L'homme est-il chez lui dans l'univers ?
Extrait du document
«
Problématique:
Être chez soi, c'est habiter un lieu qu'on connaît bien, que l'on a façonné selon ses goûts.
Or, l'homme ne connaît
presque rien de l'univers, il ne comprend même pas vraiment le mystère métaphysique de sa propre nature.
Mais, il
peut décider de faire sien le territoire qu'il occupe, en en respectant les règles.
D'une part, l'homme appartient à l'univers, qui constitue son domaine et sa sphère d'existence privilégiée.
D'autre part, en certaines circonstances, il éprouve son « délaissement », il prend conscience qu'il y a été jeté de
manière étrange...
C'est Y absurde...
Problème.
Un problème surgit, par conséquent, résultant de la contradiction entre notre expérience quotidienne et
un certain vécu absurde.
Ce problème est : l'homme peut-il prendre place dans un four qui l'intègre et unifie son
existence ?
Analyse du sujet :
q L'univers désigne l'ensemble de ce qui existe.
D'un point de vue astronomique il est l'ensemble des astres que
ce soit des étoiles ou des planètes.
q L'univers ne nous est pas connu.
La grande majorité des corps célestes n'a pas été observée.
On ignore, par
ailleurs, si l'univers est fini ou infini, les deux hypothèses étant toutes deux difficile à concevoir.
q L'homme désigne ici l'espèce humaine en tant qu'elle se différencie des autres vivants.
L' expression « chez
lui » désigne une notion de propriété inconnue de l'animal, même si ce-dernier peut manifestement
appréhender ce qu'est un territoire, et ce qu'est son territoire, cela n'est pas la même chose.
q C'est la relation de l'homme à l'univers qu'il faut expliciter notamment autour du concept de propriété.
Problématisation :
L'homme fait partie intégrante de l'univers, l'univers étant l'ensemble de ce qui existe, comment dès lors l'homme
pourrait-il se positionner en tant que propriétaire ? Etre propriétaire d'une chose, c'est faire de cette chose un
attribut, certes inessentiel, de soi.
Je suis chez moi dans ce qui est reconnu par moi, et d'autres, comme étant à
moi, mais aussi dans un espace clos dans lequel je vis.
Or, un second problème émerge car l'univers n'est pas clos.
Enfin le sujet connote de façon très forte une propension illimitée à la propriété dont il faudra interroger la
naturalité.
L'homme voudrait se répandre dans tout l'univers au mépris des autres formes de vie.
Cette prétention
est-elle légitime et est-elle véridique ? La question pourrait se reformuler d'un point de vue éthique : l'homme
doit-il se considérer chez lui dans l'univers ?
1.
La propension de l'homme à se rendre maître de l'univers.
a)
La propriété est-elle naturelle ? Sur ce point, les philosophes sont très partagés, il en
découle par ailleurs souvent une conception différente de
l'Etat.
Deux figures pourront être évoquées ici : Locke et
Rousseau.
Pour Locke, l'Etat n'apparaît qu'afin de garantir la
propriété, il a une dimension essentiellement sécuritaire.
Cela est très important parce qu'à la fois la propriété
précède l'institution légale d'un droit de propriété et le désir
de posséder est naturel.
Rousseau décrit au contraire dans
son Discours sur l'origine des inégalités un homme naturel
solitaire qui n'a aucune notion de propriété.
Mais Rousseau
n'est pas pour autant contre le droit de propriété, il tente
au contraire d'envisager une relation de satisfaction par
rapport à sa propriété, c'est-à-dire, qui soit le contraire
d'une propension à vouloir agrandir sa propriété, ce qui est
la marque des tyrans, et donc pour Rousseau, de presque
tous les rois.
b)
Cette distinction, entre propriété naturelle et
propriété engendrée par un processus historique ou
politique, nous permet de remettre en question la soi-disant
propension naturelle à l'acquisition pour en faire l'expression
d'une pathologie.
La propension à vouloir se rendre maître
de l'univers, à considérer qu'il nous appartient, ou qu'il est à
conquérir, est un trait qui touche particulièrement les conquérants mais aussi les peuples.
»
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