l'histoire peut-elle délivrer l'homme du déterminisme naturel ?
Extrait du document
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Définition des termes du sujet
L'histoire est à la fois l'ensemble des événements de notre passé commun (ou même de notre passé personnel : on
peut concevoir une ‘histoire individuelle), la connaissance que nous avons de ces événements et les méthodes
d'investigation que nous mettons en oeuvre pour élaborer cette connaissance.
L'interrogation ‘peut-elle' met en question ou bien une capacité (je peux faire telle chose signifie que je suis en
mesure de la faire) ou bien une autorisation (je peux, j'ai le droit, on m'y autorise).
Il semble ici que ce soit plutôt la
dimension de capacité qui soit en jeu ici : on interroge des attributs, des qualités, des conséquences possibles de
l'histoire.
On entend par déterminisme un système d'enchaînements nécessaires de causes et d'effets ; le déterminisme
naturel est celui du monde intouché par l'homme, il est le système de causes et d'effets à l'oeuvre dans la nature et
auquel l'homme, en tant qu'être naturel, se trouve soumis.
La question est ici celle de la pertinence de l'idée selon laquelle l'homme pourrait se soustraire à cette soumission
par le biais de l'histoire.
• Remarques sur la conception de l'introduction.
— Il s'agit de présenter et situer le sujet.
La rédaction de l'introduction interviendra après une analyse rapide de la
signification et de la portée de celui-ci.
Elle aura pour but d'attirer l'attention du lecteur sur l'intérêt qu'il y a à
entreprendre une réflexion sur la question proposée.
— Il est question ici d'envisager la portée de l'histoire, entendue comme devenir collectif, dans son rapport aux lois
de la nature.
Si le déterminisme naturel règle entièrement la vie animale, jusqu'à quel point règle-t-il la vie humaine ?
S'il y a une histoire, n'est-ce pas parce qu'il y a une culture, c'est-à-dire un processus de production et de
redéfinition tout à la fois de l'existence humaine ? Comment caractériser la portée de ce processus considéré sur le
plan temporel ?
— Parler de délivrance, c'est donner au déterminisme naturel le caractère d'une servitude.
Présupposé à expliciter,
puis à discuter.
L'histoire elle-même n'est-elle pas génératrice de certaines servitudes ? Bref, l'énoncé du sujet
requiert un travail de problématisation.
• Introduction suggérée.
Expliquer la guerre ou l'injustice par la nature humaine, c'est énoncer une hypothèse discutable.
L'homme, à sa
naissance, n'est-il pas un être inachevé ? Et s'il dispose d'une « nature », c'est-à-dire d'un principe de
développement propre, celui-ci contient-il en germe toutes les déterminations de son existence ? L'affirmer serait
faire peu de cas de la culture, et de la capacité d'évolution qu'elle manifeste : s'il tient de la nature le pouvoir de la
transformer, l'homme, par son action, tend à s'émanciper du déterminisme naturel.
Ainsi engagé dans un processus
continuel de production de son existence, et de redéfinition des conditions qui pèsent sur elle, il est histoire aussi
bien que nature.
Est-il si aisé, dès lors, d'identifier et de distinguer le déterminisme naturel ? L'histoire, saisie comme
processus culturel, ne tend-elle pas à développer le monde de l'homme dans une autonomie sans cesse accrue ?
L'histoire peut-elle délivrer l'homme du déterminisme naturel ?
Proposition de plan
I.
L'impuissance devant l'histoire
Ce sujet a la particularité de lier une instance typiquement humaine, l'histoire, et une instance naturelle.
Il importe
donc d'abord de positionner ces deux instances l'une par rapport à l'autre : quel est le lien de l'homme avec à la fois
la nature et l'histoire ? Ce lien peut-il être conçu comme actif ? s'il est conçu comme un simple rapport de
soumission, il pourra être difficile de concevoir une délivrance de l'homme du déterminisme naturel.
Hegel, La raison dans l'histoire
Lorsque nous considérons ce spectacle des passions et les conséquences de leur déchaînement, lorsque nous
voyons la déraison s'associer non seulement aux passions, mais aussi aux bonnes intentions et aux fins légitimes,
lorsque l'histoire nous met devant les yeux le mal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produit le
génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu'être
remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général.
Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement
l'oeuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l'histoire risque à la fin de provoquer une
affliction morale et une révolte de l'esprit du bien, si tant est qu'un tel esprit existe en nous.
On peut transformer ce
bilan en un tableau des plus terrifiants, sans aucune exagération oratoire, rien qu'en relatant avec exactitude les
malheurs infligés à la vertu, l'innocence, aux peuples et aux états et à leurs plus beaux échantillons.
On en arrive à
une douleur profonde, inconsolable, que rien ne saurait apaiser.
Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à
son emprise, nous nous disons : Il en a été ainsi ; c'est le destin ; on ne peut rien y changer ; et fuyant la tristesse
de cette douloureuse réflexion, nous nous retirons dans nos affaires, nos buts et nos intérêts présents, bref dans
l'égoïsme qui, sur la rive tranquille, jouit en sûreté du spectacle lointain de la masse confuse des ruines.
II.
L'histoire est connaissance des causes : elle est alors libératrice.
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