L'histoire n'est-elle que le récit des faits tels qu'ils se sont passés ?
Extrait du document
«
Il semble évident de commencer par dire que l'histoire porte sur le passé.
En ce sens, on pourrait considérer que
l'histoire consiste à restituer au présent des faits passés.
C'est pourquoi on pourrait être tenté de définir l'histoire
comme le récit des événements passés.
Néanmoins, suffit-il de raconter ce qui s'est passé pour faire de l'histoire ?
Vous pouvez noter que la notion d'histoire renvoie à une double réalité : elle désigne aussi bien la somme des
événements passés que le récit sur ces événements, mais ce récit renvoie à son tour à tout un ensemble de
difficultés.
L'historien est celui qui semble alors faire l'histoire en la racontant.
L'histoire semble alors relever d'une
discipline littéraire puisqu'elle renvoie à la constitution d'un récit et d'ailleurs de grands historiens comme Michelet
ou Voltaire furent de grands écrivains.
Mais une telle approche de l'histoire ne risque-t-elle pas de perdre toute
objectivité ? Pensez au sens de l'expression « raconter des histoires ».
En d'autres termes, l'histoire est-elle un
récit ou une science ? Ici, vous devez alors faire porter votre attention sur le souci et l'effort d'objectivité de
l'historien en vous demandant si cette dernière est possible.
En effet, si l'histoire est une enquête sur des
événements passés, il n'y a d'enquête que par rapport à un présent qui est celui de l'historien.
Si Fénelon pouvait
dire que l'historien n'est d'aucun lieu ni d'aucun temps, il semble bien qu'il s'agisse ici d'un vœu qui nous éloigne de
la réalité.
Vous devez alors vous demander si on peut considérer l'histoire comme une science.
[L'histoire doit classer et ordonner les faits.
Elle a pour but de comprendre l'enchaînement causal qui relie
le passé au présent.
Elle est, à la manière des sciences de la nature, purement descriptive.]
L'histoire est connaissance des faits passés
Thomas Hobbes, dans le Léviathan, écrit: «Le registre où est consignée
la connaissance du fait se nomme histoire.» Il distingue l'histoire
naturelle, qui concerne les faits qui .ne dépendent pas de la volonté
humaine, de l'histoire civile, qui est «l'histoire des actions volontaires
des hommes dans les Républiques» (ibid.).
Concernant ces deux sortes
d'histoire, la raison doit appliquer les mêmes impératifs de rigueur et de
vigilance.
L'histoire est une science descriptive
Le naturaliste classe les espèces et cherche à comprendre comment, à
partir d'un genre originel, elles se sont formées puis diversifiées.
La
science historique doit suivre une démarche comparable.
Les migrations
expliquent la diversification des types humains.
Les guerres expliquent
la modification des frontières, etc.
La matière de l'histoire doit être «nue et informe»
Montaigne, dans ses Essais, critique les historiens qui ne savent pas se
contenter de relater les faits.
Selon lui, l'honnête historien fournit une
matière «nue et informe».
De cette matière, «chacun peut en faire son
profit autant qu'il a d'entendement» (Essais).
C'est à cette condition que l'histoire peut prétendre à
l'objectivité.
[Les méthodes que l'on applique à la connaissance des faits naturels ne sont pas applicables à l'étude du
passé humain.
L'histoire ne peut pas se contenter de relater.
Elle doit également interpréter.].
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