il nous fait envisager une responsabilité qui varie non seulement suivant le type d'actions mais aussi suivant le rapport particulier d'une personne vis-à-vis de son action.

Si la responsabilité est quelque chose qui se fabrique, par exemple, par la punition ; comment la responsabilité d'un homme pourrait légitimer une sanction prise à son égard alors que c'est cette sanction qui le responsabilise après coup ? 1. L'homme n'est pas toujours responsable de ses actions. Il faut distinguer deux raisons pour lesquelles l'homme pourrait s'avérer irresponsable.

Une première concerne le type d'action et l'autre, la personnalité de celui qui la commet. a) Il est évident, dans un premier temps, qu'il y a un ensemble d'actions qui ne mettent pas en jeu la responsabilité.

C'est le cas notamment des actions anodines, c'est-à-dire des actions qui n'affligent personne, dont personne ne cherche un responsable.

De plus, il y a des actions dans lesquelles je ne m'engage pas.

L'action politique est le paradigme de l'action engagée par laquelle je prends mes responsabilités.

Mais, ce type d'action ne peut servir de modèle à toutes les actions. b) On peut envisager, en effet, que l'homme est pris dans un destin qui le dépasse et sur lequel il n'a aucune emprise.

Les hommes sont des jouets aux mains de puissances supérieures ou plus simplement de la malchance, ils subissent les conséquences de leurs actions sans avoir prémédité ces conséquences.

C'est, par exemple, le cas d e l'accident, quelque chose que je ne pouvais pas prévoir.

Mais il y a des cas plus délicats, par exemple : si, alors qu'il a bu d e l'alcool, un homme prend le volant et provoque un accident sans que l'alcool ne soit en cause, faut-il le tenir pour responsable et le punir ? D'autre part, faut-il alors mettre en prison toute personne qui une fois dans leur vie ont pris le volant après avoir bu de l'alcool? Un autre exemple peut être trouvé dans l'histoire.

Peut-on accuser les soldats de la première guerre mondiale d'être des meurtriers, d'être co-responsables de l'horreur de la guerre ? c) Pour en rester sur ce dernier exemple, on voit que peut se dessiner une échelle de responsabilité.

Les généraux de l'Etat majeur étaient tenus pour responsables de la conduite de la guerre, néanmoins l'histoire prouve qu'ils n'ont pas été soucieux de préserver la vie de leurs troupes.

Cela ne s'explique que parce que les généraux étaient plus soucieux de leur propre avancement et qu'ils n'étaient pas jugés ni même inquiétés des pertes humaines si ce n'est dans la mesure où cela pouvait révéler l'état de la guerre.

Ainsi, le sentiment de responsabilité varie en fonction des répercussions possibles.

L'impunité déresponsabilise. 2. N'y a t-il pas de responsabilité réelle ? a) Comme nous l'avons noté en analyse du sujet, il ne suffit pas d'être cause pour être responsable.

Il faut pour cela que l'homme s'attribue la responsabilité d'un évènement qui est la conséquence peut-être imprévue de son action. Or, le sentiment d e responsabilité doit-il toujours faire intervenir une sanction qui responsabilise ? Peut-on s e sentir responsable sans être puni ? Par exemple, l'enfant peut découvrir qu'une action engendre de la peine à un autre, ce qu'il n'avait pas prévu, et se sentir responsable de cette peine sans qu'aucune sanction ne se surajoute. b) Néanmoins, l'homme peut non seulement être tenu pour responsable alors qu'il ne l'est pas mais aussi se sentir responsable sans l'être.

C'est par exemple le cas de l'aveu consenti sous la pression.

On peut se sentir responsable de quelque chose que l'on n'a pas fait car d'autres nous tiennent pour responsable. c) Il peut donc y avoir un décalage entre la responsabilisation par exemple par la punition et la responsabilité réelle. Cependant, la responsabilité « réelle » dépend très certainement de la responsabilisation car un homme responsabilisé s'engage davantage dans son action et a donc tendance à s'impliquer davantage que l'irresponsable. Conclusion : Il faut différencier dans ce sujet trois choses : le sentiment de responsabilité, l'attribution de la responsabilité par d'autres, par exemple la justice, et la responsabilité réelle.

Néanmoins, en réalité, ces trois choses sont difficilement séparables.

On peut se sentir responsable de choses alors qu'on ne l'est manifestement pas et, inversement, se sentir irresponsable de choses qu'on estime être indépendantes de nous comme, par exemple, la pauvreté dans certains pays du monde.

Il est néanmoins aussi intolérable de responsabiliser les pauvres de leur pauvreté que de déresponsabiliser les riches de la pauvreté des autres.. »

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