l'historien peut-il faire l'économie d'une philosophie de l'histoire ?
Extrait du document
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VOCABULAIRE:
ÉCONOMIE: Du grec oikonomia, «administration de la maison »(de oikos, « maison », et nomos, « loi »).
Art d'administrer une maison, de gérer les biens familiaux.
Économie politique : science de la production, de la
distribution et de la consommation des biens et des richesses.
PHILOSOPHIE
La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la
fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.
Seul le fanatique ou l'ignorance se veut
propriétaire d'une certitude.
Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.
Aujourd'hui, où la science constitue
tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.
A partir
du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.
A
partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les
conditions de ce pouvoir.
HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit
l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).
Sens du sujet :
L'historien, celui qui cherche à donner un base rationnelle et « scientifique » à la succession des événements du
passé, a-t-il la possibilité, a-t-il le droit, de se passer (de faire l'économie) d'une théorie générale et globale de
l'histoire, donnant un sens à cette dernière et la transformant en une totalité, et ce bien que cette théorie unitaire
ne soit pas scientifique? En d'autres termes, l'historien peut-il construire l'histoire sans faire référence à un cadre
général et unitaire, rassemblant faits, événements et méthodes en un tout organisé, cadre dans lequel son travail
viendra s'insérer et dont il tirera sa validité?
Questions centrales pouvant être posées : N'y a-t-il pas une difficulté insurmontable à définir un fait historique sans
cadre global de référence?
Ne faut-il pas dépasser la cohue bigarrée de l'histoire?
Toutefois, la volonté d'intégrer tous les faits dans un ensemble cohérent et une philosophie de l'histoire ne peut-elle
conduire à délaisser l'étude des événements particuliers de la vie quotidienne?
Et d'ailleurs, en définitive, y a-t-il une histoire totalisante pouvant guider l'historien ou des histoires multiples
pouvant faire fonction de cadres régulateurs à l'historien ? L'idée d'une histoire et d'une philosophie globale de
l'histoire n'est-elle pas lourde de malentendus? Est-elle même, à vrai dire, concevable?
Si les trois premières questions sont intéressantes, la quatrième dessine une stratégie de dissertation et un plan
possible :
Problème :
Y a-t-il une histoire totalisante pouvant guider l'historien ou des histoires multiples pouvant servir d'autant de
cadres régulateurs à ce dernier ? Ici encore, le problème est gros, du point de vue théorique, d'un enjeu important :
il s'agit d'apporter un cadre régulateur à l'historien.
Un autre problème, encore plus profond, se profile alors : une
philosophie
de l'histoire est-elle vraiment concevable ?
Ainsi, au sein d'une problématique, peuvent surgir plusieurs problèmes philosophiques.
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• L'historien cherche à établir de façon scientifique un certain nombre d'éléments historiques, tente d'élaborer
scientifiquement des explications.
Dans la mesure où la philosophie n'est pas du domaine de la science ne pourraiton affirmer qu'il y a opposition entre « philosophie de l'histoire » et « science historique » ; que l'historien est en
droit de faire l'économie d'une philosophie de l'histoire dans la mesure où ce serait un devoir pour lui (la «
scientificité » ne pouvant se gagner que par l'exclusion du philosophique).
• Cependant, l'historien peut-il être assuré qu'en fait, de façon implicite, il n'est pas quelque peu mené par une
philosophie de l'histoire (voire « des » philosophies de l'histoire : mais ne serait-ce pas dans ce cas « une »
philosophie éclectique de l'histoire) ?
• Ne pourrait-on soutenir alors qu'il vaut mieux pour l'historien reconnaître une philosophie de l'histoire, explicitement
et le plus consciemment possible (à condition que cette acceptation ne conduise pas à déduire l'histoire de cette
philosophie, mais à la mettre à l'oeuvre en la mettant à l'épreuve).
En d'autres termes ne vaudrait-il pas mieux avoir clairement à l'esprit des présupposés des « thèses » philosophiques
concernant l'histoire plutôt que de les subir inconsciemment sans les reconnaître lorsqu'il s'agit d'être historien ? De
les « saisir » plutôt que d'être saisi par elles ?
• La même question ne se poserait-elle pas en ce qui concerne l'oeuvre faite de l'historien.
Ne pourrait-on soutenir
que l'historien, qu'il le veuille ou non, met en oeuvre (au moins implicitement) une philosophie de l'histoire dans son
oeuvre même et qu'il vaut mieux le faire de façon délibérée et réfléchie ?
• Le « positivisme » ou le « scepticisme » ne seraient-ils pas, entre autres, des philosophies ?.
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