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L'homme a-t-il besoin de l'art ?

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« UNE ANECDOTE POUR COMMENCER (Art & Utilité): Platon raconte que Socrate, avant son exécution jouait de la flûte.

Un disciple étonné lui demande: "Socrate, pourquoi, joues-tu de la flûte avant de mourir ?" A cela, le condamné à mort lui répondit: "Je joue de la flûte avant de mourir pour jouer de la flûte avant de mourir." PROBLEMATIQUE DE L'ELEVE: Il s'agit ici de s'interroger sur une fonction que l'on pourrait attribuer à l'art : il répondrait à un besoin de l'homme.

Or le terme besoin renvoie d'abord à un besoin biologique et alors dans ce cas l'homme n'a pas besoin de l'art puisqu'il peut survivre sans.

Il faudrait donc plutôt montrer que si l'art répond à un besoin, ce besoin est culturel et on appelle cela un désir.

Mais quel désir ? Peut-être le désir de se divertir.

L'art permet en effet de nous échapper d'une réalité qui nous angoisse ou que nous trouvons sans reliefs.

Mais peut-on réduire l'art à un simple divertissement ? L'art n'a-t-il pas aussi des aspects plus fondamentaux que le pur divertissement qui a pour tendance de réduire les oeuvres à de simples objets de plaisirs.

Or, l'art n'est pas essentiellement cela, l'art n'est pas ce qui est agréable à entendre ou à regarder.

L'art c'est aussi le beau et le beau peut nous révéler des choses que nous ne voyons pas habituellement dans le monde.

Ainsi l'art nous fait-il voir la réalité autrement.

Mais l'art peut également être un moyen de dénoncer, de faire prendre conscience, de démontrer...

Mais quelle que soit la fonction qu'on veut lui attribuer, l'art n'est-il pas toujours fondamentalement tout autre chose que ce que nous voulons en dire ? Dès lors l'art nous oblige à envisager la sphère du désir à partir de son caractère infini et finalement désintéressé : l'art est à lui-même sa propre fin et il ne sert qu'à nous détourner de tout ce qui peut servir. [L'art est un besoin fondamental de l'homme: celui de la quête des valeurs.

L'homme n'est pas qu'un animal: boire et manger ne lui suffisent pas, il lui faut aussi satisfaire ses besoins spirituels.] L'homme de Lascaux a peint de splendides formes sur les parois des grottes qu'il habitait.

Il ne pouvait pas se contenter du monde brut.

Nous sommes encore tous dans ce cas : nous avons besoin d'ajouter de la beauté, un ordre autre que celui de la nature.

Le travail artistique modifie notre vision du monde.

Il perdure au-delà de la vie de l'artiste et laisse aux générations futures une empreinte tangible, un signe de reconnaissance fraternel.

Que vaut cet élan créateur ? Par l'art, l'homme donne du sens au monde qu'il habite et joue aussi avec ses facultés.

Il s'émancipe des contingences, des contraintes, et laisse son être s'exprimer.

On peut dire que l'art a une fonction anthropologique essentielle.

L'art est cet acte humain désintéressé qui exprime le monde, prouve que l'homme existe et que ses aspirations ne sont pas seulement matérielles mais qu'elles sont aussi métaphysiques. En quelque sorte, l'utilité de l'art tiendrait paradoxalement dans son apparente futilité, dans ce superflu qu'il ajoute à la vie quotidienne souvent pesante.

Le superflu, « chose très nécessaire », disait Voltaire. L'oeuvre d'art comme besoin de l'esprit * On se souvient par exemple du conflit qui au XIXème siècle, opposa l'artiste, " maudit ", à la bourgeoisie : l'artiste est alors considéré comme un paria parce qu'il refuse les valeurs de la classe dominante de la société industrielle moderne, qui symbolise l'utilitarisme et le prosaïsme.

La bourgeoisie est en effet absolument étrangère à l'art par son souci d'efficacité technique, de rationalité scientifique, et par son attachement exclusif au profit. De nos jours la situation est à peu de choses près identique, parce que l'art apparaît peu sérieux à côté des préoccupations quotidiennes des gens, et en même temps réservé à une élite. * Pourtant l'oeuvre d'art s'adresse à tous parce que l'homme n'est pas qu'un être de besoins vitaux, mais pas non plus un être uniquement voué au travail et à l'efficacité.

L'homme s'épanouit aussi dans le loisir et a des besoins de l'esprit.

Or ces besoins, l'oeuvre d'art y répond de façon pertinente et spécifique. * Un besoin de l'esprit est une exigence qui trouve sa source dans notre nature rationnelle.

Ainsi l'homme a le besoin de savoir, de connaître, d'apprendre.

L'oeuvre d'art, qui rappelons-le est de nature sensible, va satisfaire ce besoin de l'esprit, mais par le biais de nos sens.

L'oeuvre d'art va donc solliciter notre part animale mais aussi notre part rationnelle : elle s'adresse donc à notre humanité.

L'homme en tant qu'il conjugue sens et raison aspire fondamentalement à la contemplation.

Et l'oeuvre d'art va satisfaire ce besoin proprement humain. * L'oeuvre d'art suscite en effet du plaisir chez celui qui la contemple: l'oeuvre d'art provoque un sentiment. »

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