L’histoire n’est-elle qu’une mémoire collective ?
Extrait du document
«
La mémoire est une condition essentielle de la conscience de soi, pour les peuples comme pour les individus.
Une
des fonctions de la mémoire individuelle est d'assurer, à travers la succession des épisodes vécus, la continuité
personnelle.
De même, un peuple, ou une communauté, construit et conserve son identité à travers le souvenir
partagé, commémoré, des événements vécus en commun.
Peut-on en conclure que l'histoire est une mémoire
collective ?
En vérité, des différences profondes les séparent.
La mémoire collective a pour matière des souvenirs ; sa méthode
est la remémoration.
L'histoire a pour matière des documents ; sa méthode est l'enquête.
En effet, les documents
historiques sont déposés sur des supports matériels qui se prêtent à l'examen critique.
L'opération de collecte, de
critique, et de synthèse de ces documents, est faite par l'historien qui, lui, n'est pas impliqué dans les actions en
cause.
Certes, pour une part, l'histoire et la mémoire ont un but commun, celui qu'a désigné l'historien grec Hérodote :
conserver le souvenir des actions humaines, la trace de ce qui va s'effacer.
Mais la mémoire d'une collectivité
repose sur l'effort de ses membres pour la constituer.
Hérodote, quant à lui, enquête sur les barbares, les Égyptiens,
et même les Perses, les ennemis des Grecs, et vise ainsi, par cet effet de distance, à l'objectivité, à l'impartialité.
Cela ne signifie pas que toute demande de conservation de la mémoire soit partiale, fausse, illusoire.
Elle ne peut
être conçue simplement comme la réponse à une obligation morale, mais comme un travail dans lequel les historiens
de métier occupent une place essentielle.
Intro :
L'histoire avant tout s'écrit.
L'histoire est la mise en récit des évènements passés, et en cela elle s'apparente à une
mémoire qui conserve le souvenir du passé.
Parce qu'elle s'écrit, se transmet par l'éducation et les témoignages,
s'entretient grâces aux cérémonies commémoratives et aux coutumes, cette « mémoire » que constitue l'histoire
apparaît commune à tous, car nous appartenons tous à l'humanité et nous sommes pris dans cette histoire .
Cependant, les suites historiques sont diverses et leurs synthèses se révèlent multiples et variées.
Les formes
historiques, mobiles, se succèdent sans répit et l'histoire semble éclatée en une multitude d'histoires, relatives à un
point de vue donné, un contexte géographique, une culture.
Dès lors, chacun peut avoir sa propre conception de
l'histoire, et l'histoire n'apparaît plus comme une mémoire collective, mais devient relative à la position que l'on se
donne dans l'histoire.
L'histoire, en évolution constante, qui prend de multiples formes et concerne des évènements
hétérogène, peut-elle être rassemblée et contenue dans une seule mémoire, qui de surcroît, serait une mémoire
commune à l'ensemble de la communauté des hommes ? L'histoire peut-elle être une mémoire collective ?
1ère partie : L'histoire est d'abord une mémoire subjective établie par les historiens.
- L'histoire n'est pas l'ensemble des mémoires particulières et diverses de chacun réuni et rassemblé en un tout.
Elle
n'est pas non plus une même mémoire que chaque homme possèderait à l'identique.
L'histoire est une mise en récit
construite par des historiens.
Hegel distingue trois sorte d'historiographies, c'est-à-dire trois manières d'écrire
l'histoire : l'histoire originale, l'histoire réfléchie et l'histoire philosophique.
Dans la première les historiens décrivent
les évènements, les actions, les situations qu'ils ont vécus et auxquels ils on été « personnellement attentifs ».
L'histoire est donc leur propre mémoire, individuelle et personnelle.
Elle est relative à leur expérience, et est
subjective et partielle.
Elle n'est pas une mémoire collective.
Cette mémoire ne peut donc être collective, elle est la
mémoire d'un individu, et n'embrasse pas la totalité des évènements et des époques.
On peut alors la comparer à
une mémoire immédiate, celle des évènements récents et les plus marquants.
- L'histoire peut donc être formulée de façon très différente, selon le point de vue que l'historien adopte, et selon la
réception que l'on en a ensuite.
Nietzsche explique dans la Seconde considération inactuelle que l'histoire en train
de se faire est influencée par l'histoire passée.
Ainsi, c'est parce que l'on a la mémoire du passé que l'on agit de telle
ou telle façon dans le présent.
Trois modalités sont alors possible selon Nietzsche : prendre le passé comme modèle
et chercher à imiter les grands hommes qui ont fait sa gloire pour progresser davantage encore qu'ils ne l'on fait
(c'est « l'histoire monumentale »), vénérer le passé sans chercher à le dépasser en considérant l'histoire comme
figée (c'est « l'histoire antiquaire »), avoir un regard critique sur le passé, le juger et le rejeter si besoin pour
progresser indépendamment du passé (c'est « l'histoire critique »).
Si l'histoire est bien une mémoire qui nous permet
d'éclairer l'avenir à la lumière du passé et de conformer nos actions futures en fonction des évènements passés, on
voit que cette mémoire est toujours une certaine interprétation.
L'histoire est idéalisée ou au contraire diabolisée,
elle n'est pas une mémoire objective, neutre, universelle pour tous.
2ème partie : L'histoire est une représentation universelle qui se donne comme mémoire collective.
- L'histoire peut toutefois être écrite de la manière la plus neutre possible, si l'historien refuse l'ethnocentrisme ou.
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