L'histoire est-elle orientée vers une fin précise ?
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Une fin est l’objet vers lequel tend un être ou une activité, ce qui constitue son but ultime. La fin, entendue comme objectif, réalisation plénière d’une chose, détermine le choix des procédés retenus pour être atteinte.
Si nous disons que l’histoire est orientée vers une fin précise, cela veut dire que l’évolution temporelle est finalisée, qu’elle tend à un but définissable qu’il s’agira pour nous d’identifier. Une telle thèse implique de nombreux présupposés : que l’histoire soit « agie » par une entité concrète ou non qui en dirige le cours vers cette finalité (car la finalité implique l’intentionnalité) ; mais aussi une sorte de « théodicée » de l’histoire, le chaos et les aléas que nous pouvons y observer n’étant jamais, en définitive, que les points de passage nécessaires pour réaliser cette fin.
A première vue, une telle thèse ne peut que nous paraitre intenable : en effet, l’histoire ne semble orientée vers aucune fin, précise ou non, mais au contraire, nous paraît le théâtre d’un chaos absolu. Néanmoins, n’y-a-t-il pas lieu de découvrir dans l’histoire le cheminement progressif, lent et inexorable, vers une fin qui a pour nom liberté ? Et si nous refusons l’existence d’un principe abstrait guidant l’évolution historique vers une fin déterminée, ne pouvons-nous pas accepter l’idée que l’histoire est orientée vers une fin précise, non parce qu’elle est finalisée, mais parce que son évolution passée limite les formes possibles de ses incarnations futures ? A ce titre on peut parler d’une certaine inertie de l’histoire, cette dernière étant déterminée à réaliser une fin précise non parce qu’elle est agie dans la coulisse par un principe abstrait, mais parce qu’elle se construit sur des fondements qui ne lui permettent pas toutes les incarnations imaginables.
La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’histoire est finalisée par un principe abstrait ou par la seule force d’inertie de ses évolutions passées.
«
Le mot « Histoire » désigne toute connaissance basée sur l'observation, la description de faits advenus dans le
passé.
Il y a lieu de distinguer entre l'histoire, récit véridique du passé, et l'Histoire, comme réalité historique,
totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l'avenir.
Lorsque nous parlons de cours de l'histoire, nous
faisons référence à l'histoire conçue dans sa continuité, dans sa capacité à évoluer avec le temps : il s'agit dans ce
cas de l'évolution historique.
Une fin est l'objet vers lequel tend un être ou une activité, ce qui constitue son but ultime.
La fin, entendue comme
objectif, réalisation plénière d'une chose, détermine le choix des procédés retenus pour être atteinte.
Si nous disons que l'histoire est orientée vers une fin précise, cela veut dire que l'évolution temporelle est finalisée,
qu'elle tend à un but définissable qu'il s'agira pour nous d'identifier.
Une telle thèse implique de nombreux
présupposés : que l'histoire soit « agie » par une entité concrète ou non qui en dirige le cours vers cette finalité
(car la finalité implique l'intentionnalité) ; mais aussi une sorte de « théodicée » de l'histoire, le chaos et les aléas
que nous pouvons y observer n'étant jamais, en définitive, que les points de passage nécessaires pour réaliser cette
fin.
A première vue, une telle thèse ne peut que nous paraitre intenable : en effet, l'histoire ne semble orientée vers
aucune fin, précise ou non, mais au contraire, nous paraît le théâtre d'un chaos absolu.
Néanmoins, n'y-a-t-il pas
lieu de découvrir dans l'histoire le cheminement progressif, lent et inexorable, vers une fin qui a pour nom liberté ? Et
si nous refusons l'existence d'un principe abstrait guidant l'évolution historique vers une fin déterminée, ne pouvonsnous pas accepter l'idée que l'histoire est orientée vers une fin précise, non parce qu'elle est finalisée, mais parce
que son évolution passée limite les formes possibles de ses incarnations futures ? A ce titre on peut parler d'une
certaine inertie de l'histoire, cette dernière étant déterminée à réaliser une fin précise non parce qu'elle est agie
dans la coulisse par un principe abstrait, mais parce qu'elle se construit sur des fondements qui ne lui permettent
pas toutes les incarnations imaginables.
La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l'histoire est finalisée par un principe abstrait ou
par la seule force d'inertie de ses évolutions passées.
I.
L'histoire n'est pas orientée vers une fin précise car elle est le règne du chaos
a.
L'histoire est le domaine où se domaine libre cours la violence des hommes
A première vue, nous commencerons par dire que l'histoire n'est nullement orientée vers une fin précise parce qu'elle
est le domaine où la violence déchainée de l'homme s'est toujours donnée libre cours, produisant des effets
parfaitement inattendus.
L'histoire n'est donc pas orientée vers une fin précise, puisqu'elle n'est pas réalisée par des
individus suivant un plan, ni par une entité abstraite qui la conduirait avec une régularité qu'il nous serait possible de
découvrir derrière l'apparent désordre des évènements.
L'histoire est bien davantage provoquée par les passions
humaines qui produisent des effets parfaitement hasardeux, et par conséquent, elle n'est nullement l'entreprise
globale qui viserait à réaliser quelque fin que ce soit.
L'œuvre littéraire du marquis de Sade donne toute sa portée à
cette thèse : dans l'Histoire de Juliette, Sade dresse des listes impressionnantes récapitulant toutes les débauches,
tous les vices et toutes les atrocités commises par les hommes à travers le temps.
Or, ce qu'il faut bien remarquer,
c'est que la violence a cours partout, dans tous les pays, dans toutes les époques, de sorte qu'elle parait
omniprésente dans le temps aussi bien que dans l'espace.
Il semble donc que le cours de l'histoire n'est pas orienté
vers une fin précise puisqu'il ne s'agit pas d'une évolution pensée, dirigée vers un but, mais d'une évolution
commandée par le hasard des passions violentes qui poussent les hommes les uns contre les autres, avec le même
degré d'indétermination que le mouvement des atomes dans la physique Epicurienne.
b.
L'Histoire est réalisée consciemment par l'homme sans parvenir à lui assigner une fin précise
Mais il faut voir une seconde raison qui nous permet d'affirmer en toute rigueur que le cours de l'histoire est n'est
pas orienté vers une fin précise : parce que l'histoire a beau être réalisée par des hommes qui poursuivent
consciemment des fins déterminées, c'est en définitive le hasard qui décide des conséquences réelles de leurs
actes.
Telle est la thèse exposée dans le texte suivant par Engels :.
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