L'homme est-il naturellement sociable ?
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RAPPEL DE COURS: HOMME & SOCIABILITE
Aristote écrit que l'homme est un « animal politique ».
Comment
comprendre cette affirmation ? L'adjectif « politique » est à prendre
au sens étymologique de polis (en grec « cité ») ; quant au
substantif « animal », il renvoie à l'idée qu'il s'agit là d'une disposition
naturelle à l'homme.
L'idée d'Aristote est donc que l'homme est
naturellement fait pour vivre dans la cité ; autrement dit, sa
sociabilité est naturelle : la société est un fait de nature.
Cela
conduit Aristote à voir dans certaines structures sociales ou
institutions une organisation « naturelle » des relations humaines : le
pouvoir de l'époux sur l'épouse, ou des parents sur les enfants par
exemple, ou même l'esclavage.
C'est contre cette idée que s'élèvera Rousseau dans son Discours
sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755),
en décrivant un « état de nature » dans lequel les hommes vivent
non seulement isolés les uns des autres mais sans désir même de
s'associer.
Il existerait alors un arbitraire du fait social, que
l'ethnologie et l'anthropologie culturelle contemporaines semblent
confirmer en insistant sur la diversité des sociétés, des
comportements sociaux et des coutumes.
Il faut donc distinguer la
culture de la nature : même les comportements humains qui nous
paraissent les plus « naturels », c'est-à-dire les plus spontanés et les
plus universels, sont relatifs à des cultures déterminées et
particulières.
Prenons l'exemple de la famille, qu'Aristote présentait
comme la société la plus naturelle, ce qui semble d'ailleurs une vérité
de sens commun : n'est-elle pas fondée sur des sentiments naturels
(instinct de procréation, instinct maternel, attachement affectif des
époux entre eux, des parents et des enfants, etc.) ? Mais d'une part,
ces sentiments sont moins universels qu'on le croit : les historiens de
la famille nous apprennent que les relations familiales telles que nous
les connaissons (famille repliée sur les préoccupations de son
bonheur domestique, importance accordée à la vie privée...) sont
historiquement récentes (elles- apparaissent vers le xviiie siècle).
Il
ne faut donc pas projeter sur toute forme sociale de ce que nous
appelons la « famille » des éléments propres à la seule famille
occidentale moderne.
D'autre part, comme l'a montré le sociologue
Claude Lévi-Strauss, aucun des sentiments liés à la vie familiale ne
peut expliquer la naissance de la famille : car, quelle que soit la
société, pour qu'existe une famille, il faut d'abord qu'il en existe au
moins deux autres, prêtes à échanger leurs hommes et leurs femmes
pour la fondation d'une nouvelle famille.
Loin de faire naître, comme
Aristote, la société de la famille, ou de voir dans la famille la première
forme de société, Lévi-Strauss montre qu'une famille ne saurait
d'abord exister s'il n'y avait d'abord d'autres familles procédant entre
elles à des échanges, c'est-à-dire une société.
La distinction aujourd'hui commune entre nature et culture infirmet-elle donc l'idée d'Aristote ? Ce n'est pas sûr.
Dire que l'homme est
un animal social ne signifie pas en effet que toutes les sociétés se
ressemblent, ni qu'il y en a qui sont plus naturelles que d'autres.
Cela
signifie seulement que l'homme réalise sa nature en société.
De cela,
même Rousseau convient : l'homme à l'état de nature est un « animal
stupide et borné » et c'est grâce à sa perfectibilité qu'il peut passer
à l'état social et y développer, pour le pire comme pour le meilleur,
ses qualités spécifiques (raison, moralité, etc.).
L'existence sociale a donc un caractère profondément ambigu.
D'une part l'homme développe dans la société toute une série de
vices qu'il n'a pas naturellement (égoïsme, tromperie, désir de
domination...).
Mais d'autre part se développent en société des
sentiments dans lesquels nous reconnaissons volontiers la valeur des
relations sociales (coopération, solidarité, souci de l'autre, relations
affectives durables, etc.) et nous éprouvons profondément la
nécessité de la vie en société.
Kant qualifie cette ambivalence d'«
insociable sociabilité » et s'en réjouit : l'obligation de concilier ces
dispositions contraires constitue selon lui le principal moteur du
développement de l'humanité.
Les hommes vivent en société, mais sont-ils, par nature, sociables ou insociables ? La coopération des hommes,
afin de subvenir à la multiplicité de leurs besoins, est une nécessité.
Comme le souligne Platon dans La République,.
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