L'Homme à t'il le droit d'utiliser sur l'Homme tous les pouvoirs que les progrès scientifiques et techniques ?
Extrait du document
«
L'homme a-t-il le droit d'utiliser sur l'homme les pouvoirs que la technique lui donne ?
Analyse du sujet :
Ø La répétition du terme « homme » qui ici sert à désigner à la fois le sujet et l'objet du verbe « avoir le droit de
… » invite à s'interroger sur un dualisme paradoxal : comment l'homme peut-il en même temps être agent (celui
qui utilise – légitimement ou non – la technique sur quelque chose) et patient (celui sur qui est utilisé la
technique) ?
Ø « avoir le droit de … » peut être envisagé de deux point de vue : 1- factuel : la législation autorise-t-elle une
telle utilisation de la technique ? 2- normatif : dans l'ordre du devoir-être, cette utilisation est-elle permise ?
Ø Ensuite il faudra distinguer ces « pouvoirs que la technique lui donne » ; plusieurs domaines sont alors
concernés : médecine, travail ou production des biens nécessaires à la vie, science via le perfectionnement des
moyens expérimentaux en vue de maîtriser notre prévoyance des phénomènes naturels, informatique …
Ø Notons enfin l'ambiguïté qui s'attache au terme de pouvoir : 1- une force, un mouvement qui n'est pas empêché
2- un possible, c'est-à-dire un champs laissé libre à diverses actions imprévisibles a priori.
Le quel de ces deux
sens permet-il de rendre acceptable une application réflexive de la technique (= de donner sens au présupposé
du sujet : les pouvoirs donnés par la technique sont utilisé par l'homme sur lui-même)?
Ø Enjeu : la responsabilité de l'homme face à lui-même : dans quelle mesure aurait-il le devoir de limiter sa propre
puissance ? Jusqu'où peut-il moralement l'étendre ?
Problématique : Si les pouvoirs de la technique sont utiles à la vie, c'est-à-dire sont des moyens pour l'homme
d'agir sur lui-même en tant que vivant ou être naturel (être soumis à la génération et à la corruption, aux aléas de
la fortune, à des besoins vitaux à satisfaire par le travail …), est-ce toujours le cas ? Ces pouvoirs ne mènent-ils
pas, implicitement, à traiter l'homme comme une chose parmi les choses et ce faisant, ne consistent-ils pas, par un
tel usage réflexif à privilégier seulement une partie de l'humanité (celle qui précisément utilise les pouvoirs
techniques au lieu de les subir) ? L'utilisation des pouvoirs de la technique par l'homme et sur l'homme est-il légitime
dans tous les cas, absolument autorisé, ou bien, doit-il être limité, soumis à des interdits ?
1-
LA LÉGISLATION N 'INTERDIT GLOBALEMENT PAS À L'HOMME D 'UTILISER LES POUVOIRS QUE LUI DONNE LA TECHNIQUE
SUR LUI- MÊME DÈS LORS QUE CET USAGE FAVORISE LA PRÉSERVATION ET LA MAXIMISATION DU BIEN- ÊTRE DE LA VIE
HUMAINE
a)
qu'est-ce qu'un droit ?
Le droit peut se définir comme un ensemble de règles visant à prescrire certaines conduites.
Ce faisant, il
s'agit d'un système de contraintes : toute règle est accompagnée de sanction s'appliquant aux comportements
contraires à ceux prescrits par le droit.
Autrement dit, pour répondre à la question posée, on peut tout d'abord se
demander si l'utilisation des pouvoirs de la technique par l'homme sur lui-même tombe sous le coup d'une
interdiction.
Mais plus avant, il convient de voir quels sont ces pouvoirs ?
b)
les pouvoirs de la technique
Les pouvoirs offerts par la techniques consistent d'abord en une amélioration des conditions de vie : la
fabrication d'outils et d'instruments a avant tout pour fin de maximiser la puissance d'action de l'homme sur la
nature, c'est-à-dire sur son environnement.
Au moyen de ce développement, l'homme devient, selon la fameuse
formule cartésienne, comme « maître et possesseur de la nature ».
Autrement dit, au lieu de subir le cours des
événements naturels, l'homme grâce à la technique parvient à les dominer, et du même coup, il maîtrise son devenir,
en est l'agent : la technique est une puissance d'agir qui se veut utile à la vie.
Descartes exprime ainsi l'enjeu de la
science subordonnée à la pratique : Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifice qui
feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes commodités qui s'y trouvent, mais
principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de
tous les autres biens »(Discours de la méthode, VI e partie).
Ainsi la médecine constitue-t-elle l'exemple privilégié des pouvoirs offerts par la technique en tant qu'ils sont
utilisé par et sur l'homme.
c)
Le postulat utilitariste : rien de ce qui nuit au bonheur du plus grand nombre ne saurait
être injuste
On peut donc maintenant examiner dans quelle mesure le droit permet ou interdit ces pratiques.
Puisque
cette utilisation de la technique favorise comme on l'a vu, la préservation de la vie et la liberté humaine vis-à-vis
des contraintes naturelles, il semble que l'on puisse envisager que le droit ne saurait limiter et proscrire cette
pratique que si elle devient nuisible à la vie.
Cette conception du droit est celle de l'utilitarisme : tout ce que permet
le droit est circonscrit par l'utilité : si une pratique nuit à l'homme (en tant que membre d'une communauté), celle-ci
doit tomber sous le coup d'une sanction.
Dès lors, l'homme a tout à fait le droit d'utiliser la technique sur lui-même si
et seulement si cet usage n'est suivi d'aucun dommage.
Or comment la moindre nuisance pourrait-elle découler de la
technique qui est une entreprise de libération et de maîtrise ?
La médecine est la parfaites illustration des bénéfices des pouvoirs de la technique par et sur l'homme et
guérir ou prévenir les maux corporels par des moyens techniques (outils de dépistage des maladies, les produits
chimiques de soins, …) est alors plus que permis : le médecin a le devoir de faire tout ce qui préserve la vie.
Transition :
D'un point de vue utilitaire, l'usage des pouvoirs de la technique peuvent sans injustice être dirigés sur.
»
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