L'homme doit il regretter de ne pas avoir d'instinct ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui » ou « non » en
conclusion avec les nuances qui s'imposent, au terme d'une argumentation documentée.
L'instinct possède d'abord un sens biologique : il est une faculté d'adaptation innée à un environnement.
C'est
un caractère héréditaire qui caractérise une espèce et non seulement un individu.
Nous disons par exemple que
le Lion possède un instinct de chasseur.
L'instinct possède deuxièmement un sens psychologique qu'il faut distinguer du réflexe : les deux sont
irréfléchis et innés.
Cependant, l'instinct désigne une adaptation immédiate du comportement dans une
situation donnée (l'instinct de survie par exemple), alors que le réflexe est pour ainsi dire la réponse mécanique
à un stimulus.
Si l'instinct dans ce sens est inné, il faut encore le distinguer de l'intelligence qui est une fonction d'adaptation
acquise, construite, et qui est donc susceptible de se développer au travers d'une éducation.
L'intelligence est
alors proprement humaine alors que l'instinct est animal.
On peut se demander si l'homme, en tant qu'animal,
possède un instinct ou non.
Les instincts ou pulsions (Trieb en allemand) possèdent troisièmement un sens technique dans la
psychanalyse freudienne : ils désignent des forces inconscientes qui constituent la frontière entre le biologique
et le psychique.
Freud distingue la pulsion de vie (Eros : la libido) de la pulsion de mort (Thanatos).
Problématisation :
Quel motif l'homme pourrait-il avoir pour regretter de ne pas avoir d'instinct ? Pour répondre à cette question, il faut
déterminer si l'homme, du fait qu'il est privé d'instinct, manque ou non de quelque chose.
Or nous avons dit que
l'instinct était faculté d'adaptation innée au milieu.
Mais l'homme, justement, s'adapte mieux que toute autre espèce
à son milieu.
I – L'homme palie-t-il son absence d'instinct ?
Ainsi posée, la question de notre sujet recèle un présupposé de taille : rien ne prouve que l'homme n'ai pas
d'instinct.
Mais si justement il s'avérait qu'il en avait un, alors il n'aurait aucun motif pour regretter de ne pas en
avoir.
II – L'homme possède-t-il un instinct ?
Proposition de plan :
I – L'homme palie-t-il son absence d'instinct ?
Référence : Bergson
« Radicale est la différence entre la conscience animale, même le plus intelligent, et la conscience humaine.
Car la
conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose, Elle est coextensive à la
frange d'action possible qui entoure l'action réelle : Conscience est synonyme d'invention et de liberté.
Or chez
l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine.
Enfermé dans les habitudes de l'espèce,
il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle, mais il n'échappe à l'automatisme que pour un
instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se renferment aussitôt ouvertes :
en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger.
Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.
Chez l'homme et
chez l'homme seulement, elle se libère.
»
Le problème que soulève Bergson est celui de la distinction entre la conscience animale et la conscience humaine.
Ce qui les distingue, c'est la capacité d'invention qui, chez l'animal, se limite à une variation des habitudes, des
automatismes, autrement dit, des comportements instinctifs.
La conscience humaine, au contraire, est capable de
se libérer des automatismes, ce qui lui offre une liberté d'action bien plus grande.
Dans notre perspective, cette faculté de libération des automatismes que l'on peut nommer intelligence, ne palie pas
à l'absence d'instinct, mais s'en défait.
L'instinct ne doit donc en aucune manière être regretté, puisqu'il
constituerait un frein à l'action humaine.
II – L'homme possède-t-il un instinct ?
Nietzsche, dans « Le problème de Socrate » in Crépuscule des idoles, mène une critique sévère de Socrate et de sa
méthode dialectique.
La dialectique est selon Nietzsche le produit d'une « hypertrophie de la faculté logique » et est
foncièrement injuste, dans la mesure où elle ne laisse aucune chance à l'adversaire dans la conversation en lui
dévoilant sa propre ignorance.
Mais elle est pourtant un bien faible moyen pour l'action et pour l'affirmation de soi.
Socrate serait alors responsable du déclin de la Grèce, de la mort de l'instinct noble des grecs.
Le point le plus important est que l'avènement de la dialectique contre les instincts est lui-même le résultat d'une
décadence, c'est-à-dire d'une anarchie des instincts.
Dans ce sens, Socrate n'a jamais réussi à maîtriser ses.
»
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